" L’humanité a un choix : coopérer ou périr ". Cet appel du Secrétaire général des Nations Unies António Guterres en marge de la COP 27 reste d’actualité à l’occasion de la 2e conférence des Nations Unies sur l’Eau qui s’est ouverte mercredi à New-York. À sept ans de l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD), nous sommes encore loin des cibles en matière d’accès universel aux services d’eau et d’assainissement.

Trois personnes sur dix dans le monde n'ont toujours pas accès à l'eau potable, une ressource vitale ! En Afrique subsaharienne, on estime que près d'un demi-milliard de personnes sont confrontées chaque jour à une pénurie d'eau et que plus de 700 millions de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires améliorées.

Conséquences : des centaines de millions de vies menacées par des maladies imputables au manque de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène ainsi que des secteurs économiques clés gravement affectés comme l’agriculture, la pêche ou encore l’exploitation minière. L'Afrique subsaharienne perd ainsi, chaque année, 5% de son produit intérieur brut en raison du manque d’eau.

Bien commun

Et pourtant, la ressource existe. Que ce soit en eaux souterraines ou de surface, notre continent dispose d’importantes ressources partagées qui peuvent contribuer à répondre aux besoins présents et futurs de nos populations. Comme l'avait si bien rappelé le Président Macky SALL lors du lancement de l'initiative Eau-Paix-Sécurité en 2015, ici à New-York, " L'eau est source de vie et de bien-être lorsque son usage fait appel à l'esprit de coopération et de partage ".

Le fleuve Sénégal, ressource commune à la Guinée, au Mali, à la Mauritanie et au Sénégal, en est un parfait exemple. En créant l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) il y a plus de 50 ans, nos pays ont très tôt compris que la coopération est un gage de paix, de cohésion sociale et de développement intégré pour nos communautés. La gestion concertée de ce patrimoine a joué un rôle considérable dans les progrès réalisés en matière d'accès à l'eau et à l'assainissement dans nos pays au cours des dernières décennies. Au Sénégal, par exemple, la vision d'un bien-être amélioré et d'une prospérité partagée - portée par le Plan Sénégal Émergent - a conduit à un accès à l'eau estimé à 95,1 % en milieu rural et 98,8 % en milieu urbain d'ici 2022 ; et à un accès à l'assainissement estimé à 89,8 % en milieu urbain et 59,7 % en milieu rural. Aujourd'hui plus que jamais, la coopération doit être notre arme aux niveaux national, régional et mondial pour relever les multiples défis auxquels nous sommes confrontés dans la réalisation de l'accès universel à l'eau et à l'assainissement.

Défis

Le manque des services d’eau et d'assainissement sûrs dans plusieurs régions du monde constitue une menace pour tous. Nous savons désormais que les crises sanitaires, mais aussi sécuritaires, migratoires et humanitaires, sont intimement liées à la sécurité de l’eau et de l’assainissement. Le stress hydrique, les inondations et les mouvements de populations induits par les changements climatiques accentuent les risques d’apparition des épidémies et menacent notre sécurité alimentaire. Plus grave, la rareté des financements durables des services d’eau et d’assainissements au niveau mondial et régional risque de compromettre les avancées réalisées jusqu’ici. Dans un tel contexte, il est fondamental de rassembler nos efforts afin de combler le fossé entre les communautés, les États et les régions du monde en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. Pour cela, nous devons mettre en place des politiques de l’eau et de l’assainissement conçues et menées sous le prisme de la coopération. Cela est aussi valable pour les enjeux d’hygiène et d’assainissement qu’on ne peut pas dissocier des problématiques d’eau et d’assainissement.

Le " Blue Deal " pour la sécurité de l’eau et de l’assainissement, pour la paix et le développement

A cet égard, la Déclaration de Dakar adoptée lors du 9éme Forum mondial de l’Eau en mars 2022 et intitulée " Un Blue Deal pour la sécurité de l’eau de l’assainissement pour la paix et le développement " a déjà posé les jalons. En insistant sur l’urgence de renforcer la coopération bilatérale et multilatérale, la Déclaration de Dakar relève -entre autres- l’importance de garantir le droit à l’eau et à l’assainissement à travers des mécanismes de financements publics et privés innovants. Cette déclaration a, ainsi, posé les bases du Dialogue interactif n°4 sur " L’eau pour la coopération " que le Sénégal a eu l’honneur de co-présider avec la Confédération Suisse, lors de la conférence qui vient de s’achever à New York. Le Sénégal y a porté la contribution et la position commune de l’Afrique en mettant en perspective le " Blue Deal " endossé par le Comité Exécutif du Conseil des ministres Africains de l’Eau (AMCOW). À cette occasion, le Sénégal a également souligné l’importance de la coopération transfrontalière et internationale dans le domaine de l’eau, de la coopération intersectorielle ainsi que la place de l’eau dans la réalisation des objectifs de développement durable.

C’est fort de cette coopération entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et autres acteurs de l’eau et de l’assainissement que nous pourrons faire face, ensemble, aux enjeux climatiques, économiques et sanitaires qui dépassent le cadre nos frontières respectives.

Cet article d'opinion a été publié à l'origine sur :

Africa.com en anglais
Jeune Afrique en français

Dakar, 8 mars 2023- À l'occasion de la journée internationale de la femme, Speak Up Africa et l'entreprise sociale Kitambaa ont signé une convention de partenariat pour améliorer l'accès des femmes et des jeunes filles aux services de santé menstruelle. Cette convention d'une durée de trois ans vient consolider la collaboration de longue date entre les deux organisations pour promouvoir la santé menstruelle et l'égalité des genres.

L'accès à une hygiène menstruelle adéquate fait partie des droits fondamentaux de la femme. Malheureusement, des millions de femmes et de jeunes filles en Afrique font encore face à d'énormes défis pour gérer leurs menstruations en toute sécurité et dignité en raison d'un manque d'information et de matériels de protection adéquats. Au Sénégal par exemple, 56% de jeunes filles interrogées lors d'une récente étude d'ONU Femmes estiment avoir déjà manqué l'école pendant la période de menstruation tandis que 27% de femmes ont déclaré que de mauvaises pratiques impactent leur santé sexuelle et reproductive.

La convention de partenariat signée entre Speak Up Africa et Kitambaa vise, entre autres, à intensifier la sensibilisation pour une prise en compte de la problématique de la gestion de l'hygiène menstruelle dans les politiques publiques.

" Notre vision est d'améliorer le bien-être économique et social des femmes et des jeunes filles en leur facilitant un accès aux informations et aux matériels appropriées pour une bonne gestion de l'hygiène menstruelle. Nous ne devons plus admettre que la menstruation, qui est un simple fait biologique, soit un frein à l'épanouissement des femmes et des jeunes filles ", Yaye Hélène Ndiaye, Directrice exécutive de Kitambaa.

Dans le cadre de ce partenariat, les interventions de Speak Up Africa et Kitambaa porteront notamment sur le renforcement des systèmes de santé pour l'accès aux services de santé menstruelle ainsi que la promotion des services liés à la gestion de l'hygiène menstruelle. Ces interventions porteront également sur le plaidoyer pour la mobilisation de ressources pour l'accès aux services de santé menstruelle et la prise en compte de la problématique de la gestion de l'hygiène menstruelle par les décideurs.

" La santé et l'hygiène menstruelle sont, aujourd'hui, des éléments essentiels de la réalisation de l'égalité entre les femmes et les hommes. Nous nous réjouissons de ce partenariat avec Kitambaa qui contribuera à garantir aux femmes et aux jeunes filles des moyens de gérer leur menstruation en toute dignité. Ce n'est qu'à ce prix que les femmes et les jeunes filles peuvent participer pleinement au développement économique et social ", Yacine Djibo, Directrice Exécutive, Speak Up Africa.

En 2021, Speak Up Africa et Kitamba ont lancé le projet " Gestion de l'Hygiène Menstruelle : du tabou au pouvoir économique " qui a pour objectif d'autonomiser les femmes et les filles et d'inciter les décideurs à mettre en œuvre des politiques publiques prenant en compte les besoins spécifiques des femmes et des filles en matière de gestion de l'hygiène menstruelle.

Canal + Sénégal a fait un don de 1500 moustiquaires à la région médicale de Kaolack ce mercredi 20 décembre dans le cadre de l'initiative " Zéro Palu ! Les entreprises s'engagent ". Cette initiative lancée en 2020 par le groupe Ecobank en partenariat avec Speak Up Africa et le partenariat RBM pour en finir avec le paludisme vise à mobiliser le secteur privé dans la riposte au paludisme. Le lot de moustiquaires imprégnées à longue durée d'action (MILDA) a été remis symboliquement au Gouverneur de Kaolack. Il permettra d'appuyer les efforts mis en œuvre par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) dans sa stratégie nationale d'élimination du paludisme au Sénégal.

Selon le rapport mondial 2022 de l'OMS, le nombre de décès liés au paludisme en 2021 est estimé à 619 000. En Afrique, les enfants de moins de cinq ans représentent 80% des cas.

Canal + Sénégal s'est donc engagé à soutenir le Programme par un don de moustiquaire à destination des enfants talibés de la région de Kaolack.

Engagé depuis 2021 dans le combat contre le paludisme à travers l'initiative " Zéro Palu ! Les entreprises s'engagent " , Canal + Sénégal avait notamment offert 1000 moustiquaires à l'association Special Olympics Sénégal en novembre 2021 avec l'appui de Speak Up Africa et en collaboration avec le PNLP. En avril 2022, le groupe a accompagné le PNLP à mener une campagne de sensibilisation sur le paludisme diffusée sur les chaînes de télévision Sunu Yeuf et Canal+ Afrique.

"Ce don constitue pour Canal+ Sénégal une contribution supplémentaire à la mise en œuvre du plan stratégique national du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Ces actions entrent en droite ligne de notre responsabilité sociétale en tant qu'entreprise car elles nous permettent de participer de manière effective aux actions de lutte contre le paludisme dont l'incidence est assez élevée dans la région de Kaolack" a déclaré Cheikh Ahmadou Bamba Sarr (Directeur Général de Canal + Sénégal) lors de la cérémonie de remise symbolique des moustiquaires au Gouverneur de Kaolack. 

La cérémonie a débuté par la remise officielle du don au Gouverneur suivi de la visite d'un daara de la région où les enfants ont participé à un quizz interactif sur le paludisme en présence des autorités et des représentants du PNLP de Canal + et de Speak Up Africa. Les enfants de moins de cinq ans étant une cible à risque, l'objectif à travers cette animation est de les sensibiliser aux gestes de prévention et surtout à reconnaître les symptômes de la maladie.

La Directrice Exécutive de Speak Up Africa, Yacine Djibo a remercié Canal + pour l'engagement constant dans ce combat.

" Canal+ fait partie des entreprises de référence dans l'engagement du secteur privé agissant aux côtés du Programme National de Lutte contre le Paludisme. Speak Up Africa à travers l'initiative Zéro Palu ! Les entreprises s'engagent vous exprime sa profonde gratitude pour ces actions hautement importantes. Nous espérons poursuivre cette collaboration avec des actions impactantes en 2023 afin d'appuyer davantage le PNLP dans la mobilisation de ressources pour le financement de la mise en œuvre du plan Stratégique national 2021-2025 ".

Le Coordonnateur National du PNLP, Dr Doudou Sene a à son tour félicité l'engagement de Canal + Sénégal qui a multiplié ces deux dernières années les actions de communication et les dons participant ainsi aux efforts nationaux de lutte contre le paludisme.

" Nous encourageons les entreprises du secteur privé à suivre l'exemple de Canal + et à rejoindre l'initiative Zéro Palu ! Les entreprises s'engagent afin de mettre fin au paludisme au Sénégal d'ici 2030. "

Kigali, le 13 décembre 2022- Speak Up Africa et ses partenaires Amazon Web Services, Digital Health Network, IntraHealth, PATH Qhala et UNICEF ont lancé le mouvement " Femmes Africaines dans la santé digitale "afin de renforcer l'engagement et le leadership des femmes dans la santé digitale en Afrique. Ce mouvement qui a une vocation multisectorielle a été lancé lors de la2ème Conférence Internationale sur la Santé Publique en Afrique (CPHIA) ce lundi 12 décembre qui marque la journée internationale de la couverture sanitaire universelle.

La santé digitale est un levier important pour venir à bout des difficultés d'accès aux services de soins de qualité en Afrique tels que le déficit de personnels soignants ou l'enclavement de certaines zones. Ainsi, elle permet une plus grande inclusion par rapport à l'offre de service de qualité nécessaire à la réalisation effective de la couverture sanitaire universelle. Ces difficultés impactent particulièrement les femmes qui, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), constituent une grande partie de la charge de morbidité et de mortalité sur le continent. Pourtant, des barrières structurelles et sociales comme l'accès limité au numérique, aux filières technologiques et scientifiques, le manque d'investissement dans la santé des femmes ainsi que dans les initiatives portées par des femmes empêchent ces dernières de contribuer pleinement à l'essor de la santé digitale sur le continent. Ces obstacles excluent la majorité des femmes des opportunités du marché de la santé digitale qui devrait atteindre 430,53 milliards de dollars en 2022.  

" Aujourd'hui les femmes ne représentent que 30% des chercheurs et innovateurs en Afrique alors qu'elles représentent plus de 50% de la population générale. Le mouvement 'Femmes Africaines dans la santé digitale 'va contribuer à inverser cette tendance et à supprimer les barrières qui empêchent les femmes de participer pleinement à la santé digitale. Il est important d'investir dans le renforcement des capacités en leadership et innovation pour les femmes en matière de santé digitale afin de garantir une prise en compte réelle des besoins de santé spécifiques des femmes et des jeunes filles ", a indiqué Dr Maïmouna Diop Ly, Conseillère en Santé publique et Financement à Speak Up Africa.

Équité en matière de santé

En rassemblant des parties prenantes issues de divers secteurs notamment le numérique, le genre et la santé mondiale, " Femmes Africaines dans la santé digitale " a pour vocation d'éliminer la fracture numérique liée au genre et assurer une collaboration efficace entre tous les secteurs pour un renforcer le leadership et l'engagement des femmes dans la santé numérique. Ces interventions à l'endroit des décideurs politiques, du secteur privé et aux parties prenantes porteront sur le renforcement des capacités des femmes dans le secteur du numérique, la promotion d'un environnement favorable à l'entreprenariat féminin et l'investissement dans les initiatives féminines de santé digitale.

" Les femmes jouent déjà un rôle crucial dans nos systèmes de santé en Afrique. Mettre en place le mouvement 'Femmes Africaines dans la santé digitale'pour promouvoir leur place dans l'écosystème de santé digitale est primordial pour atteindre l'équité en matière de santé " note Jean Philbert Nsengimana, Responsable en Chef, de la santé numérique, CDC Afrique.

Et d'ajouter : " Nous lançons un appel aux acteurs et actrices du secteur numérique et de la santé, aux organisations de la société civile et autres parties prenantes à rejoindre cette initiative afin d'optimiser nos actions pour renforcer le leadership et l'engagement des femmes dans la santé digitale en Afrique ".

A propos de Speak Up Africa Basée à Dakar, au Sénégal, Speak Up Africa est une organisation à but non lucratif de communication stratégique et de plaidoyer dédiée à catalyser le leadership africain, favoriser les changements de politiques et renforcer la sensibilisation autour du développement durable en Afrique. À travers nos programmes, nos réseaux et avec l'aide de nos partenaires, nous assurons que les décideurs rencontrent les acteurs de terrain, que des solutions soient présentées et que chaque secteur - des citoyens et groupes de la société civile aux partenaires financiers et dirigeants d'entreprises - contribue de manière critique au dialogue et s'efforce d'agir de manière concrète pour la santé et le développement durable sur le continent.

Déclaration des Voix Essentielles dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre

Nous, Voix Essentielles du Sénégal, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, réunies à Abidjan ces 30 novembre et1er décembre 2022 dans le cadre de la campagne mondiale 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre, appelons d'urgence les gouvernements et leaders africains à des actions fortes afin de briser les stéréotypes socio-culturels qui nourrissent les violences faites aux femmes et aux jeunes filles.

La plupart des gouvernements reconnaissent la parité et l'émancipation des femmes comme des facteurs essentiels du développement de leur pays. Mais dans les faits, le statut social et le rôle qui sont dévolus aux femmes et aux jeunes filles dans nos sociétés restent très traditionnels.

Nous continuons d'assumer une part disproportionnée des travaux domestiques et champêtres, de l'éducation des enfants. Même lorsque nous sommes coptées dans les cercles de décision, nos voix sont peu valorisées en raison de notre statut de femme qui devient, malheureusement un frein à la pleine expression de notre leadership. En tant qu'organisations de femmes œuvrant pour le respect des droits des femmes, nous travaillons au quotidien à lever les barrières religieuses, économiques et socio-culturelles pour favoriser le plein épanouissement des femmes et filles.

Dans nos milieux, notre engagement en tant que féministes est encore mal perçu, certains nous considérant comme des " femmes de mœurs légères ", déconnectées de nos coutumes et sous influence de la culture occidentale. Pourtant, notre dévotion pour une société plus juste reste indispensable pour éliminer toute forme de violence à l'égard des femmes et des filles.

Féminicides, viols, harcèlement, cyber harcèlement, agressions physiques, verbales et sexuelles, mariage précoce, exclusion sociale, précarité menstruelle... Ces formes de violences sont quotidiennes dans nos communautés.

En Afrique de l'Ouest, plus de 40% des femmes sont victimes de violence physique et/ou sexuelle [1]. Ces violences sont tellement habituelles qu'elles tendent à être normalisées par les femmes elles-mêmes. En Côte d'Ivoire par exemple, 34% des femmes estiment qu'un mari a le droit de battre sa femme [2]. La proportion est de 30% au Burkina Faso et 31% au Sénégal. Dans le cas du mariage forcé, on estime qu'une fillette de moins de 18 ans est mariée de force chaque deux secondes dans le monde[3].

Outre ces formes de violence, nous avons aussi la précarité menstruelle. En effet, on note qu'environ 30% des femmes de moins de 35 ans sont concernées par la précarité menstruelle, c'est-à-dire le manque d'accès aux protections hygiéniques pour des raisons économiques. Le tabou culturel autour de la menstruation et le déficit d'informations accentue cette précarité chez les femmes et les filles.

Dans nos pays, le pouvoir de décision des femmes en ce qui concerne leur corps, leur sexualité et leur santé reproductive reste extrêmement faible. Conséquence : la prévalence contraceptive reste très faible. En Côte d'Ivoire par exemple, seulement 21% de femmes ont accès aux outils de contraception.

Le manque d'informations, la crainte des effets secondaires, le pouvoir décisionnel de l'homme, les interdictions religieuses et les contradictions socioculturelles empêchent les femmes d'avoir accès à ces outils pourtant vitaux pour leur santé. L'exclusion et la sous-représentation dont nous sommes victimes dans les instances de prise de décisions sont encore plus accentuées chez certains groupes de femmes notamment celles qui vivent avec un handicap.

A l'occasion de la campagne mondiale " 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre " de cette année, nous, organisations Voix Essentielles rappelons que la protection des droits des femmes et des jeunes filles est fondamentale pour le développement durable, la croissance économique, la paix et la sécurité.

Aussi, nous appelons les gouvernements et leaders africains à respecter leurs obligations à protéger leurs citoyennes en éliminant toutes formes d'inégalités et de discriminations faites aux femmes.

Conscients que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et jeunes filles sont primordiales pour un développement durable, nous demandons aux gouvernements et leaders africains de garantir aux femmes et aux jeunes filles un environnement socio-juridique et institutionnel sûr afin de leur permettre de vivre sans mutilations génitales, mariage forcé, viol ou toute autre forme de violences sexuelles, physiques ou verbales.

Nous les encourageons à maintenir et renforcer leurs efforts pour favoriser l'accès à une éducation de qualité, y compris l'éducation à la sexualité, afin de développer l'estime de soi et autonomiser les femmes et jeunes filles à défendre leurs droits et prendre en main leur santé.

Rappelant qu'il est indispensable d'investir dans le leadership féminin et l'autonomisation des femmes, nous appelons à développer et soutenir financièrement les organisations de Femmes et jeunes filles qui œuvrent à amplifier les voix des femmes. Ces organisations sont essentielles pour créer des sociétés prospères que nous souhaitons.

Afin de capitaliser leurs potentiels et optimiser leurs actions, nous exhortons ces organisations de femmes et jeunes filles où qu'elles se trouvent, ainsi que toutes les organisations de la société civile engagées dans la défense des droits des femmes, à travailler de concert, à unir leurs voix et leurs forces pour un monde plus juste auquel nous aspirons tous.

Fait à Abidjan, le 10 décembre 2022


[1] Rapport analytique sur la situation des violences faites aux femmes et aux filles et des avancées réalisées en Afrique

[2] Données Banque Mondiale

[3] Le mariage précoce et forcé : qu'est-ce que c'est ? Plan International

En tant qu'organisations Voix Essentielles du Sénégal, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, réunies à Abidjan du 30 novembre au1er décembre 2022, et dans le cadre de la campagne des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, nous appelons de toute urgence les gouvernements et les dirigeants africains à entreprendre des actions fermes pour s'attaquer aux stéréotypes socioculturels qui alimentent la violence contre les femmes et les filles.

Alors que la plupart des gouvernements reconnaissent l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes comme des facteurs clés du développement de leur pays, le statut social et les rôles des femmes et des filles dans nos sociétés restent très traditionnels. En tant que femmes, nous continuons à assumer une part disproportionnée du travail domestique et rural et de l'éducation des enfants, et même lorsque nous sommes incluses dans les cercles de décision, nos voix ne sont pas valorisées en raison de notre sexe, ce qui devient malheureusement un obstacle à la pleine expression de notre leadership.

En tant qu'organisations engagées dans la réalisation des droits des femmes, nous travaillons chaque jour à faire tomber les barrières religieuses, économiques et socioculturelles pour permettre aux femmes et aux filles de réaliser pleinement leur potentiel.

Au sein de nos communautés, notre engagement en tant que féministes est encore mal perçu. Nous sommes vues comme des " femmes aux mœurs légères ", déconnectées de notre culture et sous l'influence de la culture occidentale. Pourtant, notre engagement pour une société plus juste reste indispensable pour éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles.

Féminicides, viols, harcèlement, cyber-harcèlement, agressions physiques, verbales et sexuelles, mariages précoces, exclusion sociale, précarité menstruelle... Ces formes de violence sont quotidiennes dans nos communautés.

En Afrique de l'Ouest, plus de 40% des femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles[1]. Ces actes de violence sont si courants qu'ils tendent à être normalisés par les femmes elles-mêmes. En Côte d'Ivoire, par exemple, 34% des femmes pensent qu'un mari a le droit de battre sa femme[2]. La proportion est de 30% au Burkina Faso et de 31% au Sénégal. En ce qui concerne le mariage forcé, on estime qu'une fille de moins de 18 ans est mariée de force toutes les deux secondes dans le monde[3].

En plus de ces formes de violence, la précarité menstruelle est également un problème. On constate qu'environ 30% des femmes de moins de 35 ans sont touchées par la précarité menstruelle, c'est-à-dire le manque d'accès aux protections hygiéniques pour des raisons économiques. Le tabou culturel entourant les menstruations et le manque d'information accentuent cette précarité chez les femmes et les jeunes filles.

Dans nos pays, la capacité des femmes à prendre des décisions concernant leur corps, leur sexualité et leur santé génésique reste extrêmement faible. En conséquence, la prévalence contraceptive reste très faible. En Côte d'Ivoire, par exemple, seulement 21% des femmes ont accès à des outils contraceptifs.

Le manque d'information, la peur des effets secondaires, le pouvoir de décision des hommes, les interdits religieux et les contradictions socioculturelles empêchent les femmes d'avoir accès à ces outils, pourtant vitaux pour leur santé. L'exclusion et la sous-représentation sont encore plus marquées pour certains groupes de femmes, notamment celles qui vivent avec un handicap.

Cette année, dans le cadre de la campagne mondiale des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, nous, les Voix Essentielles, réaffirmons que la protection des droits des femmes et des filles est fondamentale pour le développement durable, la croissance économique, la paix et la sécurité. Nous appelons donc les gouvernements et les dirigeants africains à respecter leurs engagements à protéger leurs citoyens en éliminant toutes les formes d'inégalité et de discrimination à l'égard des femmes.

Sachant que l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles sont essentielles au développement durable, nous appelons les gouvernements et les dirigeants africains à garantir un environnement socio-juridique et institutionnel sûr pour que les femmes et les filles puissent vivre à l'abri des mutilations génitales féminines, des mariages précoces, des viols ou de toute autre forme de violence sexuelle, physique ou verbale.

Nous les encourageons à maintenir et à renforcer leurs efforts pour promouvoir une éducation de qualité, y compris une éducation sexuelle, afin de renforcer l'estime de soi et de donner aux femmes et aux filles les moyens de défendre leurs droits et de prendre en main leur santé.

Rappelant la nécessité d'investir dans le leadership et l'autonomisation des femmes, nous appelons au développement et au soutien financier des organisations de femmes et de filles qui œuvrent pour amplifier la voix des femmes. Ces organisations sont essentielles pour créer les sociétés prospères que nous souhaitons.

Pour capitaliser sur leur potentiel et optimiser leurs actions, nous exhortons ces organisations de femmes et de filles, où qu'elles soient, ainsi que toutes les organisations de la société civile engagées dans la protection des droits des femmes, à travailler ensemble, à unir leurs voix et leurs forces pour un monde plus juste auquel nous aspirons tous.

Abidjan, le10 décembre 2022


[1] Rapport sur la violence sexiste en Afrique

[2] Données de la Banque mondiale

[3] Le mariage précoce et forcé : de quoi s'agit-il ? Plan International

Le Ministère de la Santé et de l'Action sociale représenté par son Directeur de cabinet M. Alphonse Ousmane Thiaw a procédé ce jeudi 17 novembre à la validation de trois importants plans nationaux dont le Plan National de Plaidoyer élaboré avec l'appui de Speak Up Africa. Ces plans devront permettre d'accélérer l'élimination du paludisme qui reste un véritable problème de santé publique en Afrique et au Sénégal en particulier. 

Selon le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), le nombre de cas confirmés de paludisme a considérablement augmenté entre 2020 et 2021 passant de 445 313 cas à 536 850 cas, soit une augmentation de 20,56%.

Pour atteindre l'objectif d'élimination du paludisme à l'horizon 2030, le Ministère de la Santé et de l'Action sociale à travers le PNLP a élaboré trois plans nationaux à savoir : le plan de plaidoyer pour l'élimination du paludisme, le plan d'accélération vers l'élimination, et le plan de gestion des résistances des vecteurs aux insecticides pour la période de 2022-2025. 

Le Plan National de Plaidoyer a été élaboré le 20 mai 2022 en vue d'atteindre les objectifs de mobilisation des ressources pour l'élimination du paludisme . Il a été élaboré dans le cadre de la campagne " Zéro Palu ! Je m'engage " lancée en 2014 au Sénégal en collaboration avec les ONG PATH et Speak Up Africa puis à l'échelle continentale par la Commission de l'Union Africaine et le partenariat RBM pour en finir avec le paludisme. Cette campagne porte sur trois principaux axes : l'engagement politique, l'engagement du secteur privé et l'engagement communautaire.

" L'efficacité du plan national de plaidoyer permettra de renforcer la mobilisation des ressources pour appuyer le PNLP à atteindre l'objectif d'élimination du paludisme d'ici 2030. Je réitère mes félicitations à l'ensemble des acteurs engagés pour les efforts menés conjointement. "

Alphonse Ousmane Thiaw, Directeur de cabinet du Ministère de la Santé et de l'Action sociale.

Alphonse Ousmane Thiaw, Directeur de cabinet du Ministère de la Santé et de l'Action sociale.

" Le Sénégal fait partie des 35 pays qui doivent atteindre l'élimination du paludisme à l'horizon 2030. Les efforts n'ont jamais cessé d'être menés pour réduire le fardeau de cette maladie. En 2014, le Sénégal a servi de modèle et a permis à travers la campagne " Zéro Palu ! Je m'engage " à 55 pays du continent à s'engager dans la lutte contre le paludisme. La réduction de la transmission palustre est une réalité pourtant l'élimination représente un défis auquel nous devons tous faire face car le temps nous ait compté. "

Alphonse Ousmane Thiaw, Directeur de cabinet du Ministère de la Santé et de l'Action sociale.

Après avoir remercié les partenaires techniques et financiers qui ont accompagné l'élaboration des trois plans, le coordonnateur du PNLP Dr Doudou Sene a, pour sa part, rappelé l'importance de mobiliser des ressources au niveau national pour atteindre l'élimination du paludisme. Il a également présenté les trois différents plans notamment le Plan National de Plaidoyer dont les objectifs visent la mobilisation des ressources domestiques.

Dr Doudou Sene, coordonnateur du PNLP

Dr Astou Fall, Directrice des programmes chez Speak Up Africa a saisi l'opportunité de la validation de ces plans nationaux pour remercier le groupe Ecobank pour son fort engagement à travers l'initiative " Zéro Palu ! Les entreprises s'engagent ", ainsi que les autres entreprises contributrices au niveau du Sénégal, notamment Canal+ Sénégal, I-CONS et IAMGOLD. 

" Ces entreprises constituent des modèles d'entreprises engagées dans le bien-être du peuple sénégalais et devraient inspirer d'autres entreprises à contribuer à la lutte contre le paludisme. "

Dr Astou Fall, Directrice des programmes chez Speak Up Africa

La représentante de l'OMS, Dr Spes a salué les efforts menés à travers ces plans élaborés de façon inclusive avec un objectif commun : la vision d'un Sénégal émergent sans paludisme. Elle a magnifié le travail accompli par le Ministère de la Santé à travers le PNLP. 

" L'engagement des partenaires et du secteur privé est un grand pas vers l'atteinte des objectifs visés. La mise en œuvre de ces plans est véritablement cruciale pour l'élimination du paludisme au Sénégal. "a déclaré Dr Spes.

Dakar, Sénégal, le 3 novembre 2022 - Ce 3 novembre est célébrée la journée mondiale de l'approche " One Health " à travers le monde. " One Health " est une approche de santé intégrée qui vise à mettre en lumière les relations entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale.

Au Sénégal, à l'occasion de cette journée, le Haut Conseil national pour la Sécurité sanitaire mondiale (HCNSSM) " One Health " a organisé, aux côtés de Speak Up Africa, une rencontre réunissant les autorités administratives et territoriales, les points focaux sectoriels " One Health ", le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers, afin de renforcer leur sensibilisation sur la mise en œuvre de l'approche " One Health ".

Cette année, le thème est " Promouvoir les efforts déployés dans le monde entier pour réunir toutes les disciplines de la santé humaine, animale et environnementale " afin de vulgariser le concept mais également de montrer les réalisations des différents pays dans le cadre de l'opérationnalisation de l'approche.

L'approche est mise en œuvre, au Sénégal, depuis 2017, à travers le Haut Conseil national pour la Sécurité sanitaire mondiale (HCNSSM) " One Health " qui a initié le Programme national de sécurité sanitaire mondiale.

L'objectif de la célébration de la journée mondiale "One Health" est de contribuer à la promotion de l'approche pour l'atteinte des objectifs de la sécurité sanitaire mondiale par la sensibilisation de toutes les parties prenantes.

" Il est inconcevable, dorénavant, de seulement parler de santé humaine. La journée mondiale " One Health " illustre l'importance de travailler en synergie avec l'ensemble des secteurs, à toutes les échelles. Nous sommes pionniers, auSénégal, dans la prise en compte de l'approche One Health dans les politiques publiques,mais il existe de nombreux défis à relever notamment au niveau opérationnel, en termes d'engagement communautaire et de financement. "

Dr Adjaratou Diakhou Ndiaye, Secrétaire Permanent du Haut Conseil.

A propos du Haut Conseil National de Sécurité Sanitaire Mondiale " One Health " au Sénégal

Le Haut Conseil national de la Sécurité sanitaire mondiale a été créé en 2017 par l'arrêté primatoral N° 21787 du 11 décembre 2017. Il est depuis 2019 rattaché au Secrétariat général du Gouvernement du Sénégal. Il a pour mission de fixer les orientations stratégiques du programme de la Sécurité sanitaire mondiale " One Health " dans le cadre du respect du Règlement Sanitaire International (RSI 2005). En outre, il est chargé de veiller à la synergie et à la complémentarité des secteurs chargés des santés humaine, animale, environnementale, végétale et des sécurités publique, civile, alimentaire, nutritionnelle, sanitaire des aliments, ainsi que la radioprotection et sûreté nucléaire.

Dakar, le 26 octobre 2022 - La coordination du Programme de Sécurité Sanitaire mondiale " One Health ", organise en partenariat avec Speak Up Africa un atelier de mise à niveau et d'engagement des Ordres et des associations professionnelles de la santé globale ce mercredi à Dakar. La rencontre vise à renforcer les capacités de près de 70 participants sur l'approche " One Health " et définir le rôle des différents acteurs de la santé dans l'approche " One Health ".

La recrudescence des épidémies telles que la grippe H1N1, la maladie à Virus Ebola ou encore la Covid-19 et les importantes crises sanitaires et économiques qu'elles ont provoquées ont montré l'importance de l'approche " One Health ". Cette approche repose sur le principe que la protection de la santé humaine passe par celle de la santé animale, végétale et leurs interactions avec l'environnement.

Afin que les activités du Programme de Sécurité Sanitaire mondiale " One Health " soient mises en œuvre de manière efficiente, il est nécessaire que les professionnels de la santé puissent s'approprier cette approche. Ces derniers sont en première ligne pour identifier, recueillir et prévenir les événements sanitaires à haut risque de propagation.

L'approche " One Health " requiert des synergies entre les différents secteurs pour aborder les défis liés à la santé de manière intégrée. L'implication effective des professionnels de la santé dans le processus permettra d'anticiper et prévenir l'apparition des risques sanitaires et, en cas de survenue, les gérer efficacement pour limiter l'impact sur les populations.

Dr Adjaratou Diakhou NDIAYE, Secrétaire Permanent du Haut Conseil

Nous avons intégré l'approche " One Health " car en tant qu'acteurs de la santé, nous devons être résilients, présents dans les politiques de santé et il faut que nous travaillions tous ensemble pour que ce concept puisse véritablement toucher toutes les couches de la population et notamment celles vivant dans les territoires les plus reculés.

Dr Imam Thiam, Président de l'Ordre des docteurs vétérinaires du Sénégal

A propos du Haut Conseil National de Sécurité Sanitaire Mondiale " One Health " au Sénégal Le Haut Conseil national de la Sécurité sanitaire mondiale a été créé en 2017 par l'arrêté primatoral N° 21787 du 11 décembre 2017. Il est depuis 2019 rattaché au Secrétariat général du Gouvernement du Sénégal. Il a pour mission de fixer les orientations stratégiques du programme de la Sécurité sanitaire mondiale " One Health " dans le cadre du respect du Règlement Sanitaire International (RSI 2005). En outre, il est chargé de veiller à la synergie et à la complémentarité des secteurs chargés des santés humaine, animale, environnementale, végétale et des sécurités publique, civile, alimentaire, nutritionnelle, sanitaire des aliments, ainsi que la radioprotection et sureté nucléaire.

De plus en plus de pays africains font face à une résurgence de la poliomyélite moins de deux ans après que le continent ait été déclaré exempt de poliovirus sauvage par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). La covid-19 a, en effet, perturbé le fonctionnement des services de santé essentiels sur le continent ainsi que les campagnes de vaccination de routine contre les maladies évitables comme la poliomyélite. Rien qu'au Tchad par exemple, 842 cas de paralysies irréversibles dues au virus de la poliomyélite ont été signalés depuis janvier 2022. 842 enfants paralysés à vie alors qu'un vaccin aurait suffi à préserver leur santé. A ce jour, il n'existe pas encore de traitement curatif de la poliomyélite. La prévention par la vaccination reste la seule solution. Grâce aux campagnes de vaccinations de masse, 18 millions de cas de paralysies dues à la poliomyélite ont pu être évités ces dernières décennies. Des progrès spectaculaires ont été réalisés vers l'éradication de la poliomyélite. La résurgence des cas de poliomyélite est un recul regrettable, une menace grave pour toutes et tous. L'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite estime que si la maladie n'est pas éradiquée d'ici dix ans, jusqu'à 200 000 enfants pourraient être paralysés par la poliomyélite chaque année. En revanche, l'éradication de la maladie permettrait d'éviter jusqu'à 50 milliards de dollars US en dépenses de santé au niveau mondial pour les 20 prochaines années.

Investir dans la souveraineté vaccinale

En 2021, 25 millions d'enfants dans le monde n'ont pas reçu une ou plusieurs doses de vaccins qui les auraient protégés contre la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite selon l'OMS. En Afrique, plusieurs raisons expliquent cette absence de vaccination notamment la réticence des populations, les conflits, les rumeurs, la faiblesse du système de santé et d'assainissement, mais surtout l'hyper-dépendance vaccinale du continent. Aujourd'hui encore, l'Afrique importe 99% des vaccins de routine alors qu'elle représente un quart de la demande mondiale de vaccins de toute nature. Dans certains cas, cette dépendance aux importations - et les pénuries chroniques qu'elle entraine - nourrit l'hésitation des populations face aux vaccins. Investir dans le développement d'infrastructures locales de production de vaccins est donc un besoin vital et urgent pour le continent africain. En cela, l'élan impulsé par la covid-19 dans certains pays comme le Sénégal et le Rwanda ne doit pas s'estomper. En juillet 2021, le Sénégal a acté la création d'une usine de production de vaccins contre la covid-19 et d'autres maladies endémiques. Le Rwanda, pour sa part, a lancé en juin 2022 le projet de construction de la toute première usine de vaccins à ARN messager en Afrique. Ces signaux forts jettent les bases d'une souveraineté pharmaceutique et médicale indispensables pour garantir l'accès aux vaccins et préserver la santé des populations en Afrique.

Soutenir la recherche et le développement

Cependant, cette souveraineté ne serait entière si elle n'est pas soutenue par un financement durable de la recherche et l'innovation en Afrique. Quarante-deux après l'adoption du Plan d'action de Lagos, les pays africains peinent encore à atteindre l'objectif d'affecter au moins 1% de leur PIB au financement de la recherche et développement. Il est crucial que les pouvoirs publics, mais aussi le secteur privé, priorisent le développement d'une expertise scientifique africaine à travers le financement endogène de la recherche et développement. Investir dans la recherche permettra non seulement de renforcer notre potentiel de surveillance des épidémies, mais aussi notre capacité à développer des produits de santé (vaccins, diagnostics, thérapeutiques) destinés en priorité aux besoins africains encore peu pris en compte. En cela, le prochain Forum Galien Afrique, offrira une opportunité à la communauté scientifique, à la société civile, au secteur privé et aux pouvoirs publics africains de réfléchir aux mécanismes innovants de financement de la santé afin de tendre vers la couverture sanitaire universelle. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons renforcer nos systèmes de santé face aux résurgences de maladies infectieuses anciennes et aux nouvelles épidémies qui nous menacent.

Par Pr. Awa Marie Coll-Seck, ministre d'Etat du Sénégal

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