Dix-huit ans après la signature par les chefs d'État et de gouvernement, le 25 avril 2000, de la déclaration historique d'Abuja sur l'initiative "Faire reculer le paludisme", les pays africains continuent de supporter le plus lourd fardeau de l'épidémie de paludisme, avec 90 % de la charge de morbidité sur le continent. Reconnaissant que le paludisme constitue une menace considérable pour la santé publique, les dirigeants africains ont déclaré le 25 avril Journée du paludisme afin de s'assurer que la maladie reste une priorité de l'agenda politique du continent. Aujourd'hui, alors que nous nous joignons à la communauté des nations pour commémorer la Journée mondiale du paludisme sur le thème "Prêts àvaincre le paludisme", nous sommes conscients du fait que l'éradication du paludisme est une responsabilité collective qui exige de chaque membre de nos communautés qu'il prenne des mesures concertées et, plus généralement, que nous ayons recours à des partenariats durables.
Sans une action renouvelée et urgente, les avancées majeures dans la lutte contre le paludisme risquent d'être réduites à néant. L'Union africaine appelle à des investissements plus importants et à une couverture élargie des outils éprouvés de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme.
Bien que des progrès remarquables aient été accomplis dans la lutte contre le paludisme au fil des ans, le rapport 2017 sur le paludisme dans le monde souligne que les progrès sont au point mort à l'échelle mondiale. Le rythme actuel est insuffisant pour atteindre l'objectif audacieux et ambitieux de réduire les taux de mortalité dus au paludisme à zéro dans tous les pays à au moins 40 % d'ici 2020, comme indiqué dans le Cadre catalytique pour mettre fin au sida, à la tuberculose et éliminer le paludisme en Afrique d'ici à 2030. Les États membres de l'Union africaine devraient donc accélérer les efforts en vue d'un accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement du paludisme, faire de la surveillance du paludisme une intervention essentielle, exploiter l'innovation et développer la recherche, renforcer l'environnement favorable et accélérer les efforts en vue de l'élimination du paludisme et de l'obtention d'un statut de pays sans paludisme.
Nous ne pourrons pas réaliser les aspirations ambitieuses en matière de développement socio-économique, de croissance économique inclusive et de programme de transformation structurelle de l'Afrique d'ici à 2063 si nous ne nous attaquons pas avec audace à l'agenda de la santé. Bien que nous ayons de nombreuses priorités de développement concurrentes sur le continent, l'énorme essor économique des pays africains offre la possibilité d'améliorer la prestation de services dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'électricité, de l'eau, de l'assainissement et de la promotion de l'hygiène.
Les nations africaines doivent renouveler leur engagement et renforcer leurs instruments pour parvenir à une Afrique sans paludisme d'ici 2030, conformément au Cadre catalytique pour mettre fin au sida, à la tuberculose et éliminer le paludisme en Afrique d'ici 2030, adopté par les chefs d'État et de gouvernement lors du sommet de juillet 2016.
On estime que le paludisme à lui seul prive le continent de 12 milliards de dollars par an en perte de productivité, d'investissement et de coûts de soins de santé associés. Il est donc essentiel que nous maintenions l'engagement politique, tel qu'il est formulé dans notre agenda continental 2063, d'éliminer le paludisme en Afrique d'ici à 2030 grâce à un financement national accru, à un meilleur accès aux interventions vitales contre le paludisme, ainsi qu'à des systèmes de santé plus solides. Le paludisme, une maladie que l'on peut traiter et prévenir, coûte déjà à l'économie du continent africain 12 milliards de dollars par an en pertes directes et 1,3 % de croissance annuelle du PIB perdue,
En juillet prochain, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine et le partenariat Faire reculer le paludisme lanceront conjointement la campagne "Zéro paludisme, ça commence par moi", une campagne publique à l'échelle du continent pour une Afrique sans paludisme. Cette campagne permettra un engagement de haut niveau avec les dirigeants des gouvernements, du secteur privé et de la société civile : dans le cadre de la campagne panafricaine "Zéro paludisme, ça commence avec moi", les dirigeants seront invités à s'engager publiquement à soutenir l'élimination du paludisme et à prendre des engagements concrets en ce sens. Il s'agira de plaider en faveur d'une augmentation du financement extérieur et intérieur de l'élimination du paludisme, d'accroître la sensibilisation et l'appropriation au niveau communautaire et d'apporter un soutien essentiel aux pays où le paludisme est endémique.
Le CDC Afrique créé en 2017 a permis d'accroître le soutien à tous les pays africains afin d'améliorer la surveillance, la réponse d'urgence et la prévention des maladies infectieuses. Il s'agit notamment de faire face aux épidémies, aux catastrophes naturelles et d'origine humaine, et aux événements de santé publique d'intérêt régional et international. Ce nouvel ordre de santé publique en Afrique améliorera notre réponse au paludisme.
Son Excellence Mme Amira El Fadil
Commissaire aux affaires sociales
Commission de l'Union africaine