Élimination des maladies : Yvette Alavo plaide pour des financements innovants au Caire
Lors de la 6ᵉ édition de l’African Philanthropy Conference, organisée au Caire du 28 au 31 juillet 2025, Yvette Alavo, directrice exécutive de l’ONG Icone 360°, présidente de la Coalition Zéro Palu, conseillère au CCM et bénéficiaire du programme Voix EssentiELLES, est intervenue lors de la session « Financement innovant de la santé : vers un investissement durable dans l’élimination des maladies », animée par Speak Up Africa et The END Fund.
Engagée depuis plus de dix ans dans la lutte contre le paludisme au Bénin, Yvette est revenue sur les défis auxquels font face les organisations de base communautaire, notamment depuis le NFM3, et sur la façon dont le CG7 a permis de mieux identifier les besoins des communautés.
Yvette a insisté sur le rôle stratégique des OSC dans la réponse aux grands problèmes sanitaires, en particulier le paludisme, et sur l’importance d’explorer des solutions innovantes pour un développement inclusif et durable. Elle a défendu :
le renforcement des capacités des OSC et la formalisation du statut des agents de santé communautaire ;
l’intégration effective des communautés dans les politiques publiques ;
la réorientation des budgets et la simplification des mécanismes pour un financement durable et accessible aux OSC de terrain ;
l’adoption d’outils innovants (vaccins, moustiquaires avancées, moustiques transgéniques) pour anticiper et répondre aux résistances aux médicaments et insecticides ;
un plaidoyer communautaire plus inclusif, qui donne toute leur place aux femmes et aux groupes marginalisés, en utilisant aussi bien les réseaux sociaux que le plaidoyer juridique.
Elle a également souligné que les progrès sont menacés par des défis multiples :
Structurels : coordination insuffisante entre OSC et programmes nationaux, données incohérentes, manque de planification.
Financiers : insuffisance chronique de financements, retards de décaissement, répartition inéquitable des ressources.
Opérationnels : ruptures de stock, inaccessibilité géographique, insécurité.
Sanitaires : automédication, médicaments contrefaits, usage détourné des ressources.
Sociaux et culturels : communication non inclusive, faible implication communautaire dans les décisions.
Face à ces constats, Yvette recommande :
de renforcer les structures et moyens techniques des OSC, notamment par la formalisation du rôle des agents de santé communautaire et l’usage d’outils numériques comme le DHIS2 ;
d’optimiser le financement en respectant les délais de décaissement et en priorisant les OSC actives sur le terrain ;
d’innover en adoptant de nouveaux outils préventifs et thérapeutiques, et en anticipant les commandes pour éviter les ruptures ;
de mobiliser politiquement pour garantir un financement durable et l’application effective de la gratuité des soins ;
d’assurer une approche communautaire inclusive, intégrant pleinement les femmes et groupes marginalisés dans toutes les étapes de planification et d’exécution.
Yvette structure sa vision autour de quatre piliers essentiels :
Approches centrées sur la communauté - impliquer les communautés dès le départ, renforcer les capacités locales, adapter les interventions aux réalités culturelles et tirer parti des ressources locales.
Constitution de coalitions - favoriser les partenariats avec les OSC, le secteur privé et les institutions publiques, et créer des réseaux durables pour partager les ressources et les stratégies.
Des stratégies de plaidoyer sur mesure - combinent la sensibilisation de la communauté, l'engagement direct avec les décideurs politiques, la mobilisation collective, les campagnes dans les médias sociaux et le plaidoyer juridique.
Inclusion et durabilité - veiller à ce que toutes les voix soient entendues, mettre en place un suivi et une évaluation continus, et renforcer les capacités à long terme pour un plaidoyer indépendant.
Pour Yvette, la réussite des initiatives philanthropiques et sanitaires en Afrique reposera sur trois leviers : un financement soutenu et équitable, une gouvernance collaborative et une intégration pleine des communautés dans les stratégies. Elle affirme que les OSC, en partenariat avec les États et les bailleurs, doivent être au cœur de cette transformation.
En conclusion, Yvette défend une vision claire : l’Afrique doit financer ses propres luttes, raconter ses propres histoires et mettre la technologie à son service. Les idées, les énergies et les compétences existent. Ce qu’il faut maintenant, c’est transformer les discours en actes, avec les femmes et les communautés au centre.