Face à la crise de l’eau, nous devons coopérer ou périr

Tribune • 28 mars 2023

" L’humanité a un choix : coopérer ou périr ". Cet appel du Secrétaire général des Nations Unies António Guterres en marge de la COP 27 reste d’actualité à l’occasion de la 2e conférence des Nations Unies sur l’Eau qui s’est ouverte mercredi à New-York. À sept ans de l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD), nous sommes encore loin des cibles en matière d’accès universel aux services d’eau et d’assainissement.

Trois personnes sur dix dans le monde n'ont toujours pas accès à l'eau potable, une ressource vitale ! En Afrique subsaharienne, on estime que près d'un demi-milliard de personnes sont confrontées chaque jour à une pénurie d'eau et que plus de 700 millions de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires améliorées.

Conséquences : des centaines de millions de vies menacées par des maladies imputables au manque de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène ainsi que des secteurs économiques clés gravement affectés comme l’agriculture, la pêche ou encore l’exploitation minière. L'Afrique subsaharienne perd ainsi, chaque année, 5% de son produit intérieur brut en raison du manque d’eau.

Bien commun

Et pourtant, la ressource existe. Que ce soit en eaux souterraines ou de surface, notre continent dispose d’importantes ressources partagées qui peuvent contribuer à répondre aux besoins présents et futurs de nos populations. Comme l'avait si bien rappelé le Président Macky SALL lors du lancement de l'initiative Eau-Paix-Sécurité en 2015, ici à New-York, " L'eau est source de vie et de bien-être lorsque son usage fait appel à l'esprit de coopération et de partage ".

Le fleuve Sénégal, ressource commune à la Guinée, au Mali, à la Mauritanie et au Sénégal, en est un parfait exemple. En créant l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) il y a plus de 50 ans, nos pays ont très tôt compris que la coopération est un gage de paix, de cohésion sociale et de développement intégré pour nos communautés. La gestion concertée de ce patrimoine a joué un rôle considérable dans les progrès réalisés en matière d'accès à l'eau et à l'assainissement dans nos pays au cours des dernières décennies. Au Sénégal, par exemple, la vision d'un bien-être amélioré et d'une prospérité partagée - portée par le Plan Sénégal Émergent - a conduit à un accès à l'eau estimé à 95,1 % en milieu rural et 98,8 % en milieu urbain d'ici 2022 ; et à un accès à l'assainissement estimé à 89,8 % en milieu urbain et 59,7 % en milieu rural. Aujourd'hui plus que jamais, la coopération doit être notre arme aux niveaux national, régional et mondial pour relever les multiples défis auxquels nous sommes confrontés dans la réalisation de l'accès universel à l'eau et à l'assainissement.

Défis

Le manque des services d’eau et d'assainissement sûrs dans plusieurs régions du monde constitue une menace pour tous. Nous savons désormais que les crises sanitaires, mais aussi sécuritaires, migratoires et humanitaires, sont intimement liées à la sécurité de l’eau et de l’assainissement. Le stress hydrique, les inondations et les mouvements de populations induits par les changements climatiques accentuent les risques d’apparition des épidémies et menacent notre sécurité alimentaire. Plus grave, la rareté des financements durables des services d’eau et d’assainissements au niveau mondial et régional risque de compromettre les avancées réalisées jusqu’ici. Dans un tel contexte, il est fondamental de rassembler nos efforts afin de combler le fossé entre les communautés, les États et les régions du monde en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. Pour cela, nous devons mettre en place des politiques de l’eau et de l’assainissement conçues et menées sous le prisme de la coopération. Cela est aussi valable pour les enjeux d’hygiène et d’assainissement qu’on ne peut pas dissocier des problématiques d’eau et d’assainissement.

Le " Blue Deal " pour la sécurité de l’eau et de l’assainissement, pour la paix et le développement

A cet égard, la Déclaration de Dakar adoptée lors du 9éme Forum mondial de l’Eau en mars 2022 et intitulée " Un Blue Deal pour la sécurité de l’eau de l’assainissement pour la paix et le développement " a déjà posé les jalons. En insistant sur l’urgence de renforcer la coopération bilatérale et multilatérale, la Déclaration de Dakar relève -entre autres- l’importance de garantir le droit à l’eau et à l’assainissement à travers des mécanismes de financements publics et privés innovants. Cette déclaration a, ainsi, posé les bases du Dialogue interactif n°4 sur " L’eau pour la coopération " que le Sénégal a eu l’honneur de co-présider avec la Confédération Suisse, lors de la conférence qui vient de s’achever à New York. Le Sénégal y a porté la contribution et la position commune de l’Afrique en mettant en perspective le " Blue Deal " endossé par le Comité Exécutif du Conseil des ministres Africains de l’Eau (AMCOW). À cette occasion, le Sénégal a également souligné l’importance de la coopération transfrontalière et internationale dans le domaine de l’eau, de la coopération intersectorielle ainsi que la place de l’eau dans la réalisation des objectifs de développement durable.

C’est fort de cette coopération entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et autres acteurs de l’eau et de l’assainissement que nous pourrons faire face, ensemble, aux enjeux climatiques, économiques et sanitaires qui dépassent le cadre nos frontières respectives.

Cet article d'opinion a été publié à l'origine sur :

Africa.com en anglais
Jeune Afrique en français

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