Un anniversaire et 4,6 millions de moustiquaires : la lutte pour mettre fin au paludisme en Sierra Leone est plus forte que jamais

Opinion - 03 juillet 2020

Par l'honorable Dr Alpha T. Wurie, ministre de la santé et de l'assainissement

En 2014, le monde a assisté à notre combat contre le virus Ebola et près de 4 000 vies ont été perdues. La lutte contre ce virus mortel nous a beaucoup appris, de la lutte contre la désinformation à la garantie de tests et de traitements rapides. Les gens oublient souvent, cependant, que pendant cette période, nous avons perdu encore plus de vies à cause de la malaria. En Sierra Leone, le paludisme est un ennemi de longue date, avec 1,78 million de cas de paludisme confirmés en 2018. En 2019, nous avons donc adopté une nouvelle initiative pour mettre fin définitivement au paludisme, en déclarant "Zéro paludisme, ça commence par moi".

Le2 juillet, l'Afrique a célébré le2e anniversaire de la campagne " Zéro paludisme, ça commence par moi " et je suis heureux d'ajouter ma voix à celle de la communauté mondiale du paludisme pour commémorer ce mouvement panafricain en plein essor qui appelle tous les citoyens à s'approprier la lutte contre le paludisme. La campagne à l'échelle du continent a été lancée en juillet 2018 lors du Sommet de l'Union africaine en Mauritanie et a été approuvée par les 55 chefs d'État, dont Son Excellence le Président Dr Rtd. Brigadier Julius Bio de la Sierra Leone. Depuis lors, le mouvement ne cesse de se renforcer, 15 pays africains ayant désormais lancé la campagne à l'échelle nationale.

Aujourd'hui, nos progrès dans la lutte contre le paludisme sont menacés. COVID-19 s'empare des discussions sur la santé mondiale et des efforts de santé publique, avec des données de modélisation récentes de l'Organisation mondiale de la santé suggérant que la pandémie menace de doubler les décès dus au paludisme rien qu'en 2020. Nous ne pouvons pas laisser la lutte contre COVID-19 se faire au détriment de notre mission d'éradication du paludisme, et il est crucial que les pays d'Afrique continuent à intensifier leurs programmes de lutte contre le paludisme et à faire en sorte que cette maladie reste une priorité pour le continent. Après tout, le paludisme continue de faire plus de 400 000 victimes chaque année dans le monde.

Depuis mars 2020, nous nous battons pour contrôler la propagation de la COVID19, avec des cas dépassant les 1000 en juin. Cependant, nous avons continué à fournir des services essentiels de lutte contre le paludisme : laisser tomber les citoyens de la Sierra Leone n'est tout simplement pas une option. C'est pourquoi nous avons décidé de poursuivre notre projet de distribution massive de 4,6 millions de moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée (MILD) dans tout le pays, suffisamment pour que chaque Sierra-Léonais puisse dormir sous une moustiquaire toutes les nuits, toute l'année. Nous avons dû agir rapidement et de manière décisive car la saison des pluies, la période de transmission maximale du paludisme, n'allait pas nous attendre.

Les MILD sont des interventions qui ont fait leurs preuves et se sont révélées être les outils les plus rentables pour lutter contre le paludisme. Le développement et l'extension de ces moustiquaires au cours des deux dernières décennies sont responsables d'environ 68 % des cas de paludisme évités en Afrique. L'utilisation de moustiquaires n'est qu'un élément d'un programme de contrôle du paludisme réussi, mais c'est un élément important qui permet aux communautés de se protéger et de protéger leurs familles contre les moustiques porteurs de paludisme.

Bien entendu, la distribution de ces moustiquaires, ainsi que d'autres outils de lutte contre le paludisme, ne s'est pas faite sans difficultés. Les chaînes d'approvisionnement des principaux produits antipaludiques ont été mises à rude épreuve, et COVID-19 a fait courir un risque accru à nos courageux agents de santé communautaire. Le gouvernement a également fait passer le message de "moins toucher", afin de réduire la transmission de COVID-19 et de protéger les agents de santé. Nous avons travaillé avec les fournisseurs pour nous assurer que les moustiquaires seraient disponibles pour la distribution, tandis que les agents de santé recevaient un équipement de protection. Conformément aux directives nationales COVID-19, nous avons mis en place encore plus de points de distribution, engagé du personnel de campagne supplémentaire, fourni des stations de lavage des mains, y compris des désinfectants pour les mains, aux points de distribution et exigé des bénéficiaires qu'ils portent des masques et qu'ils pratiquent la distanciation sociale, afin de garantir que nous puissions distribuer les moustiquaires en toute sécurité aux ménages et aux individus malgré les circonstances difficiles.

Tout le monde en Sierra Leone est touché par la malaria, c'est pourquoi nous avons fait appel à un large éventail de parties prenantes de tous les secteurs de la société : membres du parlement, maires, chefs religieux, chefs suprêmes, médias, conseils locaux, responsables de la santé et du gouvernement, organisations de la société civile, commerçants, célébrités, footballeurs, mannequins, acteurs, musiciens et comédiens. En utilisant leur voix et leur influence, ces leaders sont essentiels pour que les gens sachent comment rester en sécurité et pour qu'ils puissent obtenir un diagnostic et un traitement en cas de fièvre.

Notre engagement ferme à mettre fin au paludisme est une chose dont nous sommes fiers en Sierra Leone et je tiens à réaffirmer cette allégeance à l'occasion du2e anniversaire de la campagne "Zéro paludisme, ça commence par moi" . Cependant, le paludisme ne respecte pas les frontières, et les moustiques ne sont pas limités par les frontières nationales. C'est pourquoi nous appelons les pays africains voisins à tirer les leçons de notre expérience et à continuer à intensifier les programmes de lutte contre le paludisme malgré les défis de COVIDo-19. Naturellement, nous avons connu des succès et des échecs ; cependant, la collaboration et le partage des connaissances restent le meilleur moyen de s'assurer que seuls les succès se répètent. Les programmes de lutte contre le paludisme doivent se poursuivre, même en ces temps difficiles, car ils sont essentiels à la santé et à la prospérité de nos populations.

2020 marque le début d'une nouvelle décennie, une décennie au cours de laquelle nous devons nous efforcer de construire des systèmes de santé plus solides et plus résistants et de nous mobiliser collectivement pour mettre fin aux crises de santé publique telles que le paludisme.

Comme on dit en krio, Malaria e Don Wan Dae Na Mi Han.

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