Lancement du caucus parlementaire pour l’élimination du paludisme : un pas décisif vers le le financement domestique durable de la santé au Sénégal

Lancement du caucus parlementaire pour l’élimination du paludisme : un pas décisif vers le le financement domestique durable de la santé au Sénégal

"Les 15% de budget dédiés à la santé doivent être respectés par nos autorités"
- Honorable Khady Sarr, Présidente de la Commission Santé, de la population et des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

La lutte contre le paludisme au Sénégal franchit une étape décisive. À l’heure où le pays s’engage dans les débats budgétaires déterminants pour 2026 et au moment où s’opère la 8ᵉ reconstitution du Fonds mondial (GC8), les parlementaires sénégalais ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un financement domestique durable de la santé, en particulier pour l’élimination du paludisme.

Réunis à l’Assemblée nationale lors d’une session d’orientation organisée par Speak Up Africa, le Comité de Suivi, de Veille et d’Alerte (CSVA), le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), avec la participation de l’OMS, de la Delivery Unit du Ministère de la Santé, le Comité de coordination nationale des programmes du Fonds mondial (CCM), le Ministère de l'Economie, du Plan et de la Coopération, la société civile et les partenaires techniques et financiers, les députés ont échangé sur les défis et les perspectives du financement de la santé. À cette occasion, a été lancée une initiative inédite : le Caucus des parlementaires pour l’élimination du paludisme au Sénégal.

Au cours de cette session, une initiative novatrice a été lancée : le groupe parlementaire pour l'élimination du paludisme au Sénégal.

L’urgence d’agir

Le Sénégal a adhéré à la Déclaration d’Abuja, s’engageant à consacrer 15% de son budget national à la santé. Pourtant, en 2025, les dépenses de santé de l’État ne représentent que 7,25%, selon le ministère des Finances. Cette situation fragilise les efforts de prise en charge et menace les acquis dans la lutte contre le paludisme, qui demeure une priorité nationale de santé publique.

Le professeur Alioune Thiongane, coordonnateur du PNLP, a rappelé l’enjeu : « Le Sénégal a besoin d’au minimum 5 milliards FCFA par an pour atteindre l’élimination du paludisme. Sans cela, la continuité des campagnes de prévention et la mise à disposition des traitements vitaux seront compromises. »

La voix des parlementaires

Cette session a permis de renforcer la conscience collective et de placer les députés au cœur du plaidoyer pour la santé.

Pour l'honorable Khady Sarr, il s’agit d’un impératif moral et politique : « La santé est un pilier du développement économique et social. Nous, parlementaires, devons faire en sorte que l’État respecte son engagement et accorde à la santé la place qu’elle mérite. »

Dr. Astou Fall, Directrice des programmes de Speak Up Africa, a insisté sur le rôle clé des élus : « Vous êtes les garants de l’équité et de la justice sociale dans l’allocation des ressources publiques. Vos décisions lors des sessions budgétaires de novembre prochain auront un impact direct sur la vie de millions de Sénégalais. »

Pour Mme Aïssatou Mbaye, présidente du CCM, l’heure est à l’innovation et à la responsabilité : « Nous devons être persuadés que la mobilisation de nos ressources domestiques est la seule garantie de la pérennité de nos programmes et de nos structures sanitaires. »

Un appel à l’action : financer la santé pour sauver des vies

Cette rencontre a débouché sur des recommandations claires :

  • Renforcer le financement domestique, notamment par une augmentation progressive de la part budgétaire allouée à la santé, jusqu’à l’atteinte des 15%.
  • Assurer la contrepartie nationale exigée par le Fonds mondial dans le cadre du GC8, afin de maintenir l’accès aux médicaments, moustiquaires et campagnes de prévention.
  • Engager les institutions nationales, y compris des acteurs comme la LONASE, le secteur privé, dans des mécanismes innovants de financement de la santé.
  • Prioriser la prévention et la promotion de la santé, aujourd’hui sous-financées (1% seulement pour les maladies non transmissibles).

Comme l’a souligné le professeur Thiongane : « À l’instar du Bénin, le Sénégal ne doit pas rester à la traîne dans l’introduction du vaccin contre le paludisme. Nous avons les compétences, il nous faut désormais l’engagement politique et financier. »

Et maintenant ?

La mise en place du Caucus des parlementaires pour l’élimination du paludisme marque un tournant. Mais le véritable défi réside dans les prochaines semaines, avec les débats budgétaires de novembre. Le gouvernement du Sénégal, sous le leadership du Premier ministre, a une opportunité historique : traduire en actes l’ambition de souveraineté sanitaire et répondre à l’urgence du paludisme.

« Le Sénégal a l’expertise technique et les compétences managériales pour éliminer le paludisme, il nous faut juste renforcer l’engagement de tous les secteurs pour venir à bout de cette lutte en passant par l’accroissement des ressources . » — Dr Ndella Diakhaté, OMS – Point focal TB-VIH-Paludisme pour le Fonds mondial au Sénégal

L’élimination du paludisme n’est pas seulement un objectif sanitaire. C’est un choix de société, un impératif économique et un engagement envers les générations futures.

Le temps d’agir, c’est maintenant.