Pourquoi le partage des enseignements peut aider à faire progresser l'agenda de l'assainissement dans toute l'Afrique ?

Pourquoi le partage des enseignements peut aider à faire progresser l'agenda de l'assainissement dans toute l'Afrique ?

La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de me rendre au centre d'assainissement de Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, pour rencontrer un groupe de délégués du Sénégal, de la Côte d'Ivoire et du Bénin, venus voir ce qu'ils pouvaient apprendre des pratiques locales en matière d'assainissement.

J'ai trouvé incroyablement encourageant de voir cette collaboration entre les trois pays. Les délégués, dont le maire de Yamaoussoukro en Côte d'Ivoire, ont appris des leçons cruciales et des approches de meilleures pratiques en matière d'assainissement, notamment en découvrant l'approche innovante de WaterAid Burkina Faso connue sous le nom d'Assainissement total piloté par les leaders (ATPC).

Pour ceux qui ne connaissent pas le terme LLTS, il s'agit d'une approche conçue pour aider les dirigeants communautaires à aider le grand public à avoir accès à des toilettes adéquates. Lorsqu'il s'agit de trouver des solutions aux problèmes d'assainissement, il n'existe pas de politique unique. Les autorités locales doivent donc s'assurer qu'elles comprennent bien les défis et les opportunités locales afin de trouver les meilleures solutions pour leurs propres communautés.

En Côte d'Ivoire, 35 % des habitants des zones rurales n'ont pas accès à l'eau potable. De même, s'il est vrai que le Sénégal dispose de certaines des infrastructures d'approvisionnement en eau et d'assainissement les plus développées d'Afrique subsaharienne, il reste encore beaucoup à faire. L'accès inégal aux services d'assainissement dans les zones urbaines et rurales reste un défi fondamental pour ces pays et des mesures importantes doivent être prises pour rétablir l'équilibre. Si l'on considère l'ensemble du continent, on constate qu'aujourd'hui encore, une personne sur trois vit sans installations sanitaires adéquates en Afrique, ce chiffre atteignant 75 % dans la région de l'Afrique de l'Ouest.

Ce voyage a surtout mis en évidence l'importance et le pouvoir du partage de nos connaissances. Si nous travaillons ensemble et que nous nous soutenons mutuellement en partageant les meilleures pratiques et les exemples d'innovation, nous ne ferons qu'accélérer les progrès. En fin de compte, il est dans notre intérêt à tous de veiller à ce que le problème de l'assainissement soit résolu.

Il est indéniable que des installations inadéquates pèsent lourdement sur les services de santé et le développement économique en Afrique, entraînant des maladies, une baisse de la productivité et un manque d'investissement. Il est inacceptable que, sur l'ensemble du continent, plus de 315 000 enfants meurent chaque année de maladies diarrhéiques dues à l'insalubrité de l'eau et au manque d'assainissement.

Cette visite a permis aux délégations présentes de s'inspirer des expériences du Burkina et de définir l'approche qui sera mise en œuvre au Sénégal et en Côte d'Ivoire en fonction du contexte local. Ce voyage a également été l'occasion de sensibiliser les journalistes sur le rôle qu'ils doivent jouer, notamment pour inciter les décideurs à respecter leurs engagements.

J'espère que tous les délégués qui ont visité les installations sanitaires la semaine dernière ont trouvé leur visite instructive, bénéfique et d'une importance cruciale. Maintenant, j'espère qu'ils ramèneront ces enseignements dans leur propre pays et qu'ils réfléchiront à la manière dont ils peuvent être adaptés et utilisés dans leurs propres zones locales au profit de ceux qui y vivent.
Bien que l'objectif de développement durable des Nations unies visant à garantir l'accès à l'eau potable et à l'assainissement pour tous d'ici à 2030 soit ambitieux, des voyages de collaboration comme ceux-ci ne feront qu'accélérer les progrès et garantir que des solutions innovantes soient partagées sur tout le continent.

Par Yaye Sophietou Diop, responsable du plaidoyer à Speak Up Africa