Pour mettre fin au paludisme, le ministère de la santé du Bénin et ses partenaires organisent une série d'activités de haut niveau et au niveau local pour marquer la 15e journée mondiale de lutte contre le paludisme.
Lancé en 2018 par 55 chefs d'État africains lors du 31e sommet de l'Union africaine à Nouakchott, en Mauritanie, le mouvement panafricain "Zéro paludisme, ça commence par moi" a contribué de manière significative aux progrès de la lutte contre le paludisme, malgré l'impact négatif du COVID-19 sur le continent.
Néanmoins, malgré les mesures préventives et curatives efficaces disponibles et les avancées significatives dans la lutte contre le paludisme dans le monde, la région africaine de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) continue de payer le prix le plus élevé pour le paludisme et reste la région où le taux de mortalité est le plus élevé. En 2020, l'organisation estime à 241 millions le nombre de cas de paludisme dans le monde, entraînant 627 000 décès. 95 % des cas se situent en Afrique et 96 % des décès, dont la majorité, 80 %, concernent des enfants de moins de 5 ans. Le nombre total de cas de paludisme signalés en 2020 est pratiquement le même qu'en 2000.
" Au Bénin, le paludisme reste un grave problème de santé publique. En 2020, 2 289 948 personnes ont contracté le paludisme, entraînant 2 450 décès. Il est et demeure la première maladie qui préoccupe et dérange les agents de santé dans les formations sanitaires du pays et est, à son tour, la première cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans ".
Dr Cyriaque Dossou AFFOUKOU, Coordinateur du programme national de lutte contre le paludisme
Pour progresser, il est important d'investir davantage dans la recherche et l'innovation en déployant de nouveaux outils de lutte contre le paludisme tout en assurant un accès équitable à la prévention et au traitement et en renforçant la résilience des systèmes de santé. L'arrivée du vaccin antipaludique RTS,S pour les enfants apparaît également comme un outil de prévention supplémentaire pour renforcer l'arsenal de lutte contre cette maladie mortelle.
" Cette année, sous le thème "Exploiter l'innovation pour réduire la charge de morbidité du paludisme et sauver des vies", l'Organisation mondiale de la santé appelle à l'investissement et à l'innovation dans de nouvelles approches de la lutte antivectorielle, de nouveaux outils de diagnostic, de nouveaux médicaments antipaludiques et d'autres outils afin d'accélérer les progrès contre cette maladie. "
a déclaré le Dr Télesphore HOUANSOU, représentant résident de l'OMS au Bénin.
A l'approche de la journée mondiale du paludisme, le 23 avril, une émission télévisée de la chaîne nationale ORTB a fait le point sur la situation de la maladie, les progrès réalisés et les défis à relever pour l'éliminer. Ce riche débat était animé par le Dr Cyriaque Dossou AFFOUKOU, coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme, le Professeur Gilles PADONOU, Directeur du Centre de Recherche Entomologique de Cotonou, M. Martin EDJITCHE, Directeur du projet PIHI Com (Community level High Impact Intervention Package - USAID) de l'ONG Bupdos et Mme Eunice LOISEL, Directrice de la Banque Commerciale d'Ecobank Bénin.
A Covè dans le département du Zou, le pays a organisé une marche verte le 24 avril pour sensibiliser la population à l'impact du paludisme et plaider pour une meilleure priorisation de la maladie au niveau des autorités locales, suivie le 25 avril par le lancement officiel de la journée, ainsi que de la quinzaine de mobilisation sociale.
Le paludisme est désormais aussi un problème socio-économique. Selon les estimations, l'Afrique perd chaque année environ 4,3 milliards de journées de travail et 1,5 milliard de journées d'école à cause du paludisme, et la croissance du PIB est réduite de 1,3 % dans les pays où le paludisme est endémique. Le paludisme a un impact significatif sur la productivité économique, les coûts des entreprises et le développement du capital humain.
Aujourd'hui plus que jamais, la lutte contre le paludisme est l'affaire de tous : communautés, décideurs politiques, organisations de la société civile, médias et même secteur privé. Depuis son lancement régional en juillet 2020 par le Groupe Ecobank, Speak Up Africa et le Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme, l'initiative de leadership commercial "Zéro paludisme" est maintenant en plein essor dans 4 pays africains : Bénin, Burkina Faso, Sénégal et Ouganda. Les entreprises du secteur privé béninois se mobilisent pour combler les déficits financiers dans la lutte contre ce fléau.
A juste titre, tout au long du mois d'avril, une vingtaine de boîtes de collecte ont été déployées dans les agences d'Ecobank Bénin, à la pharmacie du Camp Guézo, sur les sites universitaires d'HECM, au siège de la Mutuelle pour le Développement à la Base et dans bien d'autres structures. Mieux encore, des contributions financières ont été collectées directement. C'est le cas de la société pharmaceutique Pharmaquick By ABT SA qui a apporté un soutien de 1 million et de la Polyclinique St Vincent de Paul qui a soutenu le Fonds à hauteur de 500 000 FCFA. Allant plus loin, la Championne Dr Annabelle EKUE HOUNKPONOU a lancé la campagne "1 employé = 1 moustiquaire" auprès de plusieurs pharmacies et cliniques de la place.
" Les entreprises qui en ont les moyens peuvent contribuer à combler le déficit de financement de la lutte contre le paludisme par des actions sociétales directes et des outils simples permettant d'obtenir des résultats tangibles dans l'élimination de cette maladie mortelle ".
Lazare Komi NOULEKOU, directeur général d'Ecobank Bénin et président de l'Association professionnelle des banques et établissements financiers du Bénin (ABEPEF)
Plus de 65 millions de FCFA ont été mobilisés à ce jour auprès d'entreprises du secteur privé, sous l'égide d'Ecobank Bénin. Ces fonds viennent compléter les nombreuses actions menées par l'initiative Zero Malaria Business Leadership depuis près de deux ans, date de son lancement au Bénin.
Le paludisme continue d'être un lourd fardeau pour le système de santé, malgré les efforts déployés pour inverser la tendance de façon spectaculaire. À cette fin, le gouvernement du président Patrice TALON et les partenaires techniques et financiers (PTF) ont pris des engagements forts et historiques pour mobiliser des ressources supplémentaires afin de lutter contre la maladie.
" Aujourd'hui, la lutte contre le paludisme au Bénin fait face à d'importants défis : une couverture élevée en moustiquaires imprégnées à longue durée d'action, la définition de nouvelles stratégies pour leur utilisation efficace par la communauté, l'amélioration du traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes et les nourrissons à travers le Programme Elargi de Vaccination et les campagnes de chimioprévention du paludisme saisonnier, la numérisation des interventions, le déploiement du nouveau vaccin antipaludique RTS,S, et à terme, l'élimination du paludisme... Face à ces nombreux défis, il est urgent de réfléchir à des stratégies innovantes pour mobiliser des ressources additionnelles ".
Benjamin I. B. HOUNKPATIN, ministre de la santé
Parce qu'aucun enfant et aucune femme enceinte ne doit mourir du paludisme, les partenaires techniques et financiers de la santé du Bénin ont réaffirmé leur engagement indéfectible à soutenir les efforts de lutte contre le paludisme en travaillant en synergie et en étroite collaboration avec le gouvernement du Bénin, les communautés et les partenaires de mise en œuvre pour atteindre son ambition exprimée dans le Programme d'Action du Gouvernement (PAG2 2021-2026) qui est d'accroître durablement le bien-être social des populations en améliorant leur accès aux services sociaux de base et à la protection sociale.
" La lutte contre le paludisme est un pilier essentiel de la promotion du capital humain et des droits de l'homme, en particulier pour les enfants et les femmes, et représente une opportunité de lutter contre les inégalités mondiales. Elle contribue à juste titre à la promotion de l'ODD 3, qui vise à permettre à tous de vivre en bonne santé et à promouvoir le bien-être de tous à tout âge. Je me fais le porte-parole de tous les Partenaires Techniques et Financiers du secteur de la santé pour réaffirmer notre engagement dans la lutte contre le paludisme ".
Karl Paul FREDERICK, représentant résident de Plan International Bénin et leader des PTF dans le secteur de la santé
Le Fonds mondial est actuellement dans son 7e cycle de reconstitution qui couvrira sa mise en œuvre pour la période 2023-2025 avec l'objectif de mobiliser au moins 18 milliards de dollars US. A la veille de la conférence de reconstitution du Fonds mondial et en cette journée mondiale, le Ministère de la Santé à travers le Programme National de Lutte contre le Paludisme, avec l'appui technique et financier de Speak Up Africa et en collaboration avec l'Agence Américaine pour le Développement International (USAID) et Ecobank Bénin, a procédé au vernissage de l'exposition photo pour plaider en faveur de la mobilisation des ressources nationales et de l'augmentation des ressources extérieures.
Cet événement de grande envergure a réuni les institutions de la République, les partenaires techniques et financiers, l'Instance de coordination nationale du Fonds mondial (GF/CCM), la Plateforme du secteur privé de la santé du Bénin, des chefs d'entreprise du secteur privé, des organisations de la société civile (OSC), des organisations à base communautaire (OBC), ainsi qu'une forte présence médiatique.
Le discours de la vice-présidente du Bénin sur l'engagement et le plaidoyer a marqué les esprits. Elle a décrit une liste de mesures de base pour réduire les risques de contamination, tout en appelant à une mobilisation générale pour s'armer de bonne volonté, de détermination et de persévérance dans le même combat et pour garder la même vision.
" C'est le combat pour la vie qui nous réunit dans cette exposition de photos de plaidoyer... Bien plus que d'autres maladies, un enfant meurt du paludisme et quatre femmes enceintes en meurent toutes les trente secondes dans le monde. Aucun pays au monde ne peut prospérer avec une population malade et l'humanité peut, si elle le souhaite, mettre fin au paludisme. Toutes les actions nécessaires à l'élimination du paludisme requièrent d'énormes ressources que l'État seul ne peut mobiliser, d'où la nécessité d'une contribution des partenaires publics et privés, tant internes qu'externes. "
S.E. Mariam Chabi TALATA ZIME, Vice-présidente de la République du Bénin.
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" Nous invitons les entreprises à faire de leur engagement pour l'éradication du paludisme une priorité sociale ".
Cet événement a été l'occasion de remettre des certificats reconnaissant leur engagement et leur mérite à trois champions de la lutte contre le paludisme : L'Honorable AKE NATONDE, le Dr ANNABELLE EKUE HOUNKPONOU et M. ESPERAT TOSSA. Enfin, il convient de rappeler que les œuvres photographiques illustrant la réalité quotidienne du paludisme ont été réalisées par le photographe béninois Eddy Ostwald Aguessy.