Dakar, Sénégal | 15–16 décembre 2025
Le Sénégal a réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre le paludisme au cours de la dernière décennie. Grâce à la mise en œuvre d’interventions efficaces et fondées sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé notamment la distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action, la gratuité de la prise en charge des cas et la chimioprévention saisonnière le pays a enregistré une baisse notable de la morbidité et de la mortalité liées au paludisme.
« Ces avancées sont le résultat d’interventions éprouvées et d’un engagement constant de l’ensemble des acteurs du système de santé », a rappelé le Dr Ibrahima Diallo, Coordonnateur adjoint du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP).
Malgré ces progrès, la maladie demeure un problème de santé publique dans plusieurs zones du pays. L’atteinte de l’objectif national d’élimination du paludisme à l’horizon 2030 nécessitera des efforts soutenus, une meilleure coordination multi-acteurs et un ancrage plus fort des interventions au niveau territorial, là où la transmission persiste.
C’est dans ce contexte que le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), en partenariat avecSpeak Up Africaet les acteurs de la société civile, a organisé les 15 et 16 décembre 2025 à Dakar un atelier de partage de la situation du Paludisme au Sénégal avec les collectivités territoriales
Les collectivités territoriales, un levier stratégique de la réponse nationale
Les échanges ont mis en évidence le rôle stratégique des collectivités territoriales dans la gouvernance sanitaire locale. Responsables de domaines clés tels que l’hygiène publique, l’assainissement, l’environnement et le développement local, elles constituent un maillon essentiel de la prévention du paludisme et de la pérennisation des acquis.
« Le paludisme se combat d’abord dans les quartiers, les villages et les communes. Sans une implication forte des collectivités territoriales, l’élimination ne pourra être atteinte », a souligné Mamadou Oury Diallo, maire de Vélingara et président de l’Union des Associations des Élus Locaux du Sénégal (UAEL).
Les participants ont relevé que des défis persistants notamment la gestion des eaux stagnantes, l’insuffisance de l’assainissement et la portée limitée des actions de communication appellent à une implication accrue des autorités locales et à une meilleure intégration des priorités paludisme dans les plans de développement locaux.
Dialogue technique et co-construction de solutions adaptées
L’atelier a servi de plateforme d’échanges techniques et institutionnels réunissant élus locaux, responsables de santé, société civile et partenaires. Il a permis de partager des expériences concrètes, d’identifier des mécanismes existants de coordination et d’explorer des pistes réalistes pour renforcer la contribution des collectivités territoriales.
À l’issue des travaux de groupe, les collectivités participantes ont élaboré des feuilles de route territoriales, identifiant des actions qu’elles sont en mesure de mettre en œuvre en cohérence avec les besoins exprimés par le PNLP, notamment autour de :
« Les feuilles de route élaborées traduisent une volonté claire des collectivités d’agir, à leur niveau, de manière structurée et alignée sur les priorités nationales », a indiqué un représentant des services techniques territoriaux.
Un engagement de long terme porté par des champions nationaux
L’atelier s’inscrit également dans la continuité des efforts de mobilisation portés depuis plusieurs années par des champions nationaux engagés dans la lutte contre le paludisme. À cet égard, l’Honorable Honoraire Mariétou Dieng, Championne de la lutte contre le paludisme, a réaffirmé son engagement constant aux côtés du Programme National de Lutte contre le Paludisme et de Speak Up Africa, notamment à travers la campagne ZÉRO PALU ! Je m’engage.
« les Collectivités territoriales ont un rôle stratégique et incontournable dans la lutte contre le paludisme : elles peuvent lever les ressources, influencer les politiques et garantir que les communautés vulnérables soient protégées », a-t-elle rappelé lors de son intervention.
Cette dynamique s’inscrit dans la mise en œuvre de la feuille de route du Caucus parlementaire de lutte contre le paludisme, qui identifie le renforcement du dialogue avec les collectivités territoriales comme un levier essentiel pour accélérer les progrès vers l’élimination. L’atelier a ainsi permis d’opérationnaliser cette orientation, en créant un espace d’échanges techniques et institutionnels entre élus locaux, acteurs de la santé et partenaires.
Des recommandations techniques portées par les collectivités territoriales
Au cours des échanges, les collectivités territoriales ont formulé plusieurs recommandations techniques structurantes, issues de leurs réalités de terrain et de leur expérience dans la mise en œuvre d’actions de prévention.
Les maires participants ont notamment souligné l’importance d’anticiper et d’accompagner l’introduction progressive du vaccin antipaludique, en complément des interventions existantes. Selon eux, la réussite de cette nouvelle approche reposera sur une préparation adéquate des territoires, incluant l’information des communautés, l’organisation de la chaîne de prestation au niveau local et la coordination avec les services de santé.
Par ailleurs, les élus locaux ont mis en avant la nécessité de renforcer la souveraineté sanitaire. du pays à travers la mise en place d’une unité nationale de production de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA). Une telle initiative contribuerait à sécuriser l’approvisionnement, à réduire la dépendance extérieure et à améliorer la réactivité face aux besoins opérationnels sur le terrain.
Ces recommandations, portées collectivement par les maires, ont été adressées au Directeur de la Delivery Unit, avec la proposition qu’elles soient relayées au niveau de la Primature, afin d’alimenter la réflexion stratégique nationale sur les leviers à mobiliser pour accélérer l’élimination du paludisme.
Une responsabilité partagée pour atteindre l’élimination
L’ensemble des interventions a rappelé que l’élimination du paludisme repose sur une responsabilité collective et une complémentarité des rôles entre institutions nationales, collectivités territoriales, société civile et partenaires.
« Nous ne pouvons pas remporter cette bataille seuls. Chaque acteur, à chaque niveau, a un rôle à jouer pour rapprocher le Sénégal de l’élimination du paludisme », a déclaré le Dr Astou Fall, Directrice des programmes de Speak Up Africa.
Dans ce cadre,Speak Up Africa a réaffirmé son engagement à accompagner les dynamiques nationales et territoriales en tant que partenaire facilitateur, en soutenant le dialogue multi-acteurs, le partage d’expériences et la promotion de solutions fondées sur des données probantes.
Vers un renforcement durable de l’engagement territorial
L’atelier s’est conclu par une volonté partagée de renforcer la collaboration entre le PNLP et les collectivités territoriales, et de poursuivre les échanges engagés à travers des mécanismes de suivi adaptés.
En mettant en lumière le rôle central des collectivités territoriales et en identifiant des leviers techniques structurants, cette initiative constitue une étape importante vers une élimination du paludisme durable, inclusive et portée par les territoires au Sénégal.












