Heureusement, des organisations communautaires de femmes s'efforcent de réduire cet écart en veillant à ce que les femmes et les filles participent aux processus de prise de décision qui les concernent. Grâce à l'initiative Voix Essentielles, ces organisations au Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d'Ivoire contribuent à amplifier la voix des femmes et à améliorer leur accès aux services de santé.
Certaines de leurs activités, mises en lumière par Moussonews...
Au Sénégal, Sope Sa Njabot informe, sensibilise et conseille les populations sur tous les aspects de la lutte contre la tuberculose depuis 2006. Une démarche communautaire qui porte ses fruits à Mbour grâce au soutien de Speak up Africa à travers le programme Voix Essentielles.
A Mbour, située sur la Petite-Côte, à environ 80 km au sud de Dakar et en bordure de la station balnéaire de Saly, Alimatou Sadiya Samb, agent de liaison communautaire de l'association Sope Sa Njabot, rend régulièrement visite aux habitants de son quartier pour leur montrer comment se protéger contre la tuberculose. Cette bénévole communautaire participe à une campagne de prévention et de traitement de la tuberculose, même dans les zones les plus reculées de sa commune pendant la saison des pluies. (...) Alimatou Sadiya Samb assume pleinement sa mission.
" Nous rencontrons parfois des personnes atteintes de troubles mentaux ou des personnes handicapées qui vivent avec la maladie sans aide. Nous sommes les relais qui deviennent leurs mères et leurs pères. C'est nous qui veillons à ce qu'elles aillent mieux parce qu'elles n'ont personne pour les aider. "Alimatou Sadiya Samb, relais communautaire de l'association Sope Sa Njabot
Le Sénégal a enregistré ces dernières années de bons résultats en matière de mortalité infantile, néonatale et maternelle. Derrière ce succès se cache un formidable effort des Bajenu Gox. Nous nous sommes rendus à Thiès pour connaître la recette du succès de ces "marraines de quartier", bénéficiaires des fonds de Voix Essentielles.
Par une matinée fraîche, alors qu'une pluie fine s'est abattue sur Thiès la veille, les Bajenu Gox, tout de blanc vêtus, organisent une séance de chat, l'une de leurs activités phares. Lors de ces événements, ils partagent leurs connaissances entre eux. Adja Fatou Badiane, Bajenu Gox (qui signifie "marraine de quartier" en wolof), dirige l'association Bajenu Gox de Thiès, qui compte plus de 250 membres actifs. (...) Adja Fatou Badiane décrit les principaux domaines d'intervention :
" Nous plaidons pour une action dans trois domaines afin de réduire la mortalité maternelle. Le premier concerne la décision des femmes d'attendre trop longtemps avant de se rendre à l'hôpital. Nous sensibilisons les femmes pour qu'elles n'attendent pas la dernière minute avant de se rendre dans un établissement de santé. Se rendre tardivement à l'hôpital présente d'énormes risques. Ensuite, nous intervenons également sur la prise en charge tardive des soins à l'hôpital. Enfin, les difficultés d'accès à certaines structures de santé constituent notre troisième axe de plaidoyer. "Adja Fatou Badiane, Bajenu Gox
Des personnes atteintes de tuberculose sont soignées et suivies gratuitement par l'association Cœur Valide à San Pedro en Côte d'Ivoire. Parmi elles, plus de 200 lesbiennes. Leur soutien est facilité par le programme Voix Essentielles.
Être lesbienne et atteinte d'une maladie comme la tuberculose est un combat difficile en Côte d'Ivoire. À San Pedro, l'association Cœur Valide leur vient en aide. Christiane, 30 ans, doit sa survie à cette association. Commerçante appartenant à cette minorité sexuelle, elle a longtemps souffert de la tuberculose. Elle est aujourd'hui guérie grâce au programme de suivi de l'association. La gorge nouée et les yeux remplis de larmes, la jeune femme témoigne qu'elle a survécu grâce aux soins prodigués par Cœur Valide.
" La maladie me rongeait lentement. Je souffrais au quotidien. Mais lorsque j'ai découvert le projet Cœur Valide, j'ai pu bénéficier de soins gratuits. Je me sens beaucoup mieux. "Christiane, commerçante
La question de la gestion de l'hygiène menstruelle est une préoccupation dans de nombreux pays africains. Les menstruations sont parfois un motif d'abandon scolaire pour les filles. En Côte d'Ivoire, l'association Femme en Action (Fenac) milite pour la distribution de kits d'hygiène dans les écoles. Elle a mené plusieurs activités et campagnes de sensibilisation dans le cadre du programme Voix Essentielles.
Adopter une politique de distribution de serviettes hygiéniques aux adolescentes dans les écoles de Côte d'Ivoire, c'est désormais le combat de l'association Femme en action. Nadège Epi Kouadou, coordinatrice du projet, n'a pas eu un instant de répit depuis qu'elle soutient Speak Up Africa avec le programme Voix Essentielles pour le projet Top fille. Avec son équipe, elle se rend dans les établissements d'Abgoville, à 71 kilomètres d'Abidjan, pour sensibiliser à la gestion de l'hygiène menstruelle.
Le paludisme est la première cause de mortalité au Burkina Faso. Parmi les milliers de décès évitables, on compte plusieurs femmes et enfants. A Bittou, ville située à la frontière du Ghana et du Togo, l'Association des Veuves et Orphelins est à la pointe de la lutte contre cette endémie mortelle avec le soutien du fonds Voix Essentielles.
Bien que la mère agisse pour garantir le bien-être des enfants, des ménages et de la communauté, la décision de recourir aux soins de santé ne revient pas au chef de famille. Cette inégalité entre les sexes ralentit les nombreux efforts déployés pour contrôler et éliminer le paludisme dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. L'Association des Veuves et Orphelins de Bittou (AVORB) vise à briser cette barrière sociale à travers son plaidoyer pour la prévention du paludisme et de la tuberculose.
Pendant six mois, la présidente de l'association, Maïmouna Savadogo, et ses animatrices ont organisé des séances d'information à l'intention des femmes sur la prévention du paludisme et sur l'importance pour elles de se faire soigner. Les chefs de famille sont également sensibilisés lors de ces discussions communautaires
Parler de santé sexuelle dans la commune de Garango, ville du Centre-Est du Burkina Faso, pourrait être considéré comme une atteinte aux bonnes mœurs. Stratégiquement et avec une approche communautaire, dans le cadre du programme Voix Essentielles, l'association Gnintowama a pu établir des échanges autour de la question de la santé sexuelle et reproductive. Des milliers de femmes et de jeunes filles de la région sont aujourd'hui éclairées sur le sujet et prennent des décisions en toute indépendance.
Sabine (nom fictif), 17 ans, doit sa vie à l'association Gnintawoma. Elle avait tenté de se faire avorter clandestinement. Les saignements ne s'arrêtaient pas, au point que certaines de ses amies s'inquiétaient pour sa santé. La conférence éducative organisée par l'association Gnintawoma dans leur école a été un véritable soulagement. Fin mai 2022, le lycée de Sabine à Garango a été choisi pour une campagne de sensibilisation aux dangers de l'avortement et de la drogue, mais aussi aux méthodes contraceptives permettant d'éviter les grossesses non désirées