" L’humanité a un choix : coopérer ou périr ". Cet appel du Secrétaire général des Nations Unies António Guterres en marge de la COP 27 reste d’actualité à l’occasion de la 2e conférence des Nations Unies sur l’Eau qui s’est ouverte mercredi à New-York. À sept ans de l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD), nous sommes encore loin des cibles en matière d’accès universel aux services d’eau et d’assainissement.

Trois personnes sur dix dans le monde n'ont toujours pas accès à l'eau potable, une ressource vitale ! En Afrique subsaharienne, on estime que près d'un demi-milliard de personnes sont confrontées chaque jour à une pénurie d'eau et que plus de 700 millions de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires améliorées.

Conséquences : des centaines de millions de vies menacées par des maladies imputables au manque de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène ainsi que des secteurs économiques clés gravement affectés comme l’agriculture, la pêche ou encore l’exploitation minière. L'Afrique subsaharienne perd ainsi, chaque année, 5% de son produit intérieur brut en raison du manque d’eau.

Bien commun

Et pourtant, la ressource existe. Que ce soit en eaux souterraines ou de surface, notre continent dispose d’importantes ressources partagées qui peuvent contribuer à répondre aux besoins présents et futurs de nos populations. Comme l'avait si bien rappelé le Président Macky SALL lors du lancement de l'initiative Eau-Paix-Sécurité en 2015, ici à New-York, " L'eau est source de vie et de bien-être lorsque son usage fait appel à l'esprit de coopération et de partage ".

Le fleuve Sénégal, ressource commune à la Guinée, au Mali, à la Mauritanie et au Sénégal, en est un parfait exemple. En créant l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) il y a plus de 50 ans, nos pays ont très tôt compris que la coopération est un gage de paix, de cohésion sociale et de développement intégré pour nos communautés. La gestion concertée de ce patrimoine a joué un rôle considérable dans les progrès réalisés en matière d'accès à l'eau et à l'assainissement dans nos pays au cours des dernières décennies. Au Sénégal, par exemple, la vision d'un bien-être amélioré et d'une prospérité partagée - portée par le Plan Sénégal Émergent - a conduit à un accès à l'eau estimé à 95,1 % en milieu rural et 98,8 % en milieu urbain d'ici 2022 ; et à un accès à l'assainissement estimé à 89,8 % en milieu urbain et 59,7 % en milieu rural. Aujourd'hui plus que jamais, la coopération doit être notre arme aux niveaux national, régional et mondial pour relever les multiples défis auxquels nous sommes confrontés dans la réalisation de l'accès universel à l'eau et à l'assainissement.

Défis

Le manque des services d’eau et d'assainissement sûrs dans plusieurs régions du monde constitue une menace pour tous. Nous savons désormais que les crises sanitaires, mais aussi sécuritaires, migratoires et humanitaires, sont intimement liées à la sécurité de l’eau et de l’assainissement. Le stress hydrique, les inondations et les mouvements de populations induits par les changements climatiques accentuent les risques d’apparition des épidémies et menacent notre sécurité alimentaire. Plus grave, la rareté des financements durables des services d’eau et d’assainissements au niveau mondial et régional risque de compromettre les avancées réalisées jusqu’ici. Dans un tel contexte, il est fondamental de rassembler nos efforts afin de combler le fossé entre les communautés, les États et les régions du monde en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. Pour cela, nous devons mettre en place des politiques de l’eau et de l’assainissement conçues et menées sous le prisme de la coopération. Cela est aussi valable pour les enjeux d’hygiène et d’assainissement qu’on ne peut pas dissocier des problématiques d’eau et d’assainissement.

Le " Blue Deal " pour la sécurité de l’eau et de l’assainissement, pour la paix et le développement

A cet égard, la Déclaration de Dakar adoptée lors du 9éme Forum mondial de l’Eau en mars 2022 et intitulée " Un Blue Deal pour la sécurité de l’eau de l’assainissement pour la paix et le développement " a déjà posé les jalons. En insistant sur l’urgence de renforcer la coopération bilatérale et multilatérale, la Déclaration de Dakar relève -entre autres- l’importance de garantir le droit à l’eau et à l’assainissement à travers des mécanismes de financements publics et privés innovants. Cette déclaration a, ainsi, posé les bases du Dialogue interactif n°4 sur " L’eau pour la coopération " que le Sénégal a eu l’honneur de co-présider avec la Confédération Suisse, lors de la conférence qui vient de s’achever à New York. Le Sénégal y a porté la contribution et la position commune de l’Afrique en mettant en perspective le " Blue Deal " endossé par le Comité Exécutif du Conseil des ministres Africains de l’Eau (AMCOW). À cette occasion, le Sénégal a également souligné l’importance de la coopération transfrontalière et internationale dans le domaine de l’eau, de la coopération intersectorielle ainsi que la place de l’eau dans la réalisation des objectifs de développement durable.

C’est fort de cette coopération entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et autres acteurs de l’eau et de l’assainissement que nous pourrons faire face, ensemble, aux enjeux climatiques, économiques et sanitaires qui dépassent le cadre nos frontières respectives.

Cet article d'opinion a été publié à l'origine sur :

Africa.com en anglais
Jeune Afrique en français

L’organisation à but non lucratif de plaidoyer et de communication stratégique, Speak Up Africa, et le Conseil des Ministres Africains chargés de l’eau (AMCOW) ont signé une convention de partenariat afin de mutualiser leur collaboration de longue date. 

Ce partenariat, signé lors du 9e Forum Mondial de l’Eau se tenant à Dakar, au Sénégal du 21 au 26 mars 2022, vise à accélérer la réalisation de l’Objectif de Développement Durable (ODD) 6, en matière d’eau et d’assainissement en Afrique, grâce à une synergie effective des deux organisations. 

L’organisation Speak Up Africa continuera de soutenir les efforts de mise en œuvre de politiques d’assainissement inclusives et équitables aux côtés de l’AMCOW afin que les pays africains puissent assurer la sécurité de l’eau sur le continent, accélérer l’accès à un assainissement géré en toute sécurité, renforcer les systèmes de gouvernance et les structures de gestion de l’eau et rendre compte des engagements au niveau continental et mondial. 

" Ce partenariat, renouvelé et renforcé, nous permettra d'intensifier nos efforts communs en travaillant avec les acteurs de l'assainissement pour améliorer l'accès aux services d'eau, d'assainissement et d'hygiène en Afrique et, en particulier, pour renforcer les politiques pour une meilleure gouvernance du secteur. "

Dr Rashid Mbaziira, Secrétaire exécutif, AMCOW

Pour rappel, depuis 2019, Speak Up Africa soutient le processus de développement, de dissémination et d’adoption des Directives Africaines pour l’Élaboration de Politiques d’Assainissement (ASPG), dans les pays d’Afrique francophone, notamment le Sénégal et le Niger. 

Ces Directives permettront aux pays africains ne disposant pas de politiques inclusives et équitables, de réévaluer, réviser ou développer leurs politiques en y intégrant des aspects liés au genre, à la gestion de l’hygiène menstruelle, aux rôles et responsabilités clairs des parties prenantes clés et aux niveaux de services d’assainissement. 

À travers les ASPG, AMCOW aspire à créer un cadre fournissant un appui technique aux pays en faveur de la mise en œuvre de politiques inclusives et équitables afin de se rapprocher de la réalisation des Engagements de Ngor et des ODD d’ici 2030.

La signature de ce partenariat, caractérisé par les notions d’équité, d’inclusion et de transparence, témoigne de la volonté ferme des deux organisations à améliorer les conditions d’assainissement des populations africaines. En effet, l’évaluation à mi-parcours des objectifs de développement durable a souligné le grand retard accusé par l’Afrique. 

Des politiques d’assainissement inclusives doivent être mises en place pour assurer une réponse concrète aux besoins des populations les plus vulnérables.

"Le droit à l’eau et à l’assainissement est un droit humain fondamental. Nous réitérons notre engagement à soutenir AMCOW dans la vulgarisation des ASPG, et les pays dans la mise en œuvre de politiques d’assainissement inclusives et équitables sur tout le continent et nous sommes convaincus qu’ensemble et avec l’appui des partenaires, nous arriverons à assurer l’accès à toutes et à tous à des infrastructures d’assainissement de qualité".

Yacine Djibo, Fondatrice et Directrice exécutive de Speak Up Africa
Pour la première fois, le Forum mondial de l’eau s’est tenu en Afrique subsaharienne. Le Forum est le plus grand événement mondial qui traite de la question de l’eau et de l’assainissement.

Depuis 1997, il a lieu tous les trois ans, et cette année, la neuvième édition s’est tenue du 21 au 26 mars 2022.

Le Forum se déroule généralement en partenariat avec un pays hôte, et sert de plateforme aux multiples parties prenantes du secteur de l’eau et de l’assainissement. L’édition de cette année, au Sénégal, était axée sur quatre priorités stratégiques : la sécurité de l’eau, la coopération, l’eau pour le développement rural, et les outils et moyens régissant le cadre nécessaire pour gérer un accès durable à l’eau et à l’assainissement, c’est-à-dire le financement, la gouvernance, la gestion des connaissances et l’innovation.

Le Forum de Dakar se voulait être le forum des solutions en préconisant des innovations majeures telles que le village de l’assainissement.

" En tant que citoyens ordinaires, OSC, décideurs politiques et parties prenantes, autrement dit, en tant qu’êtres humains, il est de notre devoir de nous assurer que nous contribuons à changer ce narratif " ... " L’accès à l’assainissement est un droit de l’être humain qui procure la dignité sous l’une de ses formes les plus élémentaires. "

Yacine Djibo, Fondatrice et Directrice exécutive de Speak Up Africa

La sécurité de l’eau est un problème grave. Chaque année, 2,6 millions de personnes meurent de maladies d’origine hydrique. À travers le monde, 2,4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’assainissement de base, tels que des toilettes ou des latrines. En Afrique subsaharienne, 72 % de la population n’a pas accès à des installations sanitaires de base, et 32 % pratiquent encore la défécation en plein air. Ce manque de pratiques sanitaires adéquates est un obstacle à l’éradication des maladies d’origine hydrique telles que la dysenterie, ainsi que des maladies tropicales négligées (MTN).

Au cours de l’édition 2022 du Forum, Speak Up Africa, un groupe d’action politique et de plaidoyer, a lancé la campagne Boues d'or, une initiative visant à accroître la sensibilisation, les niveaux de priorités et l’engagement politique par la mise en œuvre de politiques d’assainissement équitables et inclusives. Cette campagne comprend également un engagement politique en faveur de l’assainissement, en développant et en mettant en œuvre des politiques inclusives qui présentent des résultats et des avantages clairs.

Speak Up Africa a également apporté son soutien au lancement du « Village de l’assainissement », un espace créé pour faciliter le plaidoyer, la sensibilisation, la discussion et l’apprentissage sur l’assainissement et l’hygiène, pour tirer des enseignements, échanger sur les innovations et défendre les avancées dans ce secteur.  

Le Village de l’assainissement souligne la nécessité d’un accès dédié à un assainissement géré en toute sécurité. La communauté de l’assainissement a du mal à tirer parti des plateformes d’échange où elle peut partager ses connaissances et ses innovations. Les précédentes éditions du Forum mondial de l’eau n’étaient pas inclusives pour les parties prenantes de l’assainissement. Le Sénégal étant un pays leader dans le secteur de l’assainissement, tant au niveau régional qu’international, il était crucial pour son leadership qu’il puisse fournir un espace inclusif pour la communauté de l’assainissement. C’est ainsi qu’est née l’initiative du Village de l’assainissement, qui se veut une plateforme de réflexion sur les défis de l’assainissement et propose des solutions efficaces !

Les parties prenantes, y compris Speak Up Africa, ont organisé des événements et sessions parallèles dans le cadre du Village de l’assainissement, basés sur le principe que les problématiques d’assainissement devaient être discutées au niveau de la communauté. Les sessions comprenaient un panel organisé par Speak Up Africa sur l’inclusion du genre à tous les niveaux du secteur de l’assainissement. Aujourd’hui encore, les questions de genre ne sont pas bien intégrées dans le secteur, tant en termes d’accès aux services et aux infrastructures que de processus décisionnels.

" L’inclusivité est essentielle au niveau de la planification et pour garantir la dignité de nos citoyens. Nous ne pouvons oublier la diversité des expériences vécues par tous les êtres humains, et nous devons être en mesure de répondre à toutes les personnes quelles qu’elles soient, dans un large éventail de situations. "

Mme Rajah Sy, Directrice de Special Olympics

Les problèmes d’assainissement touchent toutes les personnes qui vivent dans des situations vulnérables, et tout particulier les femmes et les filles qui ont leurs règles. Une fille sur dix ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel, faute d’installations sanitaires appropriées pour répondre à ses besoins. Au Sénégal, les femmes perdent 40 % de leurs revenus pendant ces cinq jours.

Le Village de l’assainissement était un espace clair pour les décideurs ; M. Serigne Mbaye Thiam, ministre sénégalais de l’Eau et de l’Assainissement et l’honorable Ake Natonde, député à l’Assemblée nationale du Bénin, ont tous deux participé à des discussions visant à renforcer la dynamique de collaboration pour un secteur de l’assainissement et de la santé plus résilient.  

" L’accès aux toilettes pour tous n’est pas seulement une question de dignité, mais aussi une question d’humanité. Ensemble, nous pouvons nous réunir pour offrir un meilleur accès à un assainissement sûr et comprendre comment les problèmes d’assainissement entravent les progrès dans nos régions et nos environnements. " ... " En outre, cela nous permet de démontrer comment la facilitation des questions d’assainissement inclusives peut favoriser le développement. "

M. Thiam.

" Fondamentalement, nous n’y arriverons pas seuls », a déclaré l’honorable Natonde. « Nous devons trouver des moyens de travailler ensemble sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’eau et de l’assainissement de l’eau. "

M. Natonde

" Il est important de développer et de mettre en œuvre un plan stratégique coordonné et inclusif pour identifier les besoins de chacun d’entre nous, et pour développer et mettre en œuvre des solutions justes et équitables. Nous avons fixé des objectifs pour 2030, et le temps presse. Nous devons garantir de meilleures installations pour tous nos citoyens. Seule la collaboration, alliée à de meilleures pratiques d’hygiène, une réduction des maladies d’origine hydrique, une diminution du nombre de personnes malades ou mourantes en raison du manque d’accès à l’eau et, surtout, une dignité préservée pour les plus vulnérables, permettra d’aboutir à une Afrique meilleure. " 

Pr. Ndioro Ndiaye, ministre conseiller

Parmi les moments forts du Forum mondial de l’eau figure la signature de deux protocoles d’accord : l’un entre le gouvernement du Sénégal et la Fondation Gates et l’autre entre Speak Up Africa et le Conseil des ministres africains chargés de l’eau (AMCOW).

Le 9ème Forum mondial de l’eau a répondu aux attentes en offrant des plateformes de discussion et de partage des connaissances réunissant les parties prenantes et les décideurs du secteur de l’eau et de l’assainissement. La déclaration publiée à la clôture du Forum comprend des actions qui nous rapprocheront des objectifs de développement durable d’ici 2030 !

Le 10 juin 2021, le Conseil africain des ministres de l'eau (AMCOW) a lancé les Lignes directrices pour une politique africaine de l'assainissement (ASPG), une nouvelle initiative visant à améliorer les politiques nationales et infranationales d'assainissement et d'hygiène sur le continent. L'initiative ASPG est née des leçons tirées du soutien apporté par l'AMCOW à quatre pays pour développer une politique d'assainissement. Le lancement a fait suite à de vastes consultations et aux conclusions d'une évaluation de 26 pays menée par AMCOW en 2019. L'évaluation a conclu que les politiques et stratégies d'assainissement existantes, où qu'elles se trouvent, ne favorisaient pas l'environnement favorable nécessaire pour stimuler l'accès à un assainissement géré en toute sécurité.
Avec la mise en place du nouveau cadre pour l'assainissement, le changement réel est devenu plus probable qu'il n'y paraît. Lors du lancement de l'ASPG, les gouvernements se sont engagés à aligner leurs politiques d'assainissement et d'hygiène sur les directives. Quelques mois plus tard, le Kenya a prouvé que c'était possible - il est devenu le premier pays à annoncer sa politique d'assainissement et d'hygiène conforme aux ASPG. D'autres pays ont suivi de près, en soumettant les formulaires de demande nationaux, exprimant ainsi leur intérêt pour le processus. Ces pays sont le Burkina Faso, le Cameroun, l'Éthiopie, le Soudan, la Sierra Leone, le Niger, le Nigeria, le Liberia, la Tanzanie, le Zimbabwe et le Mozambique.
La plateforme de coordination des partenariats (PCEP) a tenu une réunion en octobre 2021 afin d'engager ses membres à fournir le soutien nécessaire aux gouvernements qui ont exprimé leur intérêt jusqu'à présent. Cette réunion a donné lieu à des engagements de la part des partenaires qui ont jusqu'à présent vu des engagements importants qui ont conduit à des processus de révision des politiques initiés au Cameroun, au Zimbabwe, en Sierra Leone et en Éthiopie par l'UNICEF.

I. Ce que dit l'ASPG

Les directives politiques visent à faciliter le processus de résolution des goulots d'étranglement de l'environnement favorable au niveau national qui empêchent les gouvernements africains de remplir leurs obligations nationales, régionales et mondiales en matière d'assainissement et d'hygiène. Elles fournissent une orientation dans la rédaction de politiques fonctionnelles, l'engagement des parties prenantes, le suivi et le contenu technique générique spécifique à la fourniture de services d'assainissement et d'hygiène. Ils sont appliqués pour l'examen, la révision et le développement des politiques d'assainissement et des stratégies de mise en œuvre. L'ASPG est conçu pour influencer et façonner le processus et le contenu d'une politique d'assainissement inclusive incluant la prise en compte de l'équité. Elles couvrent spécifiquement les déchets fécaux (urine humaine, fèces), les matériaux de nettoyage anal et l'hygiène (gestion de l'hygiène menstruelle ; lavage des mains à l'eau et au savon) avec l'ambition de parvenir à un assainissement géré en toute sécurité pour tous. Le document est présenté en quatre grands domaines comme suit ;

Les lignes directrices ne se veulent pas prescriptives, mais plutôt un soutien, appréciant les différents contextes dans les 55 pays d'Afrique. Le GSEA est un document riche, avec des ressources supplémentaires en annexe qui ont été appliquées avec succès au fil des ans. Cela a déjà été fait avec succès, et cela peut être fait maintenant avec succès ! Comme nous pouvons le voir ci-dessous, un certain nombre de solutions aux défis de l'Afrique peuvent être trouvées dans l'expérience propre du continent, telle qu'elle a été observée au fil des ans dans les pays et les communautés qui ont abordé efficacement des questions complexes. Pour tous les domaines traités par le SEA, nous pouvons trouver au moins une histoire africaine réussie, qui peut à la fois inspirer et fournir des conseils pratiques à d'autres parties du continent.

Systèmes et services d'assainissement - Expériences de l'Afrique du Sud

Ils définissent principalement les systèmes et services d'assainissement et pourquoi ils sont essentiels dans une politique d'assainissement. Les facteurs à considérer pour spécifier les systèmes et services d'assainissement dans une politique sont bien décrits. Cette section des lignes directrices montre comment les politiques peuvent englober divers systèmes d'assainissement en permettant des systèmes d'assainissement sans égout (sur site), des systèmes d'assainissement avec égout (égouts et traitement hors site) et des niveaux de service. Il a été démontré que l'inclusion des deux systèmes dans les environnements urbains permet d'étendre rapidement la couverture de l'assainissement, en particulier pour les pauvres et les marginalisés, ce qui conduit à un accès universel.

La municipalité sud-africaine d'eThekwini Water and Sanitation, dont le travail dans la région de Durban a été reconnu internationalement en 2014, avec le Stockholm Industry Water Award, démontre que les Africains peuvent réaliser des progrès grâce à des systèmes améliorés. Bien que la municipalité d'eThekwini soit encore confrontée à d'énormes défis dans ce secteur, des solutions systémiques, combinant l'offre de services gratuits pour les ménages à faibles revenus et des tarifs élevés pour ceux qui peuvent payer, ont permis des progrès significatifs. Depuis les années 2000, les autorités locales ont abordé les défis de l'assainissement dans la région de Durban avec une approche décentralisée, dans laquelle les systèmes sur site sans égout ont été améliorés et adoptés comme des solutions viables, efficaces et rentables. Confronté à des difficultés financières et topographiques dans les zones où vivent des communautés à faibles revenus, l'eThekwini local a proposé un service combiné d'eau et d'assainissement. Les résidents recevaient 300 litres d'eau par jour, tout en utilisant un système d'assainissement sec, avec une élimination sûre des déchets humains sur place.

L'installation de milliers de blocs d'ablution et de toilettes à séparation d'urines a également fourni des options d'assainissement pour les établissements informels, avec une approche qui a cherché à maximiser à la fois les capacités financières et les caractéristiques du terrain et des communautés locales.

Hygiène et changement de comportement - Expériences au Rwanda

Traditionnellement, le changement de comportement n'est pas inclus dans les politiques d'eau et d'assainissement axées sur les services, et cette omission nuit à leur progression. Le SEA, dans cette section, fait la lumière sur ce que sont les éléments de changement de comportement en matière d'assainissement et d'hygiène et pourquoi ils devraient être intégrés dans une politique d'assainissement. Il énumère également les facteurs à prendre en compte lors de la formulation des politiques de changement de comportement en matière d'assainissement et d'hygiène. Dans ce cas, l'ASPG s'appuie sur l'expérience du secteur selon laquelle les solutions basées sur le marché sont vitales pour combler le fossé entre la volonté de se payer des toilettes, l'accès actuel et la durabilité. Par conséquent, la connaissance du client est essentielle pour renforcer la demande et la durabilité des produits et services connexes. Cette connaissance nécessite une attention ciblée pour déclencher les droits et les responsabilités des ménages, et pour renforcer les liens avec les prestataires de services publics et privés.

Un exemple positif nous vient du Rwanda, où le gouvernement a lancé en 2019 une nouvelle initiative autour de l'hygiène et du changement de comportement qui a placé la question dans un contexte beaucoup plus large. Sa sous-stratégie nationale de lavage des mains 2019-2024 a décrit la mauvaise pratique du lavage des mains au savon comme une "préoccupation transversale", à l'origine d'une mortalité évitable dans le pays. Son amélioration est devenue une priorité à mettre en œuvre "à la maison, à l'école, dans les établissements de santé et dans toutes les institutions publiques et privées".

L'initiative s'articulait autour de trois axes : la création d'une demande de pratiques de lavage des mains ; le renforcement de l'environnement pour soutenir la promotion et la pratique du lavage des mains ; et la mise en place de l'offre nécessaire d'installations et de produits. Comme l'indique la sous-stratégie, ces actions "visent à créer un pays où tous - hommes, femmes, garçons, filles et personnes handicapées - peuvent se laver les mains au savon à tous les moments critiques". La cible de l'initiative était toute autorité ou groupe ayant un impact sur le comportement en matière d'hygiène, y compris tous les niveaux du gouvernement, les organisations non gouvernementales (ONG) et le secteur privé.

Covid-19 a mis à l'épreuve la résilience de l'initiative rwandaise, mais les résultats sont restés de bon augure. En février 2021, un rapport de l'USAID concernant les effets de la pandémie sur l'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène dans le pays indiquait que " les niveaux de lavage des mains auto-déclarés sont élevés au Rwanda pendant la période de pandémie ". En ce qui concerne l'approvisionnement en installations et en produits, l'USAID a déclaré : "Nous avons trouvé peu de preuves de pénuries persistantes ou généralisées de savon et d'autres produits d'hygiène".

Dispositions institutionnelles - Expériences du Sénégal

Le manque de clarté des mandats institutionnels et des responsabilités est probablement l'un des problèmes qui entravent les efforts visant à fournir des services d'assainissement et d'hygiène en Afrique et dans de nombreux pays en développement dans le monde. Les quelques pays africains qui ont fait un effort significatif pour clarifier les rôles et les responsabilités des institutions semblent faire des progrès dans la réalisation de leurs objectifs nationaux en matière d'assainissement. Le GASP explique la signification et l'importance de spécifier et d'inclure les dispositions institutionnelles dans une politique nationale d'assainissement et ce qu'il faut prendre en compte. Ceci est en accord avec la bonne gouvernance nécessaire. En plus de la clarté, l'inclusion de diverses parties prenantes dans l'écosystème de fourniture de services est d'une importance particulière. Cela permet notamment au secteur public de déléguer certains éléments de la prestation de services au secteur privé.

Le Sénégal est le premier pays d'Afrique subsaharienne à avoir formellement endossé le GASA. Même si le pays regroupe un ensemble de documents de politique, dont le Code d'hygiène et la Lettre de politique sectorielle 2016-2025, la plupart de ces textes n'ont pas encore fourni une description claire des rôles et responsabilités des parties prenantes. Le Sénégal a donc donné le coup d'envoi d'un vaste programme destiné à mettre à jour les documents de politique et de stratégie d'assainissement.

Cette révision générale permettra au pays de s'aligner sur les ASPG, mais elle offre également une excellente occasion d'améliorer l'efficacité et la coordination entre les organismes et les autorités nationales tout au long de la chaîne de valeur. Les documents à réviser comprennent le Code d'assainissement, la Stratégie nationale d'assainissement, et un ensemble de décrets et d'arrêtés, notamment celui visant à la certification de la vidange mécanique. Grâce à l'inclusion de l'ASPG dans les politiques nationales à partir de 2023, le Sénégal aspire à accélérer l'accès universel à un assainissement géré en toute sécurité dans les zones urbaines et rurales d'ici 2030.

Réglementation - Expériences de la Zambie

Le manque de réglementation et de mécanismes réglementaires nécessaires est le ventre mou de la fourniture d'un accès adéquat et durable à l'assainissement et à l'hygiène en Afrique. Pour que le continent puisse disposer de services d'assainissement gérés en toute sécurité, les politiques d'assainissement doivent stipuler un cadre réglementaire qui assure le développement de systèmes d'assainissement sûrs et la fourniture de services conformes aux lois, règlements, règles, statuts, directives et normes prescrites. Plusieurs initiatives sont déjà en cours pour renforcer la réglementation de l'assainissement sur le continent africain.

En Zambie, la création en 2018 d'un cadre réglementaire pour la gestion des déchets d'assainissement dans les communautés urbaines a constitué une avancée majeure pour les services WASH. Le document intitulé Urban Onsite Sanitation and Faecal Sludge Management : Framework for Provision and Regulation in Zambia vise à créer un cadre réglementaire pour étayer le bon fonctionnement de l'ensemble de la chaîne d'assainissement, y compris l'assainissement sur site et la gestion des boues fécales. À Lusaka, quelque 85 % de la population dépendent de services non raccordés à l'égout.

L'un des résultats de ce cadre est que les 11 services publics régionaux du pays, qui étaient auparavant uniquement responsables de l'assainissement par égouts, sont désormais officiellement responsables des services d'assainissement sans égouts. L'amélioration des tarifs de l'assainissement, c'est-à-dire des charges placées sur les factures d'eau pour payer les services d'assainissement, permettra de dégager davantage de fonds pour ces services non égouttés. L'organisme national de réglementation met actuellement au point un système de surveillance pour suivre les performances de chaque service public et établir un classement national.

En outre, le Bureau des normes de Zambie améliore les normes relatives aux technologies d'assainissement, et l'Agence zambienne de gestion de l'environnement élabore un programme de surveillance de la qualité des eaux usées. Le cadre réglementaire et l'amélioration des normes permettent au secteur privé de pénétrer plus facilement sur le marché de l'assainissement et de fournir des services pour le compte du secteur public.

Développement des capacités - Expériences de l'Afrique du Sud

Un environnement favorable faible signifie des institutions faibles, ce qui se traduit par des structures institutionnelles, des systèmes et des capacités de développement humain fragiles. Cette situation empêche les agences publiques, les entreprises formelles et informelles, les entités à but non lucratif et les individus d'exécuter leurs rôles définis dans la fourniture de services d'assainissement et d'hygiène. Le GASA insiste sur l'inclusion du renforcement des capacités, qui a été un appel critique exprimé lors des sessions de consultation des parties prenantes. Les pays ou les marchés qui ont investi dans le développement des capacités institutionnelles et humaines sont susceptibles d'accélérer la couverture universelle et d'être en première ligne pour atteindre leurs objectifs nationaux en matière d'assainissement.

En Afrique du Sud, le gouvernement national a fait des progrès dans le renforcement des compétences de la main-d'œuvre de l'assainissement. L'initiative a débuté en 2015 avec une analyse des lacunes en matière de compétences qui a montré qu'une attention urgente était nécessaire dans une série d'institutions du secteur public, notamment le ministère de l'Eau et de l'Assainissement, les municipalités, les agences de gestion des bassins versants et les conseils de l'eau. Depuis lors, la création d'une agence de soutien aux infrastructures municipales aide les administrations locales à accroître leurs compétences dans toute une série de domaines, dont l'eau et l'assainissement ; et en 2019, le pays a lancé un plan directeur national pour l'eau et l'assainissement qui intègre un chapitre consacré au renforcement des capacités. Le plan reconnaît que ses ambitions ne seront pas réalisées "sans aborder la question des capacités - les personnes qualifiées nécessaires pour entreprendre le travail".

Différentes entités du secteur public, telles que le DWS et le WRC, ont été chargées d'une série d'activités visant à améliorer les compétences des personnes travaillant dans ce secteur. Des parcours professionnels sont en cours de définition, avec une formation spécifique et une expérience en cours d'emploi ; un programme de recrutement de personnel expérimenté en Afrique du Sud, puis à l'international, est en cours de mise en œuvre ; et des compétences de troisième cycle sont développées pour renforcer les capacités de l'Afrique du Sud en matière de science, de technologie et d'innovation, entre autres initiatives. Le gouvernement collabore également avec des donateurs nationaux et internationaux pour améliorer les capacités dans le secteur de l'assainissement, et exige des soumissionnaires aux marchés publics qu'ils contribuent aux initiatives de renforcement des capacités.

Fonds et financement - Expériences du Tchad

L'Afrique ne peut pas augmenter ses niveaux d'accès à l'assainissement sans augmenter les investissements en capital pour développer des chaînes de services complètes et fonctionnelles. En outre, l'assainissement n'est pas une activité rentable et attrayante, d'où la nécessité de ressources publiques pour combler le déficit de financement des coûts d'investissement et d'exploitation des petites et moyennes entreprises. Ces entreprises sont essentielles pour soutenir le secteur public par la délégation de services. La délégation accélère la prestation de services et rend fonctionnel le système de marché de l'assainissement et de l'hygiène. L'ASPG encourage à s'écarter de l'approche traditionnelle, selon laquelle les gouvernements n'ont financé que les investissements en capital dans les égouts et les coûts opérationnels connexes.

Les directives soulignent que les politiques africaines d'assainissement doivent être réalistes. Par conséquent, elles insistent sur le fait que le gouvernement doit allouer des ressources publiques pour développer et entretenir l'assainissement, qu'il s'agisse d'un réseau d'égouts ou non. Dans ce domaine, le Tchad offre un très bon exemple. Aidé par le développement de son industrie pétrolière au 21ème siècle, qui a conduit à une multiplication par cinq du PIB par habitant entre 2001 et 2014, le Tchad a fait des progrès significatifs dans la manière dont il investit dans l'assainissement. En 2003, un document gouvernemental indiquait : "Il n'existe pratiquement aucune infrastructure d'assainissement de base, que ce soit en milieu rural ou urbain. Tout est à faire dans ce domaine". Une décennie plus tard, l'amélioration est nette : en 2015, la proportion de la population ayant accès à des toilettes améliorées a atteint 14,8%, puis 16,1% en 2019 (Nations unies). L'utilisation de toilettes améliorées non partagées est passée à 8,2% en 2015 et à 12,1% quatre ans plus tard. Ces chiffres révèlent à quel point le Tchad est encore loin de la couverture universelle, mais ils révèlent aussi de réelles avancées, rendues possibles par un financement de plus en plus efficace du secteur de l'assainissement.

La feuille de route du gouvernement pour un Tchad sans défécation à l'air libre (ODF) en 2030 a inclus un plan d'investissement. L'objectif du pays, selon la Revue Nationale Volontaire 2021 du gouvernement sur le développement durable, est de "d'ici à 2030, assurer l'accès de tous, dans des conditions équitables, aux services d'assainissement et d'hygiène et mettre fin à la défécation en plein air".

Le Tchad a envisagé différents dispositifs et sources de financement pour ses objectifs de développement, notamment dans le domaine de l'assainissement. "(...) En plus du financement provenant des sources traditionnelles, certaines voies innovantes sont à explorer pour la mise en œuvre des ODD au Tchad", a déclaré le gouvernement en 2021. Les financeurs externes, des banques de développement aux gouvernements étrangers en passant par les organisations de la société civile, ont joué un rôle important, notamment la Banque africaine de développement et l'Union européenne.

Un défi mondial

L'accès aux services d'assainissement et d'hygiène de base est une préoccupation majeure à l'échelle mondiale. En 2020, 3,6 milliards de personnes ne disposeront pas d'un assainissement géré de manière sûre et 2,3 milliards ne bénéficieront pas d'une hygiène de base. Afin de concentrer l'attention et les ressources sur l'atténuation de ce problème dans ces régions, les Nations unies ont fait de l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène l'objectif 6 du développement durable. La cible 6.2 vise à assurer l'accès de tous à des services d'assainissement et d'hygiène adéquats et équitables et à mettre fin à la défécation à l'air libre, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles et de toutes les personnes en situation vulnérable d'ici à 2030.

Le monde prend peu à peu conscience que l'accès à l'hygiène et à l'assainissement de base ne se limite pas à la construction d'installations telles que des lavabos, des latrines à fosse et des toilettes à chasse d'eau. Il s'agit de mettre en place un système d'assainissement complet et fonctionnel, soutenu par un environnement favorable solide comprenant des dispositions politiques, institutionnelles, réglementaires, de gouvernance, de financement et de marketing à multiples facettes. Et le renforcement de cet environnement, qui constitue le fondement d'une prestation de services durable, commence par la promotion de politiques adaptatives et favorables, en tenant compte des questions de genre et d'une approche multisectorielle.

En Afrique subsaharienne, 72 % des plus de 962 millions de personnes ne disposent pas de services d'assainissement essentiels et 31,9 % pratiquent la défécation en plein air.

Cette privation nuit au développement économique en exacerbant les facteurs de risque pour la santé de la population générale, principalement pour ceux qui sont déjà vulnérables (enfants de moins de cinq ans, femmes enceintes, personnes les plus pauvres et marginalisées, personnes handicapées, etc. Cette pratique porte spécifiquement atteinte à la dignité et à la santé des femmes et des filles, qui constituent l'épine dorsale de la production économique et du développement dans la région. Dans toute la région africaine, l'absence d'un assainissement de base est due à des considérations culturelles et à un environnement peu propice. Divers scénarios se présentent dans les 55 pays d'Afrique, qui, lorsqu'ils sont cartographiés de près par la pensée systémique, indiquent que l'environnement favorable est essentiel.

Sur la base de cette réflexion, les États membres de l'Union africaine, sous l'égide du Conseil des ministres africains de l'eau (AMCOW), ont adopté en 2015 la déclaration AfricaSan Ngor, qui vise à assurer l'accès universel à des services d'assainissement et d'hygiène adéquats et durables et à éliminer la défécation à l'air libre d'ici 2030. Cet engagement politique et de développement de haut niveau vise à établir un environnement favorable au renforcement des systèmes d'assainissement et d'hygiène. Le rapport de suivi de N'gor en 2018, a indiqué un risque que les engagements ne soient pas respectés comme les OMD si le leadership continental ne change pas radicalement de tact.

Les nouvelles directives africaines en matière d'assainissement fournissent au continent des normes et des références essentielles pour les améliorations futures des politiques d'assainissement et d'hygiène. Elles peuvent être adaptées à chaque pays et tenir compte de la diversité existante entre les pays, de la situation des États fragiles, etc. Le GASP stipule ce qui doit être inclus dans les politiques pour résoudre les défis auxquels sont confrontées les populations. Le document vise à aider les gouvernements à atteindre leurs objectifs par le biais de politiques qui reflètent la gouvernance, la réglementation et le financement de l'assainissement dans leurs contextes et réalités. Avec les nouvelles directives politiques, le continent a désormais une chance de bénéficier d'un environnement favorable amélioré, c'est-à-dire d'un espace politique structuré qui facilitera la réalisation de ses objectifs et permettra de tourner la page sur l'état actuel des services d'assainissement et d'hygiène inadéquats pour ses populations.

Le GASA est un document qui ne s'adresse pas seulement aux porteurs d'obligations, qui sont les décideurs politiques (tant au niveau national qu'infranational), mais qui appelle à l'engagement de toutes les parties prenantes qui façonnent les processus d'élaboration et de mise en œuvre des politiques. Par exemple, les groupes de la société civile peuvent jouer un rôle énorme en soutenant la participation des parties prenantes et en contrôlant le financement et la mise en œuvre des plans d'action nationaux. Les prestataires de services, les gouvernements locaux et le secteur privé peuvent fournir de meilleurs services en impliquant étroitement les communautés. Il est donc nécessaire de prendre des décisions inclusives, ce qui, comme l'expérience le montre, n'est pas une tâche impossible.

Un effort collectif

L'élaboration des lignes directrices de la politique africaine d'assainissement a été une initiative véritablement collaborative qui a rassemblé l'ensemble du continent. L'AMCOW a mobilisé des experts de l'assainissement et de l'hygiène à travers l'Afrique afin de fournir une révision solide par les pairs. Cet effort a suivi un processus consultatif qui comprenait des réunions avec divers gouvernements et partenaires, guidés par les informations de l'enquête politique menée dans 26 pays. Après quoi, 12 processus consultatifs spécifiques aux politiques nationales ont eu lieu pour finaliser les directives.

Une stratégie de mise en œuvre est en place par l'AMCOW pour s'assurer que les directives sont bien diffusées à travers le continent pour créer une prise de conscience et un intérêt. Un système de gestion de la demande du GASP a été créé pour saisir la demande de réunions de sensibilisation du GASP avec les gouvernements et les parties prenantes dans les pays et comprendre le soutien politique requis. Un formulaire de demande par pays est conçu pour saisir les besoins d'un gouvernement après les réunions de sensibilisation. Ce formulaire donne l'occasion aux hauts fonctionnaires d'indiquer quelles sont leurs priorités au niveau national en matière de politique et quel type de soutien est nécessaire pour s'aligner sur les normes du GASA.

Les pays doivent se soumettre à une évaluation approfondie de leur politique d'assainissement qui sera considérée comme une base de référence pour le processus, dans un premier temps. Cela fournira des informations pour l'analyse comparative des politiques qui seront présentées dans l'indice des politiques d'assainissement en Afrique (ASPI). Cela permettra de déterminer ce qu'il faut faire pour s'assurer que les politiques et stratégies d'assainissement sont alignées sur le GASA. Toutes ces informations seront saisies dans le système de suivi de l'adoption du GASA (tableau de bord) déjà conçu, à l'aide de l'outil d'évaluation des politiques du GASA (ASPAT). Le GASA doit être déployé dans les 55 pays d'Afrique, une tâche qui n'est pas facile, mais réalisable avec le soutien de divers partenaires. Cela a conduit à l'élaboration du système de coordination des partenaires (PCEP), qui recense les multiples parties prenantes et leur contribution au processus du GASA dans les pays. Ceci afin d'assurer une approche coordonnée du haut niveau de qualité pendant le déploiement du SEA.

Le plaidoyer de haut niveau est la clé du succès du déploiement du SEA. L'engagement des décideurs politiques de haut niveau dans ce processus est la formule gagnante du succès. Du temps et des ressources seront investis dans des réunions de plaidoyer continues et un large engagement des parties prenantes pour s'assurer que personne n'est laissé de côté au cours du processus politique. Ce processus offre une excellente occasion de documenter l'apprentissage et le partage, dans le cadre de la gestion des connaissances pour les processus politiques. Tout ceci sera mené par le secrétariat de l'AMCOW qui fournira un soutien technique. Les expériences précédentes sur le continent montrent que l'Afrique peut atteindre les indicateurs de progrès décrits dans les lignes directrices parce qu'ils ont été réalisés auparavant, même si ce n'est que dans quelques pays. Cette fois-ci, l'accent est mis sur l'augmentation de l'ampleur de la réussite sur l'ensemble du continent.

L'Afrique a choisi, à juste titre et de manière décisive, de poursuivre un objectif que ses dirigeants et ses populations peuvent atteindre. Avec la volonté politique et la détermination de concevoir les bonnes politiques en vue d'un objectif commun, les lignes directrices de la politique africaine d'assainissement devraient générer un haut niveau de confiance et de certitude parmi les autorités du continent, résumées par ces mots encourageants : c'est possible.

En prélude au 9ème Forum mondial de l'eau, des femmes du secteur ont organisé le 20 mars 2022 un dialogue sur les défis de l'assainissement et la place qu'elles occupent dans les entreprises. Une occasion pour certaines de partager leur parcours.

Le dialogue des femmes dans le secteur de l'eau et de l'assainissement tenu hier montre le leadership féminin dans cette rencontre internationale. Cet échange en prélude du 9e Forum mondial de l'eau a permis à beaucoup de femmes de partager leur vécu. C'est le cas de la Directrice Générale de la Sen Eau. Pour Mme Janny Arnal l'eau se voit au féminin. 

" Avant de commencer ma carrière, je voyais que tout le monde était géré par les hommes. Ils occupaient tous les grands postes. Mais si c'est un poste voulu par une femme, il faut prouver ", défend- t-elle. Poursuivant son témoignage elle souligne qu'à un moment donné elle est allée voir le Directeur pour un poste dans les opérations. " Il me dit une femme opératrice. Donc il fallait prouver, montrer au plombier que je suis capable de faire une prise en charge. En plus de cela je dois assurer tout le monde que je n'avais pas besoin de montrer. C'est ça les femmes il faut osez. Il ne faut pas se résigner. Il faut montrer qu'on est bien capable de le faire ", explique Mme Arnal. 

Avant de conseiller aux femmes d'aller toujours chercher le meilleur. Selon elle, les femmes se remettent toujours en question à cause de leur humilité.

" L'humilité de la femme fait qu'on se pose des questions si l'on est capable. Oui on est capable. Et vous faites la richesse des entreprises dans tous les pays du monde. On a quelque chose en force c'est le cœur. Quand on fait avec le cœur on fait les choses plus que les hommes. Alors osez chères femmes osez ". 

Mme Arnal

Ce dialogue inscrit sous le thème : " Soutenir la croissance et promouvoir la visibilité des femmes professionnelles : la clé du succès du secteur Eau, Assainissement ", vise selon Cheikh Tidjane Fall, représentant du Secrétaire exécutif dudit Forum à renforcer les capacités des femmes professionnelles et à les positionner au cœur des actions pour améliorer l'accès à l'eau et à l'assainissement. C'est aussi une illustration de plus pour les organisations de femmes.

" Les femmes sont très engagées pour la réussite du forum qui s'organise à Dakar au nom de toute l'Afrique. Il est impossible de parler de développent socio-économique de santé de paix et de sécurité sans l'implication des femmes et des filles du monde entier. Elles ont un rôle important aux côtés des autres acteurs de la société pour contribuer à la construction d'un monde ".

M. Automne
À l'occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, des organisations africaines de premier plan donnent une impulsion aux décideurs politiques avant le sommet de Kigali en juin

Une nouvelle campagne panafricaine, "March to Kigali", lancée à l'occasion de la Journée mondiale de la santé cette année, vise à créer un élan et à galvaniser l'action des décideurs africains en vue du sommet des chefs d'État du Commonwealth (CHOGM) qui se tiendra à Kigali en juin 2021.

" La " Marche vers Kigali " appelle les gouvernements et les partenaires de toute l'Afrique à s'engager et à donner la priorité aux investissements contre le paludisme et les maladies tropicales négligées (MTN). Lancée par un groupe d'organisations de la société civile partageant les mêmes idées et basées en Afrique occidentale et centrale, la campagne s'appuie sur les partenariats existants des plateformes " Non à MTN " et " Zero Malaria Starts With Me ".

La campagne "March to Kigali" vise à encourager les engagements nécessaires à l'élimination de ces maladies d'ici 2030 dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). En engageant des parties prenantes et des groupes clés, la campagne vise à :

"Lespays africains du Commonwealth et au-delà doivent jouer un rôle de premier plan en investissant dans des systèmes de santé et d'assainissement plus solides afin d'atteindre les Objectifs de développement durable 2030, notamment en mettant fin aux épidémies de paludisme et de maladies tropicales négligées. En mettant fin à ces maladies évitables et traitables, nous investirons dans l'avenir de nos enfants et contribuerons à déclencher des niveaux inimaginables de croissance et de prospérité. Ensemble, marchons vers Kigali !"

Yvonne Aki-Sawyerr, maire de Freetown, Sierra Leone
Les principales entreprises et organisations africaines observent la Journée mondiale contre le paludisme 2021

La Journée mondiale du paludisme 2021, qui a lieu le 25 avril de chaque année, marque les succès de la lutte contre la maladie, appelle les dirigeants à renforcer leurs engagements et souligne la responsabilité qui nous incombe à tous de mettre fin au paludisme en l'espace d'une génération. Cette année, parallèlement au lancement de la "Marche vers Kigali", des organisations de premier plan de tout le continent utilisent leur voix pour mobiliser les communautés et les dirigeants : 

"Ecobank est fière de continuer à prêter sa voix à la lutte contre le paludisme et les maladies tropicales négligées, qui continuent à avoir un impact et à entraver la vie de millions d'Africains chaque année. Le paludisme et MTN sont évitables et traitables, et grâce à un financement et un engagement accrus, nous pouvons voir la fin de ces maladies, ce qui conduira à un continent plus sain, plus heureux et plus prospère. 

Carl Manlan, directeur des opérations de la Fondation Ecobank.

Depuis 2000, la communauté mondiale de lutte contre le paludisme a évité 1,5 milliard de cas et 7,6 millions de décès dus au paludisme. Cependant, plus de 400 000 personnes meurent encore du paludisme chaque année, l'Afrique supportant 90 % de la charge mondiale du paludisme. Sur le thème "Paludisme zéro - Tracer la ligne contre le paludisme", les partenaires et les organisations du monde entier démontreront lors de la Journée mondiale du paludisme que le paludisme zéro peut être atteint par tous.

"MTN et le paludisme touchent les personnes les plus vulnérables de notre société, et non seulement ils affaiblissent ceux qui en sont atteints, mais ils affaiblissent également nos systèmes de santé dans leur ensemble. Grâce à des investissements intelligents, nous pouvons non seulement protéger les communautés contre ces maladies, mais aussi nous assurer que nous sommes en mesure de répondre aux pandémies existantes et émergentes. Nous invitons tout le monde à rejoindre notre "Marche vers Kigali" et à demander aux gouvernements et aux partenaires de s'engager et de donner la priorité aux investissements nécessaires pour construire des systèmes de santé plus forts et mettre fin au paludisme et à MTN. ".

Yacine Djibo, Fondatrice et Directrice exécutive de Speak Up Africa

Rejoignez l'initiative "Marche vers Kigali" et découvrez comment vous impliquer ici.

Notes aux éditeurs
À propos de Speak Up Africa

Basée à Dakar, Sénégal, Speak Up Africa est une organisation stratégique de communication et de plaidoyer vouée à catalyser le leadership, à favoriser le changement de politique et à sensibiliser davantage le public au développement durable en Afrique.

À travers nos programmes, nos réseaux et avec l’aide de nos partenaires, nous nous assurons que les décideurs rencontrent les acteurs de terrain, que des solutions soient présentées et que chaque secteur – des citoyens et groupes de la société civile aux partenaires financiers et dirigeants d’entreprises – contribue de manière critique au dialogue et s’efforce d’agir de manière concrète pour la santé et le développement durable sur le continent.

À propos de la campagne "Zéro paludisme, ça commence par moi".

Démarrée au Sénégal en 2014, la campagne " Zéro paludisme commence par moi " a été approuvée par les dirigeants africains en juillet 2018 lors du 31e sommet de l'Union africaine. La campagne est coordonnée conjointement par la Commission de l'Union africaine et le partenariat RBM pour en finir avec le paludisme.

Le mouvement panafricain "Zéro paludisme, ça commence par moi" vise à renforcer l'appropriation des efforts de lutte contre le paludisme par les communautés et à accroître l'engagement politique en faveur de l'élimination du paludisme sur le continent africain :

  1. Engager les dirigeants politiques à tous les niveaux ;
  2. Mobiliser les ressources et le financement, y compris les ressources nationales et le secteur privé ; et,
  3. Donner aux communautés les moyens de responsabiliser les dirigeants dans la lutte contre le paludisme.
À propos du mouvement "Non à MTN 

Le mouvement " Non à MTN ", mené par Speak Up Africa, vise à accroître la sensibilisation, l'établissement de priorités et l'engagement national afin d'accélérer le contrôle et l'élimination de MTN en Afrique.
Pour plus d'informations, visitez le site web No To MTN .

Pour en savoirplus:
A propos de Mars à Kigali 

Lancée par un groupe d'organisations de la société civile partageant les mêmes idées et basées en Afrique occidentale et centrale, la campagne "March to Kigali" comprend un engagement politique, un engagement du secteur privé et de la jeunesse et un engagement de la société civile pour galvaniser un mouvement avant le sommet de Kigali sur le paludisme et les maladies tropicales négligées en juin 2021.

La " Marche vers Kigali " s'appuie sur les partenariats et les plates-formes existants de " Non à MTN " et " Zero Malaria Starts with Me " et contribuera aux efforts sous-régionaux (Afrique de l'Ouest) de plaidoyer et de communication pour une meilleure gestion de la lutte contre MTN et le paludisme, ce qui conduira à une augmentation des ressources nationales et à un meilleur engagement politique autour de MTN et du paludisme avant le Sommet de Kigali.

Plus précisément, la campagne vise à :

  1. Accroître la connaissance et l’engagement du public sur les MTN et le paludisme.
  2. Générer la demande pour un financement accru et une meilleure prise en charge des questions liées aux MTN et au paludisme.
  3. Favoriser l’adoption d’une approche multisectorielle au niveau de chaque pays.
  4. Renforcer la capacité des OSC à contribuer aux efforts de plaidoyer et de communication sur MTN et le paludisme.
  5. Mobiliser les chefs d’entreprises du secteur privé en faveur du contrôle et de l’élimination du paludisme et des MTN.

15 octobre 2020, Dakar, Sénégal - L'État du Sénégal, à travers le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement ainsi que l'ensemble des acteurs du secteur travaillent à l'amélioration des conditions de vie des populations par l'accès à des services d'assainissement de qualité pour tous.

Dans le but d'atteindre son objectif de garantir un accès à l'assainissement adéquat et de qualité pour les populations, l'État et ses partenaires techniques et financiers ont consenti des efforts considérables dont la régulation du sous-secteur de l'assainissement autonome. En effet, au niveau national plus de 70% de la population a recours à ce système de gestion des boues de vidange. Cette situation se traduit par une production considérable de boues de vidange, dont la plus grande partie est collectée par des camions. L'activité de vidange représente donc un maillon clé de la chaîne de valeur de l'assainissement, elle lie les ouvrages d'assainissement domestiques aux stations de traitement de boues de vidange.

Les acteurs du secteur de la vidange font face à des défis techniques et organisationnel contribuant à l'accroissements des coûts d'exploitations, à la création de problèmes environnementaux et de santé publique. Malgré la prise en compte de la gestion des boues de vidange dans les textes juridiques régulant le secteur, la normalisation de l'activité de vidange n'est pas abordée.

Dans le but de réguler la filière des boues de vidange, le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement, à travers l'ONAS a mis en place, avec l'appui financier de la Fondation Bill et Melinda Gates, un Programme pilote de Structuration du Marché des Boues de Vidange (PSMBV), afin d'offrir un cadre de vie décent aux ménages démunis en leur assurant l'accès à des installations d'assainissement et des services de vidange mécanique de meilleure qualité et à des prix abordables.

Le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement à travers l'ONAS développe et met en œuvre des programmes d'assainissement collectif et autonome dans tout le pays, conformément à notre mandat de gestion optimale du secteur de l'assainissement liquide au Sénégal. La modernisation de la chaîne de valeur de l'assainissement autonome, à travers un ensemble d'actions concrètes s'inscrit dans les objectifs du PSMBV. La certification ou la licence de vidange fait partie des entreprises du Programme pour la règlementation du secteur. Cette démarche est indispensable pour l'organisation effective de l'activité de vidange mécanique ainsi que pour faciliter l'accès aux services de vidange des ménages les plus démunis. Pour les acteurs de l'assainissement, la licence permettrait de résoudre les problématiques d'ordre technique, organisationnel et financier.

Le processus de certification se base sur une approche participative et inclusive associant l'ensemble des parties prenantes du secteur. Ce processus participatif et inclusif a conduit à la sensibilisation et l'engagement des acteurs à se conformer aux dispositions associées à la licence. Cela a également contribué au déclenchement processus d'introduction de la certification dans le corpus législatif sénégalais, avec la rédaction d'un Projet de Décret et sa soumission au Ministre de l'Eau et de l'Assainissement, Monsieur Serigne Mbaye THIAM.

Dans une perspective de consolider les résultats obtenus dans le cadre du processus de certification, le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement souhaite organiser un atelier, le 15 octobre 2020, visant à présenter les orientations majeures du Projet de décret portant la licence des entreprises de vidange et à établir les prochaines étapes du processus.

Cet atelier vise à partager les étapes clés du processus ayant mené jusqu'à l'élaboration du Projet de Décret relatif aux conditions d'exercice de l'activité de vidange. En effet, le processus ayant débuté en 2014, il est essentiel pour le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement que tous les acteurs clés du secteur, notamment les ministères sectoriels, les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile et les médias aient accès à une plateforme de dialogue. Plus précisément, l'atelier a pour objectif le partage des grandes lignes du projet de décret ainsi que des prochaines étapes associées à la certification.

Depuis 2014, le Ministère de l'Eau et de l'Assainissement, ainsi qu'à travers l'Office National de l'Assainissement du Sénégal (ONAS) a mis en œuvre des initiatives visant à renforcer les capacités des acteurs de l'assainissement, spécialement par rapport au respect des mesures de sécurité et sur l'offre de service de qualité. Dans ce sens, un manuel du vidangeur a été développé et disséminé lors de plusieurs ateliers avec les acteurs.

À l'heure de la COVID-19, l'Afrique prend plus que jamais conscience de l'ampleur des améliorations à apporter au secteur de l'assainissement. Face à une pandémie où la meilleure façon d'enrayer la propagation de la maladie est le lavage fréquent des mains à l'eau et au savon, le continent africain se heurte à de nombreuses difficultés. Les statistiques montrent à quel point il existe une grande disparité entre ce qui est nécessaire et ce qui est réaliste. Selon la Banque africaine de développement, 400 millions d'Africains n'ont pas accès à l'eau salubre et près de 800 millions n'ont pas accès à des installations de base pour se laver les mains.

Seuls 28 % des 962 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne ont accès à des installations sanitaires de base, et selon une étude OMS/UNICEF 2017, 32 % pratiquent encore la défécation en plein air. Pour remédier à cette situation, des mesures radicales s'imposent, car les villes africaines sont de plus en plus peuplées, poussant les gens dans des bidonvilles de plus en plus vastes en raison de l'intensification de l'exode rural et de la croissance démographique rapide. La majorité des citadins africains vivent dans des quartiers informels et des bidonvilles dépourvus de services sanitaires de base.

Selon Aïda Kabo, responsable du programme d'assainissement de Speak up Africa, " le poids supplémentaire que la COVID-19 exerce sur le secteur de l'assainissement montre pourquoi le statu quo ne peut être maintenu. La COVID-19 met en relief pourquoi des politiques d'assainissement et d'hygiène globales et inclusives, soutenues par un financement durable, sont nécessaires pour améliorer l'accès de tous à un assainissement géré en toute sécurité et se préparer à répondre aux crises futures. » Tout au long de la chaîne de valeur de l'assainissement autonome, Aïda met en évidence les différentes façons dont la COVID-19 a mis en relief les points faibles. Lorsque les mesures de confinement ont été mises en place, la majorité des ménages qui n'avaient pas accès à l'eau courante se sont retrouvés dans une situation précaire. Ils ne pouvaient pas se rassembler à l'extérieur pour aller chercher de l'eau, alors que c'était de cette eau même dont ils avaient besoin pour se protéger de la pandémie, en se lavant fréquemment les mains à l'eau et au savon. La situation est tout aussi difficile pour les prestataires de services d'assainissement. À Dakar, par exemple, plus de 70 % de la population dépend d'un assainissement autonome et de la vidange mécanique de leurs fosses septiques. À cause des mesures de restriction, beaucoup de ces entreprises privées ont eu du mal à faire leur travail pendant les heures qui leur étaient allouées. Face à la diminution de leurs revenus, les ménages ont accordé une priorité beaucoup moins importante à la vidange de leurs fosses septiques, préférant utiliser le peu d'argent dont ils disposaient pour leurs besoins essentiels. Ces entreprises privées qui jouent un rôle important dans le secteur de l'assainissement ont du mal à s'en sortir financièrement.

Différents acteurs des secteurs privé et public ont redoublé d'efforts cette année pour combler les énormes lacunes en matière d'assainissement, rendues plus complexes par la pandémie. Par exemple, au cours de ces derniers mois, Speak Up Africa est à l'origine du lancement de Stay Safe Africa, une campagne qui rassemble des partenaires, des journalistes, des organisations de la société civile, des entreprises du secteur privé et des dirigeants politiques pour augmenter les investissements et sensibiliser le public à la COVID-19 sur le continent, tout en garantissant l'accès au traitement contre les autres menaces sanitaires existantes. En juin de cette année, Stay Safe Africa a distribué et installé 300 stations de lavage des mains dans des écoles sénégalaises, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial, le Groupe des Amis de l'Alimentation Scolaire (GAASS) et le ministère de l'Éducation du Sénégal. Cette initiative avait pour but de soutenir le ministère de l'Éducation qui s'était donné pour mission de continuer à éduquer les élèves pendant la pandémie malgré les difficultés pratiques pour assurer leur sécurité.

Le secteur de l'assainissement est actuellement confronté à des difficultés en raison d'un manque de clarté dans les politiques d'assainissement, notamment en ce qui concerne les responsabilités institutionnelles, le financement et le recouvrement des coûts. En théorie, les pays africains disposent de politiques pour faire face à la situation, mais les réalités sur le terrain sont différentes. Si diverses déclarations ont été signées, dont la Déclaration de Ngor, énonçant des objectifs ambitieux d'amélioration de l'accès à l'assainissement pour tous, il reste encore des lacunes considérables à combler pour que cela devienne réalité. Pour combler ces lacunes, les Directives pour les politiques d'assainissement en Afrique (ASPG) sont en cours d'élaboration. Leur but est d'aider les États africains à créer un environnement favorable à l'accès universel à des installations sanitaires gérées en toute sécurité pour tous. Selon une étude du Conseil des ministres africains chargés de l'eau (AMCOW) sur les politiques d'assainissement dans 26 pays africains, 69 % de ces politiques sont encore basées sur les OMD, dont la date butoir était 2015. Les ASPG fournissent un cadre qui sera facilement appuyé et approuvé par les pays, car ceux-ci sont des acteurs de première ligne et des participants actifs dans l'élaboration d'un guide qui peut s'adapter à leurs réalités. Les Directives pour les politiques d'assainissement en Afrique expriment ce qu'est une politique d'assainissement idéale, et les pays pourront s'en servir comme référence pour élaborer des politiques d'assainissement inclusives et globales.

Ces efforts, parmi d'autres, ont été essentiels pour soutenir le secteur de l'assainissement, mais il reste beaucoup à faire à long terme pour renforcer ce secteur sur le continent. La COVID-19 a montré au continent l'importance d'investir dans le secteur de l'assainissement et de l'hygiène, non seulement en temps de crise, mais aussi en tout temps pour éviter de futures catastrophes.

Ciku Kimeria est consultante en communication chez Speak up Africa à Dakar, un groupe d'action politique et de plaidoyer qui dirige la campagne Stay Safe Africa à travers le continent. Campagne Stay Safe Africa à travers le continent, en s'associant avec divers partenaires privés et publics pour donner à tous les citoyens les moyens de contribuer à limiter la propagation de la COVID-19.

Aujourd'hui, plus que jamais, à l'heure du COVID-19, l'Afrique prend conscience de l'ampleur des améliorations à apporter dans le secteur de l'assainissement. Face à une pandémie où la meilleure méthode pour enrayer la propagation de la maladie est le lavage fréquent des mains à l'eau et au savon, le continent est confronté à de nombreuses difficultés. Les statistiques montrent à quel point il existe une grande disparité entre ce qui est nécessaire et ce qui est réaliste. Selon la Banque africaine de développement, 400 millions d'Africains n'ont pas accès à l'eau potable et près de 800 millions n'ont pas accès à des installations de base pour le lavage des mains.

Seuls 28 % des 962 millions d'habitants de l'Afrique subsaharienne ont accès à des installations sanitaires de base, et 32 % pratiquent encore la défécation en plein air, selon une étude OMS/UNICEF 2017. Cette situation ne devrait pas s'améliorer sans une action drastique, car les villes africaines sont de plus en plus peuplées, poussant les gens dans des bidonvilles de plus en plus grands en raison de l'augmentation de l'exode rural et de la croissance démographique rapide. La majorité des citadins africains vivent dans des quartiers informels et des bidonvilles privés de services d'assainissement de base.

Selon Aïda Kabo, responsable du programme d'assainissement de Speak Up Africa, "l'accent supplémentaire que COVID-19 a mis sur le secteur de l'assainissement montre pourquoi le statu quo ne peut être maintenu. COVID-19 met en évidence les raisons pour lesquelles des politiques d'assainissement et d'hygiène globales et inclusives, soutenues par un financement durable, sont nécessaires pour améliorer l'accès de tous à un assainissement géré en toute sécurité et préparer les réponses aux crises futures". Tout au long de la chaîne de valeur de l'assainissement sans égout, elle met en évidence les différentes façons dont COVID-19 a identifié les points faibles. Lorsque des mesures de confinement ont été mises en place, la majorité des personnes n'ayant pas accès à l'eau courante dans leurs foyers se sont retrouvées dans un état précaire. Elles ne pouvaient pas se rassembler à l'extérieur pour aller chercher de l'eau, mais c'était cette même eau qu'elles devaient utiliser pour se protéger de la pandémie, avec un lavage fréquent des mains à l'eau et au savon. La situation est tout aussi difficile en ce qui concerne les prestataires de services d'assainissement. Par exemple, à Dakar, plus de 70 % de la population dépend d'un assainissement sans égout et de la vidange mécanique de leurs fosses septiques. Avec les mesures de restriction, beaucoup de ces entreprises privées ont du mal à faire leur travail pendant les heures imparties. Avec la baisse des revenus des ménages, le paiement des services de vidange devient une priorité beaucoup moins importante pour les ménages car ils doivent utiliser le peu dont ils disposent pour les besoins essentiels du ménage. Ces entreprises privées qui jouent un rôle important dans le secteur de l'assainissement ont du mal à se maintenir à flot sur le plan financier.

Différents acteurs des secteurs privé et public ont intensifié leurs efforts cette année pour combler les lacunes considérables en matière d'assainissement, rendues plus compliquées par la pandémie. Par exemple, ces derniers mois, Speak Up Africa a été le fer de lance de la création de Stay Safe Africa, une campagne qui rassemble des partenaires, des journalistes, des organisations de la société civile, des entreprises du secteur privé et des dirigeants politiques pour accroître les investissements et la sensibilisation au COVID-19 sur le continent, tout en garantissant l'accès et le traitement des autres menaces sanitaires actuelles. En juin de cette année, Stay Safe Africa, en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial, le Groupe des Amis de l'Alimentation Scolaire (GAASS) et le Ministère de l'Education du Sénégal, a distribué et installé 300 stations de lavage des mains dans les écoles sénégalaises. L'objectif est d'aider le ministère de l'éducation à poursuivre l'éducation des élèves pendant la pandémie tout en s'efforçant d'assurer leur sécurité.

Le secteur de l'assainissement est actuellement confronté à des défis découlant d'un manque de clarté des politiques d'assainissement, notamment en ce qui concerne les responsabilités institutionnelles, le financement et le recouvrement des coûts. Théoriquement, les pays africains ont des politiques pour faire face à la situation, mais les réalités sur le terrain sont différentes. Si diverses déclarations, dont la Déclaration de Ngor, ont été signées avec des objectifs ambitieux d'amélioration de l'accès à l'assainissement pour tous, il existe encore un énorme fossé pour que cela devienne une réalité. Pour combler ces lacunes, les Lignes directrices africaines pour les politiques d'assainissement (ASPG) sont en cours d'élaboration afin d'aider les États africains à créer un environnement favorable à l'accès universel à un assainissement géré en toute sécurité pour tous. Selon une étude du Conseil des ministres africains de l'eau (AMCOW) sur les politiques d'assainissement dans 26 pays africains, 69 % des politiques d'assainissement sont encore basées sur les OMD, dont le délai a pris fin en 2015. L'ASPG fournit un cadre qui sera facilement approuvé par les pays car ils sont des acteurs de première ligne et des participants actifs dans l'élaboration d'un guide qui peut s'adapter à leurs réalités. Les Lignes directrices africaines pour les politiques d'assainissement expriment ce qu'est une politique d'assainissement idéale, et les pays pourront s'en servir comme référence pour élaborer des politiques d'assainissement inclusives et globales.

Ces efforts, parmi d'autres, ont été essentiels pour soutenir le secteur de l'assainissement, mais il faut faire beaucoup plus à long terme pour renforcer ce secteur sur le continent. COVID-19 a montré au continent qu'il est important d'investir dans le secteur de l'assainissement et de l'hygiène, non seulement en temps de crise, mais aussi en tout temps pour éviter de futures catastrophes.

Ciku Kimeria est consultante en communication à Speak Up Africa à Dakar, un organisme d'action politique et de plaidoyer qui dirige la Campagne Stay Safe Africa à travers le continent, en partenariat avec divers partenaires privés et publics afin de permettre à tous les citoyens de jouer leur rôle pour limiter la propagation du COVID-19.

La nouvelle plateforme permet d'échanger des ressources et vise à renforcer la coopération et l'efficacité des actions sanitaires pour relever les défis du secteur WASH en Afrique.

L'Alliance CAPOOP (Communications, Advocacy & Policy Opportunities and Outreach for Poop), lance aujourd'hui une plateforme digitale collaborative dédiée au partage de connaissances et d'expertise sur l'eau, l'assainissement et l'hygiène (WASH) afin de rassembler les acteurs du secteur à l'échelle de l'Afrique. Cette nouvelle plateforme permettra aux membres et partenaires de partager des ressources et des bonnes pratiques, de consolider les connaissances et de présenter des solutions innovantes pour améliorer l'accès à l'assainissement pour tous sur le continent. 

La plateforme fournit une gamme d'outils et de ressources sur mesure et facile à utiliser qui permettront de soutenir le travail de chercheurs, d'experts en communication et plaidoyer, en finance et des régulateurs sur l'assainissement, et en particulier des spécialistes sur les questions de gestion des boues de vidange et de l'assainissement autonome en Afrique.

Une personne sur trois vit encore aujourd'hui sans installations sanitaires adéquates en Afrique, ce chiffre atteignant même 75 % en Afrique de l'Ouest (OMS/UNICEF 2017). Pour que l'accès à un assainissement de qualité progresse sur le continent, le Conseil des ministres africains chargés de l'eau (AMCOW) et ses États membres mènent le processus de développement de Directives africaines pour l'élaboration de politiques d'assainissement (ASPG). Les ASPG ont été conçues pour assister les pays africains dans la mise à jour et le développement de leurs politiques d'assainissement afin qu'elles soient inclusives et répondent aux engagements internationaux tels que les Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces nouvelles directives permettront de garantir des politiques d'assainissement idéales et inclusives sur l'ensemble du continent afin d'améliorer les conditions de vie des populations.

Yacine Djibo, Fondatrice et Directrice Exécutive de Speak Up Africa, déclare: " L'amélioration de l'accès à un assainissement et à une hygiène de qualité sur tout le continent est l'un des plus grands défis de l'Afrique, mais un défi que nous pouvons relever en travaillant ensemble. Grâce à cette nouvelle plateforme en ligne, nous pourrons partager nos connaissances et notre expertise, permettant ainsi aux membres de CAPOOP de mieux comprendre les obstacles et les opportunités liés à l'assainissement du continent. "

Dr Canisius Kanangire, Secrétaire Exécutif du Conseil des Ministres Africains chargés de l'Eau (AMCOW), ajoute: " Je suis ravi de voir le secteur WASH travailler ensemble de manière aussi collaborative. Le partage de nos ressources et connaissances ne fera que renforcer l'efficacité de nos efforts pour améliorer les conditions d'assainissement à travers l'Afrique. En plein déploiement des nouvelles Directives africaines pour l'élaboration de politiques d'assainissement, ce nouvel outil digital nous permettra de consolider nos partenariats et de trouver des partenaires partageant notre vision d'une Afrique plus saine. "

CAPOOP est une alliance d'organisations mobilisées pour assurer l'accès à un assainissement et à une hygiène équitables et de qualité pour tous et pour mettre fin à la défécation à l'air libre d'ici 2030, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes, des jeunes filles et des personnes en situation de vulnérable.

Au début de cette année, l'Alliance CAPOOP a lancé sa toute première bourse des médias de l'assainissement. En marge du 20e congrès de l'AAE en février, huit journalistes venus de toute l'Afrique ont participé à un atelier de formation aux médias sur l'assainissement avant de documenter les principaux événements du congrès. Pendant un an, CAPOOP soutiendra ces boursiers, en les présentant à des acteurs clés du secteur et en renforçant leurs compétences journalistiques sur les questions d'assainissement en Afrique.

Notes aux éditeurs

Pour accéder à la plateforme digitale CAPOOP, veuillez cliquer ici www.capoop.org/fr/

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