Les Progrès en matière d'élimination du paludisme s'essoufflent, ce qui risque d'entraîner une dangereuse résurgence de la maladie en Afrique et ailleurs. Malgré les progrès récents, qui ont permis de sauver des mMillions de vies, le paludisme reste la principaleun des causes majeurs de décès chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, et c'est en Afrique que le fardeau du paludisme est le plus lourd.[1] Face à d'importants déficits de financement et à des menaces croissantes telles que la résistance aux médicaments et aux insecticides, il est plus important que jamais de réinvestir, de réimaginer et de raviver la lutte contre le paludisme. Lors de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme (25 avril), c'est exactement ce qu'ont fait les dirigeants africains des secteurs privé et public, en collaboration avec des partenaires techniques et financiers.
Mobiliser les ressources nationales
La mobilisation des ressources gouvernementales nationales a été l'une des caractéristiques de la Journée mondiale du paludisme de cette année. Le Burkina Faso a marqué son engagement accru dans la lutte contre le paludisme en lançant officiellement, le 25 avril, son Comité national multisectoriel pour l'élimination du paludisme (CONAMEP), une première en Afrique francophone.
La création du CONAMEP jette les bases d'une mobilisation accrue des ressources nationales et internationales et d'un renforcement de la responsabilité collective. Son lancement a eu lieu sous le haut patronage des Ministres de l'Administration Territoriale, M. Émile ZERBO, en présence des Ministre de la Santé, de l'Education et de l'Enseignement Secondaire et Professionnel, ainsi que de nombreuses autorités et partenaires techniques et financiers.
Ce comité symbolise une nouvelle dynamique, fondée sur la coordination multisectorielle, la responsabilité partagée et l'action concertée. Le 25 avril 2025 ne marque pas seulement une cérémonie, mais la naissance d'un mouvement pour l'élimination du paludisme au Burkina Faso.
Au Bénin, nos partenaires au sein du gouvernement, du parlement et du secteur privé continuent de faire preuve d’un engagement remarquable en faveur de l’élimination du paludisme. Cette année, le budget alloué par le gouvernement est quatre fois plus élevé qu’il ne l’était durant la période 2020-2022, démontrant ainsi une réelle volonté de traduire les engagements politiques en investissements concrets.
À l'approche de la Journée mondiale contre le paludisme, un dîner de haut niveau a réuni les membres du comité multisectoriel de pilotage et de gestion des ressources du Fonds Zéro Paludisme et les représentants de plusieurs agences des Nations unies afin de discuter des défis posés par le paysage financier actuel et des solutions innovantes potentielles pour compléter les ressources existantes consacrées aux efforts de lutte contre le paludisme.
Lors de la célébration officielle de la Journée mondiale du paludisme, le ministre de la Santé, le Pr. Benjamin I. B. Hounkpatin, a réitéré le rôle essentiel de toutes les parties, en particulier du secteur privé, dans la construction d'un avenir plus sain et plus résilient pour tous, affirmant que « chaque minute, un enfant meurt dans le monde à cause du paludisme ; la fin de la maladie n'est pas une utopie, c'est possible ».
Au Sénégal, le secteur privé a occupé le devant de la scène, le 17 avril, lorsque Speak Up Africa, Canal+ Sénégal et le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) ont marqué une étape stratégique dans la lutte contre le paludisme au Sénégal en s'associant pour renforcer la sensibilisation, accélérer les efforts de prévention et mobiliser des ressources durables afin d'éliminer la maladie, conformément aux priorités du Plan stratégique national de lutte contre le paludisme du Sénégal.
“Les médias jouent un rôle crucial dans la sensibilisation et la prévention du paludisme. Grâce à une communication de masse, nous pouvons toucher un large public, informer, éduquer et inciter à des comportements préventifs qui sauveront des vies. Face à un fléau comme le paludisme, le secteur privé a un rôle essentiel à jouer. Nous invitons toutes les entreprises à s’engager activement, aux côtés des acteurs publics et de la société civile, pour éradiquer cette maladie. Ensemble nous pouvons sauver des vies. " Mme. Fatou Sow Ba, Directrice Général, Canal+ Sénégal
Depuis 2021, Speak Up Africa et Canal+ tissent un partenariat solide pour soutenir les efforts d’élimination du paludisme en Afrique francophone. Durant cette période, Canal+ a contribué à hauteur de 1,5 million de dollars à la lutte contre le paludisme, à travers un appui médiatique et des dons directs. L’entreprise a mis à profit sa large présence médiatique ainsi que ses initiatives de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) pour renforcer la sensibilisation au paludisme, soutenir les efforts de prévention et consolider les systèmes de santé en collaboration avec les programmes nationaux de santé.
Maintenir les progrès de la lutte contre le paludisme en comblant le déficit de financement
Le paysage du financement de la santé mondiale est préoccupant. Face au recul des financements de certains pays donateurs, notamment ceux des Etats-Unis, les mécanismes de financement pour l’élimination du paludisme sont aujourd’hui plus cruciaux que jamais, notamment la huitième reconstitution du Fonds mondial. Si celle-ci est sous-financée, sans un apport suffisant, elle mettrait en danger des millions de vies et compromettrait les progrès durement acquis dans la lutte contre le paludisme.
La France, deuxième donateur du Fonds mondial et premier contributeur européen, joue un rôle central dans la santé mondiale. C'est pourquoi, lors de la Journée mondiale du paludisme à Paris, Speak Up Africa s'est joint à la Team Zéro Palu, menée par des Amis du Fonds mondial Europe, d'Esprit d'Ébène et Élus Locaux Contre le Paludisme (ELCP), pour appeler la France à réaffirmer son engagement historique en faveur de la santé mondiale. L'événement a permis de sensibiliser aux défis persistants posés par le paludisme, de réaffirmer le rôle crucial de la France dans la santé mondiale, d'appeler à une contribution ambitieuse à la reconstitution du Fonds mondial et de mettre en lumière les innovations récentes et la complémentarité des acteurs multilatéraux dans le domaine de la santé.
"En cette année charnière, la France peut et doit continuer à faire entendre sa voix pour une santé mondiale inclusive et ambitieuse. Le Fonds mondial assure à lui seul 59% du financement international de la lutte contre le paludisme. C'est un instrument unique de solidarité et de justice sanitaire. Il est urgent de lui donner les moyens de ses ambitions" - Hélène Berger, Directrice des Amis du Fonds mondial Europe
Les jeunes au cœur de l’élimination du paludisme
Nous croyons au pouvoir des jeunes pour transformer la lutte contre le paludisme, les jeunes représentent une force puissante de changement, et leur implication ainsi que leur leadership sont essentiels pour éliminer cette maladie. En mobilisant leur énergie, leur motivation fondée sur des valeurs et leurs réseaux sociaux pour diffuser l'information, générant des solutions innovantes et modifiant les comportements et les normes communautaires, nous pouvons concrétiser l’objectif de zéro paludisme beaucoup plus rapidement.
À l’occasion de la Journée mondiale du paludisme au Sénégal, Speak Up Africa, en partenariat avec la Basketball Africa League (BAL), a organisé un atelier éducatif École des Champions pour 50 jeunes basketteurs, marquant ainsi la première grande activité sur un nouveau terrain de basket inauguré dans le quartier de Yoff, à Dakar. L’atelier a été animé par Abdou Touré (alias Tonton Vert), militant engagé sur les questions de santé, de changement climatique et de mobilisation des jeunes, nommé « Champion Zéro Palu » en 2024. L’objectif était de sensibiliser les participants à l’impact individuel et collectif du paludisme, de leur présenter les outils existants pour lutter contre cette maladie, tout en les encourageant à devenir des champions actifs dans leurs communautés.
L'un des temps forts de l'atelier a été l'histoire inspirante d'El-Hadj Diop, véritable champion de la lutte contre le paludisme. Son parcours a servi de modèle aux jeunes basketteurs présents, rappelant à tous qu'il est possible d'agir concrètement contre cette maladie.
Le maire de Yoff, Seydina Issa Laye SAMBE, a également fait forte impression avec son discours, exhortant les jeunes à ne pas sous-estimer le paludisme et à rester des champions, non seulement sur le terrain, mais aussi dans leur engagement pour la santé de leurs communautés. L'élimination du paludisme est une voie vers l'équité, la résilience et une prospérité partagée. Grâce à un leadership et à des investissements appropriés des secteurs public et privé, nous pouvons faire de l'éradication du paludisme une réalité.
[1] En 2023 seulement, selon le Rapport mondial sur le paludisme de l’OMS, près de 263 millions de nouveaux cas ont été enregistrés dans le monde, entraînant 597 000 décès, principalement en Afrique subsaharienne.