Les MTN en tête de l'agenda de l'Union africaine

Les MTN en tête de l'agenda de l'Union africaine

La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de me rendre au Caire pour participer à la réunion du comité technique spécialisé de l'Union africaine sur la santé, la population et le contrôle des drogues (CST). Le thème de la réunion était la manière dont tous les Africains peuvent bénéficier d'un financement national accru pour la couverture sanitaire universelle et la sécurité sanitaire.

Les maladies tropicales négligées (MTN) affectant plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde, nous avons rassemblé plus de 200 experts et délégués des États membres pour les inciter à prendre des mesures immédiates contre ces maladies débilitantes. En 2014, les États membres de l'Union africaine se sont engagés à augmenter les investissements nationaux et à travailler pour atteindre les objectifs mondiaux de contrôle et d'élimination des MTN. Il est temps de traduire ces engagements en actions tangibles afin d'alléger les souffrances de plus de 600 millions de personnes sur le continent.

En créant le mouvement "Non aux MTN" cette année, nous nous efforçons d'encourager l'engagement politique autour des MTN dans le but d'augmenter le montant des fonds alloués à la lutte contre ces maladies, de créer des environnements plus inclusifs pour la prise de décision concernant les MTN et de garantir que l'élimination des MTN soit une priorité au niveau national.

En réalité, les gouvernements nationaux doivent investir davantage de ressources dans la sensibilisation aux maladies, l'éducation des citoyens sur la manière de se protéger correctement et l'amélioration de l'accès à l'information sur les mesures préventives et les traitements. Au cours de l'événement, nous avons insisté sur la nécessité de diffuser les connaissances, d'apprendre par les pairs et de sensibiliser d'autres décideurs clés afin de garantir que les politiques concernant les MTN soient éclairées et que les programmes de santé des pays s'alignent sur la prochaine feuille de route 2021-2030 de l'OMS pour les MTN, ainsi que sur les objectifs de développement durable. Il est vraiment dans l'intérêt des gouvernements de donner la priorité à l'élimination des MTN dans le cadre de leurs stratégies économiques plus larges, car en fin de compte, en améliorant les résultats de santé des citoyens et en éliminant le besoin de dépenses publiques pour ces maladies, la prospérité économique des pays ne peut qu'en bénéficier.

Lors de cet événement, des représentants du Burkina Faso, de l'Égypte et du Malawi ont souligné l'importance de la volonté politique, en particulier dans les pays disposant de ressources limitées. Ces trois pays ont réalisé des progrès remarquables grâce à une forte volonté politique de donner la priorité aux MTN. En fait, les données de l'Organisation mondiale de la santé montrent que les pays africains dont le revenu national est modeste obtiennent souvent de meilleurs résultats que certains pays plus riches dans la lutte contre des maladies telles que la bilharziose, le trachome, les vers intestinaux, l'éléphantiasis et la cécité des rivières. Pour la troisième année consécutive, le Malawi a fait état d'un traitement élevé (75 %) contre ces cinq maladies, ce qui montre ce qu'il est possible de réaliser avec de la détermination et de la concentration.

Bien que les MTN comme le trachome et la schistosomiase puissent être évitées et traitées, elles ont des effets dommageables et durables sur la population, notamment de graves défigurations et des handicaps à long terme. Étant donné que 600 millions d'Africains sont touchés par ces maladies, cette endémie requiert clairement notre attention. C'est pourquoi nous travaillons depuis trois ans en collaboration avec le projet spécial élargi pour l'élimination des maladies tropicales négligées (ESPEN) du bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Afrique afin de mieux comprendre comment gérer et éliminer les MTN sur le continent africain.

Grâce au mouvement "Non aux MTN", nous nous efforçons de susciter un débat plus large sur ces maladies. Tout le monde peut contribuer à la lutte contre les MTN, et pas seulement les politiciens et les décideurs, et nous encourageons chacun à signer le manifeste et à utiliser la boîte à outils dans son propre pays. Pour réaliser l'agenda de l'Union africaine et mettre fin aux MTN d'ici à 2063, il est impératif de mener une action collective et de faire preuve de leadership à tous les niveaux pour faire avancer les réformes de la santé publique. J'espère que tous les ministres de la santé et les délégués nationaux qui ont participé à la réunion du Caire la semaine dernière ont entendu notre appel à l'action et compris l'urgence de cette lutte.

Par Fara Ndiaye, directeur exécutif adjoint de Speak Up Africa