L'Afrique de l'Ouest marche sur Kigali pour marquer la journée mondiale des maladies tropicales négligées

L'Afrique de l'Ouest marche sur Kigali pour marquer la journée mondiale des maladies tropicales négligées
C'est officiel, les maladies tropicales négligées (MTN), un groupe de maladies qui touchent 1 personne sur 5 dans le monde, ont désormais une date dédiée, reconnue par les Nations unies : le 30 janvier.

Cette étape a été franchie en mai dernier, lors de la 74e Assemblée mondiale de la santé. Mais pourquoi est-ce si important ? En raison de la terminologie, ces maladies sont "négligées" parce qu'elles sont, ou étaient, presque absentes de l'agenda mondial de la santé, qu'elles reçoivent peu de financement (seulement 0,6 % du financement mondial de la santé est consacré à la lutte contre les MTN) et qu'elles sont associées à la stigmatisation et à l'exclusion sociale. 

Étant "négligées", ces maladies manquent de visibilité aux yeux du public et, surtout, dans les communautés qu'elles affectent le plus. Cependant, des progrès considérables sont réalisés et les pays africains, soutenus par le projet spécial élargi pour l'élimination des MTN (ESPEN) du Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé, travaillent sans relâche pour vaincre les MTN : en mars 2021, la Côte d'Ivoire a réussi à éliminer la trypanosomiase humaine africaine, également connue sous le nom de "maladie du sommeil", en tant que problème de santé publique, devenant ainsi le deuxième pays africain après le Togo à être validé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et, dans les derniers jours de 2021, le Niger a été déclaré premier pays africain à éliminer l'onchocercose, également connue sous le nom de cécité des rivières. 

L'adage " L'union fait la force ", décrit parfaitement la lutte contre les MTN et la naissance du mouvement Non aux MTN. Lancé en marge du Sommet de l'Union africaine au Niger en 2019 et soutenu par des décideurs et leaders de haut niveau tels que Son Excellence Monsieur Mahamadou Issoufou, ancien Président de la République du Niger, le mouvement " Non aux MTN " s'inscrit dans le cadre d'une campagne de plaidoyer inclusive visant à accroître la sensibilisation, la priorisation et l'engagement national pour accélérer le contrôle et l'élimination des MTN en Afrique. Désormais mené par les programmes nationaux de lutte contre les MTN et les organisations de la société civile (OSC) à travers l'Afrique de l'Ouest, ce mouvement place la lutte contre les MTN dans l'esprit et l'action des communautés africaines. 

"Malgré la pandémie de COVID-19, 757 millions de personnes au total ont reçu un traitement contre les MTN en 2020. Cette étape importante souligne le leadership et l'engagement actif que nous observons à tous les niveaux - des agences nationales de santé aux gouvernements locaux en passant par les organisations communautaires - et dans les secteurs public et privé. Les gouvernements nationaux accordent la priorité à l'élimination des MTN, en assurant la gestion à long terme et la viabilité des programmes de lutte contre les MTN qui s'inscrivent dans les stratégies nationales de santé.

Yacine Djibo, directeur exécutif de Speak Up Africa.

Toujours dans un esprit d'unité et de coopération régionale, la campagne " Marche vers Kigali " a été lancée en avril 2021 par un groupe d'OSC de pays africains francophones et anglophones partageant les mêmes idées, afin d'appeler à l'intégration des programmes de lutte contre le paludisme et les MTN, en mettant l'accent sur le renforcement des données et des systèmes de surveillance pour améliorer le déploiement en temps voulu des interventions contre le paludisme et les MTN, ainsi que sur la collaboration multisectorielle. Elle s'appuie sur les partenariats et plateformes existants des campagnes "Non aux MTN" et " Zéro paludisme, ça commence avec moi " et vise à obtenir des engagements de la part des parties prenantes nationales et infranationales pour mettre fin à ces épidémies d'ici à 2030, dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD). À ce jour, plus de 150 organisations de la société civile et communautaires, médias et particuliers de la sous-région ont signé l'appel à l'action. Pour marquer la Journée mondiale des MTN, près de 400 personnes ont symboliquement marché vers Kigali ce week-end dans les rues de Parakou et de Dakar pour sensibiliser aux MTN et exiger davantage de priorités et de financements pour mettre fin à ces maladies. 

"Il y a dix ans, le monde en plein essor des MTN s'est réuni et a signé la déclaration de Londres sur les MTN. Aujourd'hui, nous sommes fiers de faire partie de ce mouvement continental de la "Marche vers Kigali" et, en tant qu'OSC, d'approuver la déclaration de Kigali. Nous pouvons constater que la lutte contre les MTN et le paludisme fait l'objet d'une appropriation croissante dans nos pays africains et parmi nos jeunes, nos communautés et nos décideurs. Ensemble, nous avançons à grands pas et nous sommes enthousiastes, engagés à 100 % et pleins d'énergie pour franchir le dernier kilomètre et ne laisser personne de côté".

Odry Fifonsi Agbessi , président de VIA-ME au Bénin.

Des progrès sans précédent ont été réalisés dans cette lutte et 43 pays dans le monde ont éliminé au moins une MTN. Pour marquer ces efforts impressionnants de collaboration de la part des organisations de la société civile, des décideurs et des donateurs, les partenaires du monde entier illuminent, en orange et en violet, des monuments dans un esprit d'unité. Au Bénin, la "Place Tabera" a été illuminée le29 janvier à Parakou, tandis qu'au Niger, la Coalition multisectorielle "Non aux MTN" a illuminé la "Place de la Concertation" à Niamey.

Conakry-Cotonou-Dakar-Niamey