Un entretien avec Mouhamadou Gueye de l'Office national de l'assainissement du Sénégal sur la mise en œuvre de la nouvelle vision du pays en matière d'assainissement sans égout.

Un entretien avec Mouhamadou Gueye de l'Office national de l'assainissement du Sénégal sur la mise en œuvre de la nouvelle vision du pays en matière d'assainissement sans égout.

Après un programme pilote de cinq ans couronné de succès, l'Office national de l'assainissement du Sénégal (ONAS) met en œuvre le Programme national de développement durable de l'assainissement non collectif au Sénégal (PNDDAA) dans l'ensemble du pays. Avec pour objectif d'améliorer considérablement l'assainissement non collectif et de restructurer le secteur de la gestion des boues de vidange au cours des trois prochaines années, le programme est en passe de devenir un modèle pour d'autres pays du continent africain.

Mouhamadou Gueye, directeur du Programme de marché des boues de vidange au Sénégal (PSMBV), a récemment partagé ses réflexions sur les objectifs et les défis de l'ambitieux programme qui augmentera la participation du secteur privé et deviendra un pilier essentiel pour aider le Sénégal à atteindre la section 6.2 des Objectifs de développement durable (ODD).

Pouvez-vous expliquer brièvement le cadre et les objectifs de la nouvelle vision pour l'amélioration de l'assainissement au Sénégal ?

La nouvelle vision de l'ONAS est d'être un champion dans tous les domaines de l'assainissement, en renforçant notre position de leader continental et de point de référence, et en développant notre responsabilité. En travaillant vers ces objectifs, l'ONAS gardera les bénéfices de la communauté comme notre première préoccupation.

Gagner le défi de la démocratisation de l'assainissement non collectif est un thème récurrent que nous voulons traduire et réaliser au quotidien avec nos partenaires, pour la préservation de la santé publique et la protection des milieux naturels, contribuant ainsi au développement économique et social du pays.

Les principaux changements apportés à l'amélioration de l'assainissement sans égout sont les suivants :

  • Déléguer la gestion des stations d'épuration à des opérateurs privés.
  • La collecte des boues fécales restera ouverte afin de favoriser une tarification compétitive des services de vidange.
  • Des critères d'éligibilité pour les délégués du secteur privé ont été établis :
    • Un plan d'entreprise sera exigé avec au moins trois ans d'activité (certifié par des états financiers) ;
    • Engagement de certification ISO dans les 24 mois suivant la signature du contrat de délégation de service public.
  • Critères d'éligibilité pour les vidangeurs :
    • Signer un accord avec l'ONAS pour respecter les lignes directrices et les bonnes pratiques relatives à la qualité du service avec les clients, aux règles d'hygiène et de sécurité pour le personnel, au respect de la qualité des boues déposées dans les stations de vidange ;
    • Disposer d'un contrat de vidange avec le délégataire de service public ;
    • Être membre de l'Association nationale des creuseurs du Sénégal.

Le programme est un pas audacieux vers l'amélioration des conditions de vie de la population. Quelle est la stratégie de l'ONAS pour mettre en œuvre la vision dans chacune des régions du Sénégal ? 

L'ONAS utilisera une stratégie spécifique pour la mise en œuvre qui sera basée sur quatre piliers :

  1. Promouvoir la chaîne de valeur de l'assainissement sans égout par une gestion efficace et des technologies innovantes par le secteur privé, pour un service de qualité et accessible ;
  2. Domaine de délégation allant de la production des toilettes, en passant par la collecte dans les ménages jusqu'à la commercialisation des produits dérivés. Cette option permet de sécuriser l'approvisionnement des stations et élimine toute dépendance vis-à-vis des vidangeurs et une meilleure maîtrise des tarifs ;
  3. Établissement de la délégation de service public sur la base d'une multiplicité de périmètres homogènes ;
  4. Les contrats de délégation de service public au secteur privé seront établis pour une période de sept ans ou plus et réglementeront en même temps le prix des services à offrir.

Prévoyez-vous des difficultés ?

Oui, nous prévoyons des défis, car tout changement de vision ou de stratégie s'accompagne de poches de résistance. Cependant, nous avons identifié les risques potentiels ou les facteurs qui pourraient compromettre les réalisations du programme, et nous sommes prêts à mettre en place une stratégie d'urgence pour contrôler les risques.

Aujourd'hui, quel est le besoin le plus important pour une mise en œuvre réussie ?

Les facteurs clés d'une mise en œuvre réussie sont les suivants :

  • Fournir un plan de communication et de formation avec toutes les parties prenantes ;
  • Assister les entreprises privées et les délégataires de service public dans la structuration de leurs activités ;
  • Établir un contrat de performance entre l'ONAS et les délégataires de service public ;
  • Développer un système d'évaluation trimestrielle entre l'ONAS et les opérateurs du secteur privé avec des indicateurs de performance spécifiques.

Pour en savoir plus sur le programme, lisez cet article sur le lancement ou visitez le site www.pnddaa.org.