Aujourd’hui, le mouvement « Zéro Palu ! Je m’engage » fête ses sept ans, avec l’aval officiel des 55 États membres de l’Union Africaine et plus de 30 pays africains ayant lancé la campagne à l’échelle nationale. Ce mouvement est une force panafricaine de plaidoyer dirigée par les pays eux-mêmes. Il engage les dirigeants politiques et mobilise les ressources et les financements, tout en permettant aux communautés de s’approprier de la lutte contre le paludisme. Le mouvement a mobilisé plus de $150 millions en faveur des Conseils et Fonds pour l’élimination du paludisme - des forums multisectoriels sous leadership national et portés par les pays. À cela s’ajoutent, plus de $6 millions mobilisés à travers l’initiative « Zéro Palu ! Les entreprises s’engagent » pour accélérer les progrès dans la lutte contre le paludisme.
De Dakar au continent
Lors de la Journée mondiale du paludisme 2014 à Dakar, au Sénégal, la campagne « Zéro palu ! Je m’engage » est née, lancée par Speak Up Africa, PATH et le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), unis par un sentiment d'urgence pour faire progresser l'élimination du paludisme.
À l'époque, ils n'auraient pas pu prédire que cette campagne deviendrait, quatre ans plus tard, une véritable force de plaidoyer à l'échelle du continent. Inspirée par le succès du Sénégal, la campagne a été officiellement approuvée et adoptée par 55 États membres de l'Union africaine (UA) et le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, en juillet 2018, marquant ainsi le lancement officiel du mouvement à l’échelle panafricaine.
Aujourd'hui, alors que nous sommes confrontés à des réductions sans précédent dans le financement de la santé mondiale en raison de l'imprévisibilité des flux d'aide et de la baisse des dépenses publiques, il est plus que jamais essentiel de concentrer nos efforts sur l'appropriation locale de la lutte contre le paludisme.
La campagne « Zéro Palu ! Je m’engage » répond précisément à cet enjeu. Elle constitue un appel à l'action à l’échelle du continent, invitant les gouvernements, le secteur privé et les communautés touchées par le paludisme à faire preuve de leadership et à renforcer les programmes nationaux de lutte contre le paludisme pour cibler et fournir des outils vitaux à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
L’appropriation nationale, force motrice de l’impact
Les Conseils et Fonds pour l’élimination du paludisme, portés et dirigés par les pays, ont mobilisé plus de $150 millions. L’engagement des jeunes, les outils numériques, les tableaux de bord nationaux, et l’engagement des communautés économiques régionales à travers l’Afrique, pilotés par l'Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA), une coalition de 55 chefs d’État et de gouvernement africains, présidée actuellement par le Président Duma Gideon Boko du Botswana, œuvrant pour l’élimination du paludisme en Afrique d’ici 2030, ont contribué à renforcer la responsabilité et l'action fondée sur les données. Cette approche multisectorielle a été un levier essentiel de l'impact au cours des sept dernières années et demeure cruciale pour maintenir la lutte contre le paludisme au coeur des priorités de l'agenda régional de développement et de financement.
Au Bénin, la coalition « Zéro Palu ! Je m’engage » a réuni 30 membres issus de tout le pays pour harmoniser les efforts de plaidoyer de la société civile, tout en créant un réseau de comités villageois et de clubs scolaires anti-paludisme dans 16 districts repartis sur trois régions. Ce plaidoyer a été renforcé par l'honorable Aké Natondé de l'Assemblée nationale du Bénin, un champion de la campagne « Zéro Palu ! Je m’engage » qui a organisé des séances d'information auprès des parlementaires pour expliquer les défis de la lutte contre le paludisme et la mise en œuvre de la politique nationale des soins de santé primaires. En conséquence, et grâce à des années de travail de plaidoyer multisectoriel, le gouvernement du Bénin a quadruplé le financement de la lutte contre le paludisme entre 2022 et 2025, ce qui témoigne de la traduction de la volonté politique en action concrète.
Cette année, à l'occasion de la Journée mondiale du paludisme, le Burkina Faso devient le premier pays d'Afrique francophone à mettre en place un Conseil pour l'élimination du paludisme, nommé CONAMEP (Comité national multisectoriel pour l'élimination du paludisme), jetant ainsi les bases d'une mobilisation accrue des ressources nationales et internationales et d'un renforcement de la redevabilité collective. Ce comité incarne une nouvelle dynamique, basée sur la coordination multisectorielle, la responsabilité partagée et l'action concertée, marquant la naissance d'un mouvement pour l'élimination du paludisme au Burkina Faso.
Mobilisation de plus de $6 millions de soutien du secteur privé
En ce qui concerne le secteur privé, l'initiative « Zéro Palu ! Les entreprises s’engagent » (ZMBLI) a soutenu le deuxième pilier du mouvement « Zéro Palu ! Je m’engage » sur l'engagement du secteur privé, piloté par Ecobank et Speak Up Africa. Active dans cinq pays, l'initiative a permis de mobiliser plus de $6 millions auprès de 59 entreprises, d'impliquer plus de 100 chefs d'entreprise africains et de renforcer les plateformes de coordination nationales au Bénin et en Ouganda. Notre partenariat stratégique avec le Groupe Canal+ et ses filiales au Sénégal, au Bénin et en Côte d'Ivoire a contribué à hauteur de plus de $1,5 millions à la lutte contre le paludisme depuis 2021.
Les communautés locales, forces motrices de l’action politique
Depuis ses origines modestes en tant que mouvement social au Sénégal, la campagne « Zéro Palu ! Je m’engage » a favorisé et facilité de nombreuses réussites à l’échelle communautaire et nationale.
Lors de la Journée mondiale contre le paludisme 2023, les légendes du football Luís Figo et Khalilou Fadiga ont prêté leur voix à la lutte en lançant le Zéro Palu F.C en partenariat avec le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme. Cette initiative réunit des stars mondiales du football pour sensibiliser, plaider en faveur d'un financement accru de la lutte contre le paludisme et stimuler l’action politique contre la maladie. Le Zéro Palu F.C soutient la campagne plus large « Zéro Palu ! Je m’engage », donnant aux communautés africaines les moyens de mener la lutte pour un avenir sans paludisme. Inspirées par leur rôle de parents, les stars du football, Figo et Fadiga, ont exhorté les dirigeants mondiaux à faire de l'élimination du paludisme une priorité.
Le “Big Push” à venir
En célébrant les progrès du mouvement « Zéro Palu ! Je m’engage », les défis à venir restent tout aussi évidents. La lutte contre le paludisme ralentit, ce qui risque d'entraîner une résurgence dangereuse de la maladie en Afrique et au-delà. Le paludisme demeure une cause majeure de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, et c'est en Afrique que le fardeau du paludisme est le plus lourd. En tant que maladie évitable et traitable, il est possible d'éliminer le paludisme, mais une action collective, globale et multisectorielle mobilisant les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les communautés reste indispensable pour atteindre cet objectif.
Face à d'importants manques de financement et à des menaces croissantes telles que la résistance aux médicaments et aux insecticides, Speak Up Africa continue de collaborer avec ses partenaires de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme, du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme et Malaria No More UK, en déployant la campagne « Zéro Palu : Changez l’Histoire ». Cette initiative permet amplifie les voix des personnes les plus touchées par le paludisme et veille à ce que leurs histoires orientent les actions futures.
Avec une collaboration régionale renforcée, un engagement politique de haut niveau de la part des gouvernements nationaux, une implication continue du secteur privé et une participation active des communautés, l’objectif d’une Afrique sans paludisme à portée de main, à condition que nous continuons à unir nos forces et à agir avec détermination.
Célébrons les progrès considérables réalisés au cours des sept dernières années et la force de l'action collective - la lutte contre le paludisme commence - et doit se terminer - avec nous tous.