Dakar, Sénégal, le 3 novembre 2022 - Ce 3 novembre est célébrée la journée mondiale de l'approche " One Health " à travers le monde. " One Health " est une approche de santé intégrée qui vise à mettre en lumière les relations entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale.

Au Sénégal, à l'occasion de cette journée, le Haut Conseil national pour la Sécurité sanitaire mondiale (HCNSSM) " One Health " a organisé, aux côtés de Speak Up Africa, une rencontre réunissant les autorités administratives et territoriales, les points focaux sectoriels " One Health ", le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers, afin de renforcer leur sensibilisation sur la mise en œuvre de l'approche " One Health ".

Cette année, le thème est " Promouvoir les efforts déployés dans le monde entier pour réunir toutes les disciplines de la santé humaine, animale et environnementale " afin de vulgariser le concept mais également de montrer les réalisations des différents pays dans le cadre de l'opérationnalisation de l'approche.

L'approche est mise en œuvre, au Sénégal, depuis 2017, à travers le Haut Conseil national pour la Sécurité sanitaire mondiale (HCNSSM) " One Health " qui a initié le Programme national de sécurité sanitaire mondiale.

L'objectif de la célébration de la journée mondiale "One Health" est de contribuer à la promotion de l'approche pour l'atteinte des objectifs de la sécurité sanitaire mondiale par la sensibilisation de toutes les parties prenantes.

" Il est inconcevable, dorénavant, de seulement parler de santé humaine. La journée mondiale " One Health " illustre l'importance de travailler en synergie avec l'ensemble des secteurs, à toutes les échelles. Nous sommes pionniers, auSénégal, dans la prise en compte de l'approche One Health dans les politiques publiques,mais il existe de nombreux défis à relever notamment au niveau opérationnel, en termes d'engagement communautaire et de financement. "

Dr Adjaratou Diakhou Ndiaye, Secrétaire Permanent du Haut Conseil.

A propos du Haut Conseil National de Sécurité Sanitaire Mondiale " One Health " au Sénégal

Le Haut Conseil national de la Sécurité sanitaire mondiale a été créé en 2017 par l'arrêté primatoral N° 21787 du 11 décembre 2017. Il est depuis 2019 rattaché au Secrétariat général du Gouvernement du Sénégal. Il a pour mission de fixer les orientations stratégiques du programme de la Sécurité sanitaire mondiale " One Health " dans le cadre du respect du Règlement Sanitaire International (RSI 2005). En outre, il est chargé de veiller à la synergie et à la complémentarité des secteurs chargés des santés humaine, animale, environnementale, végétale et des sécurités publique, civile, alimentaire, nutritionnelle, sanitaire des aliments, ainsi que la radioprotection et sûreté nucléaire.

Dakar, le 26 octobre 2022 - La coordination du Programme de Sécurité Sanitaire mondiale " One Health ", organise en partenariat avec Speak Up Africa un atelier de mise à niveau et d'engagement des Ordres et des associations professionnelles de la santé globale ce mercredi à Dakar. La rencontre vise à renforcer les capacités de près de 70 participants sur l'approche " One Health " et définir le rôle des différents acteurs de la santé dans l'approche " One Health ".

La recrudescence des épidémies telles que la grippe H1N1, la maladie à Virus Ebola ou encore la Covid-19 et les importantes crises sanitaires et économiques qu'elles ont provoquées ont montré l'importance de l'approche " One Health ". Cette approche repose sur le principe que la protection de la santé humaine passe par celle de la santé animale, végétale et leurs interactions avec l'environnement.

Afin que les activités du Programme de Sécurité Sanitaire mondiale " One Health " soient mises en œuvre de manière efficiente, il est nécessaire que les professionnels de la santé puissent s'approprier cette approche. Ces derniers sont en première ligne pour identifier, recueillir et prévenir les événements sanitaires à haut risque de propagation.

L'approche " One Health " requiert des synergies entre les différents secteurs pour aborder les défis liés à la santé de manière intégrée. L'implication effective des professionnels de la santé dans le processus permettra d'anticiper et prévenir l'apparition des risques sanitaires et, en cas de survenue, les gérer efficacement pour limiter l'impact sur les populations.

Dr Adjaratou Diakhou NDIAYE, Secrétaire Permanent du Haut Conseil

Nous avons intégré l'approche " One Health " car en tant qu'acteurs de la santé, nous devons être résilients, présents dans les politiques de santé et il faut que nous travaillions tous ensemble pour que ce concept puisse véritablement toucher toutes les couches de la population et notamment celles vivant dans les territoires les plus reculés.

Dr Imam Thiam, Président de l'Ordre des docteurs vétérinaires du Sénégal

A propos du Haut Conseil National de Sécurité Sanitaire Mondiale " One Health " au Sénégal Le Haut Conseil national de la Sécurité sanitaire mondiale a été créé en 2017 par l'arrêté primatoral N° 21787 du 11 décembre 2017. Il est depuis 2019 rattaché au Secrétariat général du Gouvernement du Sénégal. Il a pour mission de fixer les orientations stratégiques du programme de la Sécurité sanitaire mondiale " One Health " dans le cadre du respect du Règlement Sanitaire International (RSI 2005). En outre, il est chargé de veiller à la synergie et à la complémentarité des secteurs chargés des santés humaine, animale, environnementale, végétale et des sécurités publique, civile, alimentaire, nutritionnelle, sanitaire des aliments, ainsi que la radioprotection et sureté nucléaire.

De plus en plus de pays africains font face à une résurgence de la poliomyélite moins de deux ans après que le continent ait été déclaré exempt de poliovirus sauvage par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). La covid-19 a, en effet, perturbé le fonctionnement des services de santé essentiels sur le continent ainsi que les campagnes de vaccination de routine contre les maladies évitables comme la poliomyélite. Rien qu'au Tchad par exemple, 842 cas de paralysies irréversibles dues au virus de la poliomyélite ont été signalés depuis janvier 2022. 842 enfants paralysés à vie alors qu'un vaccin aurait suffi à préserver leur santé. A ce jour, il n'existe pas encore de traitement curatif de la poliomyélite. La prévention par la vaccination reste la seule solution. Grâce aux campagnes de vaccinations de masse, 18 millions de cas de paralysies dues à la poliomyélite ont pu être évités ces dernières décennies. Des progrès spectaculaires ont été réalisés vers l'éradication de la poliomyélite. La résurgence des cas de poliomyélite est un recul regrettable, une menace grave pour toutes et tous. L'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite estime que si la maladie n'est pas éradiquée d'ici dix ans, jusqu'à 200 000 enfants pourraient être paralysés par la poliomyélite chaque année. En revanche, l'éradication de la maladie permettrait d'éviter jusqu'à 50 milliards de dollars US en dépenses de santé au niveau mondial pour les 20 prochaines années.

Investir dans la souveraineté vaccinale

En 2021, 25 millions d'enfants dans le monde n'ont pas reçu une ou plusieurs doses de vaccins qui les auraient protégés contre la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite selon l'OMS. En Afrique, plusieurs raisons expliquent cette absence de vaccination notamment la réticence des populations, les conflits, les rumeurs, la faiblesse du système de santé et d'assainissement, mais surtout l'hyper-dépendance vaccinale du continent. Aujourd'hui encore, l'Afrique importe 99% des vaccins de routine alors qu'elle représente un quart de la demande mondiale de vaccins de toute nature. Dans certains cas, cette dépendance aux importations - et les pénuries chroniques qu'elle entraine - nourrit l'hésitation des populations face aux vaccins. Investir dans le développement d'infrastructures locales de production de vaccins est donc un besoin vital et urgent pour le continent africain. En cela, l'élan impulsé par la covid-19 dans certains pays comme le Sénégal et le Rwanda ne doit pas s'estomper. En juillet 2021, le Sénégal a acté la création d'une usine de production de vaccins contre la covid-19 et d'autres maladies endémiques. Le Rwanda, pour sa part, a lancé en juin 2022 le projet de construction de la toute première usine de vaccins à ARN messager en Afrique. Ces signaux forts jettent les bases d'une souveraineté pharmaceutique et médicale indispensables pour garantir l'accès aux vaccins et préserver la santé des populations en Afrique.

Soutenir la recherche et le développement

Cependant, cette souveraineté ne serait entière si elle n'est pas soutenue par un financement durable de la recherche et l'innovation en Afrique. Quarante-deux après l'adoption du Plan d'action de Lagos, les pays africains peinent encore à atteindre l'objectif d'affecter au moins 1% de leur PIB au financement de la recherche et développement. Il est crucial que les pouvoirs publics, mais aussi le secteur privé, priorisent le développement d'une expertise scientifique africaine à travers le financement endogène de la recherche et développement. Investir dans la recherche permettra non seulement de renforcer notre potentiel de surveillance des épidémies, mais aussi notre capacité à développer des produits de santé (vaccins, diagnostics, thérapeutiques) destinés en priorité aux besoins africains encore peu pris en compte. En cela, le prochain Forum Galien Afrique, offrira une opportunité à la communauté scientifique, à la société civile, au secteur privé et aux pouvoirs publics africains de réfléchir aux mécanismes innovants de financement de la santé afin de tendre vers la couverture sanitaire universelle. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons renforcer nos systèmes de santé face aux résurgences de maladies infectieuses anciennes et aux nouvelles épidémies qui nous menacent.

Par Pr. Awa Marie Coll-Seck, ministre d'Etat du Sénégal

En dépit d'énormes difficultés économiques, les pays et les donateurs internationaux restent déterminés à investir dans la lutte contre les maladies les plus meurtrières au monde, à savoir le VIH, la tuberculose et le paludisme, comme l'a révélé la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial le mois dernier. 

Au cours des 20 dernières années, le Fonds mondial, une organisation internationale de financement et de partenariat, a investi plus de 55,4 milliards de dollars US, sauvant ainsi 50 millions de vies et réduisant de plus de 50% le taux de mortalité lié au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans les pays dans lesquels il opère.

Quarante-cinq-pays, dont dix-huit pays africains, ont pris des engagements financiers s'élevant à un montant record de 14,25 milliards de dollars pour son prochain cycle de financement (2023-2025). La reconstitution des ressources a également permis de recueillir plus de fonds auprès de donateurs privés et ce, pour un montant record de 1,23 milliard de dollars US.

Cependant, nous sommes face à une réalité : alors que les donateurs et les bailleurs de fonds se sont engagés à verser plus de fonds que précédemment, le fait de ne pas atteindre l'objectif de 18 milliards de dollars pourrait mettre en péril plus de 20 ans d'avancées durement acquises dans l'élimination des maladies les plus meurtrières de notre époque. Mais il y a encore de l'espoir, les gouvernements qui n'ont pas encore pris d'engagement ont encore la possibilité de le faire - nous appelons les dirigeants mondiaux à engager des ressources pour sauver 20 millions de vies du VIH, de la tuberculose et du paludisme en atteignant l'objectif de 18 milliards de dollars.

En outre, nous devons nous pencher sur les ressources inexploitées dont nous disposons déjà et sur la manière dont nous pouvons aller plus loin dans nos engagements et nos partenariats. Le secteur privé a un intérêt considérable dans la santé mondiale. Comme nous ne l'avons que trop bien appris avec la pandémie de COVID, une main-d'œuvre en bonne santé conduit à une économie plus saine et le secteur privé a un intérêt direct dans les résultats issus des politiques de santé mondiale. D'un point de vue macroéconomique, l'investissement d'une entreprise dans le bien-être de ses consommateurs a des retombées positives à long terme sur son développement économique et ce, grâce à la création de nouveaux marchés et à la disponibilité de ressources humaines supplémentaires. À lui seul, le paludisme ferait perdre à l'Afrique 4,3 milliards de jours de travail et 1,5 milliard de jours d'école, et coûterait au continent environ 12 milliards de dollars par an.  

L'engagement du secteur privé n'est pas nouveau. Le secteur privé joue déjà un rôle important dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et, face à la diminution des ressources publiques, nous devons nous concentrer sur la manière dont nous rationalisons et optimisons ces partenariats.

Par exemple, l'initiative "Zéro Palu ! Les Entreprises s'engagent" mobilise les entreprises du secteur privé dans la lutte contre le paludisme en Afrique et vise son élimination sur le continent. À ce jour, l'initiative est opérationnelle au Bénin, au Burkina Faso, au Sénégal et en Ouganda, avec 37 entreprises locales engagées. Ecobank, partenaire du secteur privé, relève le défi avec la ferme conviction que la lutte contre le paludisme est la responsabilité de toute la société, et s'engage donc à être à l'avant-garde du développement de solutions de financement innovantes et durables. 

Un autre exemple de partenariat public-privé est l'initiative "Voix EssentiELLES", un partenariat avec le Fonds mondial, la Fondation CHANEL et Speak Up Africa qui vise à fournir un soutien financier et technique pour stimuler l'impact des politiques et programmes de santé en Afrique de l'Ouest et ce, en assurant l'engagement et l'inclusion des femmes et des filles dans toute leur diversité dans les espaces de décision. 

Aujourd'hui, le Fonds mondial est leader dans l'établissement de partenariats novateurs et efficaces avec le secteur privé et dans l'accroissement des investissements du secteur privé, tout en veillant à ce que les organisations de la société civile et les communautés qu'elles représentent puissent prendre part aux discussions. Continuons à nous battre pour ce qui compte avec le secteur privé en stimulant son engagement dans la santé mondiale et en augmentant l'impact de ses investissements financiers et techniques dans le secteur.  

En tant qu’organisation , nous pouvons nous efforcer d'amener le secteur privé à participer à la discussion sur la santé mondiale au-delà des donateurs transactionnels. Pour ce faire, nous devons changer nos perspectives et nos perceptions du secteur privé, afin de le considérer comme un partenaire et une ressource pour l'échange de connaissances et la co-création, comme un moyen de débloquer l'innovation, de renforcer les systèmes de santé africains et d'assurer la santé pour tous.

Par Yacine Djibo, directrice exécutive, Speak Up Africa

En collaboration avec la coalition Transform Health et dans le but de construire un réseau au sein des pays d’Afrique francophone, des efforts ont été entamés pour effectuer l'état des lieux de la santé digitale dans la région.

A cette fin, des enquêtes préliminaires ont été menées au Sénégal, au Bénin et au Mali qui ont révélé un certain nombre de constats dont l’absence de cadre juridique, politique et réglementaire pour la santé digitale ; une prédominance des organisations de la société civile dans la mise en place et l’utilisation de plateformes digitales ; le manque de coordination entre les multiples initiatives existantes ; une faible littératie numérique à tous les niveaux (décisionnaire, prestataires de service et populations) et un manque de concertation au niveau régional malgré l’engagement notoire des organisations régionales telles que l'OOAS (Organisation ouest-africaine de la santé) dans la digitalisation.

L’adoption et l’utilisation de systèmes de santé digitaux à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest requièrent de mener un ensemble d’actions clés pour renforcer les écosystèmes en faveur de la digitalisation.

À l'occasion de la Digital Health Week, plusieurs acteurs engagés dans la santé digitale en Afrique de l’Ouest joignent leur plume pour proposer une lecture sur trois niveaux : les fonctions essentielles de la société civile, l’impératif engagement des décideurs pour un changement de politique et l’importance de la coordination et de l’harmonisation des pratiques et technologies.

5 raisons pour lesquelles mobiliser davantage la société civile

Reconnaître leur rôle de pionnier

Les ONG internationales et locales sont pour la plupart à l'origine du travail abattu dans le domaine de la digitalisation en Afrique de l’Ouest francophone. Leurs efforts ont permis jusqu’ici de créer une base à partir de laquelle des programmes nationaux peuvent être renforcés pour accélérer l’atteinte des objectifs de développement durable.

Accéder aux communautés sur le dernier kilomètre

L'accès aux services de santé par les populations habitant dans le dernier kilomètre, les populations les plus démunies qui résident en milieu urbain ainsi que celles en zones de conflit, reste un des plus grands défis à résoudre en matière de développement. Les organisations de la société civile continuent d'être les mieux placées pour accompagner les efforts gouvernementaux à accomplir cette difficile mission.

S’ouvrir aux entrepreneurs sociaux, nouveaux partenaires du Développement

Le modèle de développement tel que nous le connaissons est en train de changer avec notamment l'entrée dans le secteur de nouveaux acteurs tels que les entrepreneurs sociaux. Pour mettre à profit cette nouvelle dynamique, nous préconisons plus d’engagement de la part des acteurs traditionnels du développement avec ces nouveaux opérateurs privés qui servent une mission d’intérêt publique. On pourrait citer l’exemple de IT4LIFE, entreprise de l’économie sociale et solidaire basée à Dakar, fondée spécifiquement pour accompagner la société civile dans sa transformation digitale et développer des outils numériques pour renforcer l’impact des programmes, particulièrement dans le cadre de réponse humanitaire en Afrique de l’Ouest.

Répondre aux engagements de redevabilité

Les citoyens, étant au centre de la santé digitale, doivent saisir les différents apports des outils numériques à la santé et soutenir cette transformation. La digitalisation de la santé est une problématique qui implique l’ensemble des parties prenantes, de la conception à la mise en œuvre de politiques et programmes afin qu’ils soient pleinement inclusifs.

Le respect des principes de redevabilité est un indicateur clé. Au-delà des règles imposées par les aussi bien les bailleurs, on observe que les communautés insistent pour que les uns et les autres respectent leurs engagements. Bien que le rôle joué par les organisations de la société civile dans cette délicate tâche reste sensible, ces derniers sont les mieux placés pour assurer le rôle de veille.

Construire des écosystèmes sur l’approche “bottom-up”

Si l’approche top-down a des avantages, par exemple pour impulser une vision, mettre en place des cadres réglementaires et contrôler la gouvernance de données, les écosystèmes se forment souvent en mode bottom-up, par effet de partage et capitalisation de solutions et de synergies entre des organisations. Parmi les organisations qui ont initié, dans cette dynamique, des activités en vue de renforcer les écosystèmes pour la digitalisation à l'échelle nationale , nous pouvons citer Path, Terre des Hommes, IT4Life et Kaikai qui ont co-fondé la Communauté e-Health Sénégal, et plus récemment l’Institut Baobab et l’organisation Speak Up Africa qui, en partenariat avec la coalition Transform Health, ont démarré le réseau de santé digitale en Afrique de l’Ouest (ReSAF ).

Pour l’engagement des acteurs décisionnels

Mettre la priorité sur la gouvernance de données

Dans tous les secteurs, et particulièrement dans celui de la santé, la technologie évolue rapidement et les politiques doivent suivre. Pour créer cet environnement favorable et durable, la transformation digitale et les questions liées à la gouvernance des données de santé doivent être une priorité pour les gouvernements. Les approches liées à la santé digitale doivent s’aligner aux stratégies et priorités nationales sanitaires afin de renforcer les systèmes de santé.

Saisir les opportunités des approches multisectorielles

Les acteurs clés concernés par la digitalisation de la santé, qui s’engagent dans des approches multisectorielles, favorisent l’apprentissage par les pairs, le partage d’expériences, et les bonnes pratiques. Cette multisectorialité permet de renforcer les actions de plaidoyer envers les décideurs afin de mieux prioriser la gouvernance des données mais également d’impliquer directement les professionnels de la santé qui sont en première ligne et utilisent les outils numériques pour soigner leurs patients.

L’engagement multi-acteurs est aussi une opportunité de capitaliser sur la participation de différentes parties prenantes à des événements stratégiques tels que l’Assemblée mondiale de la santé (WHA) ou encore l’Assemblée générale des Nations Unies et d’appeler les décideurs à l’action. Ces événements rappellent l’importance d’atteindre les Objectifs de Développement Durable, et notamment l’objectif 3 visant à l’accès à la santé pour tous, et offrent également une plateforme sans précédent pour la mise en avant de l’importance de la digitalisation des systèmes de santé.

Mobiliser les ressources financières

Le plaidoyer envers les décideurs vise également à soutenir les efforts de mobilisation de ressources, car dans certains contextes, la digitalisation est une réalité, mais les acteurs restent confrontés à un manque de ressources financières. Pour un investissement plus large dans la digitalisation des systèmes de santé, les gouvernements doivent prioriser l’augmentation du financement national lié à la santé et coordonner leurs actions avec les organisations internationales.

La santé digitale : un enjeu technologique centré sur l'humain

Améliorer la coordination technologique

Dans de nombreux pays, et pas seulement en Afrique de l’Ouest, la santé digitale est encore à l’état d’amalgame de solutions diverses, initiées et maintenues sous la responsabilité de différents acteurs. A ce stade, ces différentes solutions ne sont pas organisées sous un concept d’intégration ou selon une vision technologique pour le système global. Pour aller vers une architecture de système cohérente et robuste, il est donc nécessaire d'améliorer la coordination entre les différents porteurs de projet, responsables et départements pour ensuite pouvoir aborder une meilleure intégration technique.

Utiliser les normes et standards internationaux

Pour garantir des architectures robustes, il est nécessaire de se baser sur des normes et standards d’interopérabilité existants. Ceci permet d’échanger entre les différents systèmes et donc de faire évoluer l’architecture sans devoir modifier les différentes solutions utilisées. Des communautés comme IHE, OpenHIE et standards comme FHIR ont prouvé leur efficacité dans d'autres pays. Pour l’Afrique de l’Ouest, l'enjeu est d’harmoniser le cadre et la réglementation pour faciliter les partenariats entre acteurs publics et privés de la sous-région, avec un guide commun pour la sélection et la validation de ces standards. Partager les mêmes normes permet également de former des communautés locales de pratiques et de construire des expertises localisées, au plus près des contextes et des utilisateurs.

Pour des biens communs (global goods) de la santé digitale adaptés au contexte Ouest Africain

Les décideurs et opérateurs de la santé digitale sont face à la multitude d’outils qui ont été développés et déployés avec succès, et certains ont été mis à échelle au niveau national. L’existence de ces “global goods” doit permettre d’éviter de recréer la roue, et de se baser sur des systèmes qui ont été testés, évalués et validés par des professionnels de la santé. Néanmoins, pour des outils qui font référence dans d’autres régions du monde, il est nécessaire d’assurer que les adaptations au contexte Ouest-Africains soient prisent en compte. Ceci renforce la nécessité de construire un réseau de techniciens, reconnus dans leur secteur et porteurs d’excellence, qui soit en mesure de développer les adaptations nécessaires et de contribuer au déploiement inclusif de ces solutions. Cette expertise locale est essentielle à l’émergence de biens publics Made in West Africa .

Créer un écosystème public-privé pour la mise en place et la maintenance

Le développement de la santé digitale en Afrique de l’Ouest est fortement soutenu par des partenaires qui opèrent avec le soutien financier de bailleurs de fonds. Les cycles programmatiques et de financement ne permettent pas toujours d’assurer la continuité des activités. Se pose la question des formats de partenariats pour assurer la pérennité des solutions. Il est aussi nécessaire d’assurer le renforcement des capacités et des connaissances des Global Goods, des normes et standards, des architectures pour la santé, des approches d'intégration et de déploiement. Ces besoins existent du côté des Ministères ou d’agences gouvernementales, mais aussi des fournisseurs de services et des intégrateurs de solutions locaux et régionaux. Les écosystèmes durables reposent sur des partenariats public-privé, alignés sur une vision commune, au service de la mise en place et la maintenance des global goods de la santé digitale.

Conclusion

L’adoption harmonisée et à échelle de systèmes de santé digitaux en Afrique de l’Ouest repose sur des écosystèmes d’une nature nouvelle. Construits en top-down sous le leadership des décideurs et en bottom-up par l’action des acteurs proches du terrain. Guidés par des normes et des standards communs issus des bonnes pratiques et adaptés au contexte local et régional. Engagés dans l’utilisation de global goods et fondés sur une démarche de partenariats public-privé.

Le réseau de la santé digitale en Afrique de l’Ouest (ReSAF) est ainsi une initiative qui permet de rassembler les experts du digital, les professionnels de la santé, la société civile et des organisations afin de pouvoir coordonner des actions qui viseront à amplifier les efforts des parties prenantes dans la santé digitale en et faciliter l’implémentation des outils digitaux au sein des systèmes de santé.

Enfin, nous ne l’oublions pas, derrière les enjeux technologiques, la santé digitale est avant tout centrée sur l’humain. La relation soignant-patient, la couverture santé pour tous et le bien-être de chacun sont au cœur de notre action collective.

Comment rejoindre le ReSAF ?
A propos des co-auteurs
Baobab Institute www.baobabinstitute.org

L’institut Baobab est une plateforme qui met l’accent sur 3 domaines fondamentaux pour l'ère post-covid notamment la localisation, la digitalisation et l'entreprenariat pour le développement. Parmi nos membres fondateurs, nous comptons des experts renommés et des champions de la santé globale qui ont contribué de façon substantielle au progrès réalisé dans la planification familiale en Afrique francophone de l’Ouest. Nous comptons tirer parti de cette expertise pour accélérer les progrès du mouvement global pour la PF dans la région.

Speak Up Africa www.speakupafrica.org

Basée à Dakar, au Sénégal, Speak Up Africa est une organisation à but non lucratif de plaidoyer dédiée à catalyser le leadership, favoriser le changement de politiques et accroître la sensibilisation en faveur du développement durable en Afrique. À travers ses plateformes, et avec l’appui de ses partenaires, Speak Up Africa s'assure que les décideurs politiques rencontrent les agents de mise en œuvre ; que les solutions soient mises en valeurs et que chaque secteur des citoyens à la société civile en passant par les partenaires techniques et financiers et les entreprises participe de manière active au dialogue et s’efforce de poser des actions concrètes en faveur de la santé publique et du développement durable.

Kai-Kai www.kaikai.dev

Nous sommes une équipe de conseillers en développement numérique et offrons des services de conseil stratégique et technique au secteur privé, aux donateurs, aux partenaires de mise en œuvre et aux ONG. Nous répondons aux besoins locaux en co-créant des programmes à fort impact, en renforçant les relations et les capacités locales et en tirant parti des partenariats avec le secteur privé. Kaikai est co-fondateur de la Communauté e-Santé (Sénégal).

IT4LIFE www.it4life.org

Entreprise de services numériques solidaires, IT4LIFE accompagne la transformation digitale du secteur non-profit en Afrique et en France. Née au Sénégal en 2017, l’entreprise reconnue d’utilité publique a réalisé près de 140 projets réalisés dans plus de 20 pays, avec une passion pour les projets de collecte de données de programmes et de structuration des Systèmes d’information de santé. IT4LIFE est membre fondateur de la Coalition Tech For Good (France) et co-fondateur de la Communauté e-Santé (Sénégal).

Le Programme National de Lutte contre les maladies tropicales négligées (PNLMTN), a organisé, du 26 au 29 septembre à Koudougou, une rencontre d'information et de sensibilisation des Responsables de la Promotion de la Santé (RPS). Cette rencontre organisée avec l'appui de Speak Up Africa a permis de renforcer les compétences de quarante Responsables de la Promotion de la Santé, acteurs incontournables de la lutte contre les maladies tropicales négligées au Burkina Faso.

Sur les 20 maladies tropicales négligées (MTN) classées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 19 sévissent actuellement au Burkina Faso. En 2019, 2,92 millions de personnes ont reçu un traitement contre ces maladies.

Afin d'atteindre l'objectif d'élimination de ces MTN d'ici à 2030 dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD), les actions individuelles et collectives des différents acteurs impliqués dans la lutte contre ces maladies doivent être renforcées. 

" Acteurs clés de la sensibilisation et la promotion de la santé au niveau communautaire, l'appui des responsables de la Promotion de la Santé (RPS) est capital pour la mise en œuvre des stratégies additionnelles de sensibilisation et pour l'adhésion des populations aux traitements de masse lors des campagnes de distribution des médicaments pour les 5 MTN à chimiothérapie préventive. Les RPS ont aussi un rôle à jouer pour le renforcement du plaidoyer pour la mobilisation des ressources internes pour soutenir les efforts du gouvernement et des partenaires. "

Mme Sawadogo Christine,
responsable de l'Unité communication du Programme national de lutte contre les MTN du Burkina Faso.  

Au cours de ces trois (03) jours d'échange, les différents chefs d'unités du programme ont renforcé les connaissances et compétences des participants sur les stratégies de lutte, les acquis, les défis et les perspectives de la lutte contre les 5 MTN endémiques au Burkina Faso. Il s'agit de la filariose lymphatique, l'onchocercose, la schistosomiase, les vers intestinaux et le trachome qui sont évitables par la chimio-prévention. La stratégie de lutte contre ces 5 MTN consiste en l'administration de masse de médicaments aux populations vivant dans les zones touchées par ces maladies, durant des campagnes périodiques.

La formation en plaidoyer et communication stratégique fournie par Speak Up Africa a visé à renforcer la collaboration entre les Responsables de la Promotion de la Santé, le programme et ses partenaires afin d'intensifier les efforts de sensibilisation des communautés mais aussi le plaidoyer pour la priorisation et la mobilisation des ressources pour l'élimination des MTN d'ici à 2030. 

Contrairement aux 3 maladies mortelles que sont le paludisme, le SIDA et la tuberculose, Les MTN figurent dans les priorités de santé mais ne bénéficient pas d'allocation budgétaire adéquate au sein des budgets nationaux.

" À travers cette formation, notre ambition est d'accroître la masse critique d'acteurs engagés pour soutenir les efforts pour l'élimination des MTN en tant que problème de santé publique dans notre pays. Nantis de ces connaissances et surtout des succès et défis à relever, nous avons bon espoir que les nouvelles compétences en plaidoyer et communication stratégiques données aux RPS nous permettront ensemble d'accompagner le gouvernement pour l'atteinte des objectifs du pays sur ce chantier. "

Roukiattou Ouédraogo,
coordonnatrice nationale de Speak Up Africa au Burkina Faso

La septième conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui se tiendra la semaine prochaine à New York, est cruciale pour les communautés africaines du continent ainsi que pour les diasporas, qui appellent la France à renforcer son soutien au Fonds mondial pour sauver 20 millions de vies supplémentaires d'ici 2026 et faire progresser la lutte contre les trois épidémies.

Paris, 14 septembre 2022 - Après des événements de mobilisation à Berlin et à Londres, le 13 septembre, l'Hôtel de Ville de Paris a été le théâtre de multiples voix pour exiger la reconstitution intégrale du Fonds mondial. Les diasporas africaines en France ont rejoint les communautés africaines et les organisations de la société civile pour sensibiliser les dirigeants français à l'urgence d'intensifier la lutte contre le paludisme. La réunion a rassemblé des élus, des leaders des communautés africaines et des personnalités du monde artistique, culturel et sportif africain, aux côtés des co-organisateurs de l'événement, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Le partenariat RBM pour mettre fin au paludismeEsprit d'Ebène, Speak Up Africa, et la Mairie de Paris, ainsi que les partenaires de l'événement : Global Health Advocates, ONE, Elus Locaux contre le SIDA, Impact Santé Afrique et Friends of the Global Fund Europe. Ils partageaient le même objectif, à savoir envoyer un message fort au gouvernement français - la France est le premier donateur européen du Fonds mondial et le deuxième donateur mondial - et aux dirigeants mondiaux pour qu'ils reconstituent le Fonds mondial à hauteur de 18 milliards de dollars minimum, afin de sauver 20 millions de vies supplémentaires du paludisme, du VIH/SIDA et de la tuberculose.

La conférence de reconstitution des ressources : un moment crucial pour aider à financer la lutte contre le paludisme

Les maladies infectieuses ont un impact disproportionné sur les communautés les plus vulnérables et nécessitent un engagement constant et ambitieux. Si l'attention s'est récemment portée sur la pandémie de COVID-19, d'autres maladies comme le paludisme, le VIH/sida et la tuberculose continuent de faire des ravages. Elles ont un impact dévastateur et empêchent des millions de personnes - la majorité vivant dans la pauvreté - d'accéder à l'emploi, aux soins de santé et à l'éducation.

La pandémie de COVID-19 a eu un impact dévastateur sur la lutte contre ces maladies. Le paludisme est à un tournant : pour la première fois depuis des décennies, le nombre de décès dus au paludisme est reparti à la hausse avec 69 000 décès supplémentaires, ce qui porte le nombre total de décès à 627 000 en 2020. L'impact de la stagnation des financements, les urgences humanitaires, ainsi que la menace croissante de la résistance aux médicaments et aux insecticides, ont eu un impact sur notre capacité à progresser.

Cependant, ces maladies ne sont pas inéluctables et il est possible de se mobiliser pour y mettre fin et atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies. Un Fonds mondial doté de toutes les ressources nécessaires est essentiel pour mettre fin au paludisme, faire progresser l'équité en matière de santé et mettre en place des systèmes de santé résilients. 

Depuis 2002, le Fonds mondial a sauvé plus de 50 millions de vies, réduit de plus de moitié la charge du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose et renforcé les systèmes de santé des communautés les plus vulnérables du monde. Ce chiffre inclut 10,6 millions de vies sauvées du paludisme et 1,7 milliard de cas de paludisme évités, ce qui représente l'un des plus grands succès sanitaires de ce siècle. 

La reconstitution intégrale du Fonds mondial est essentielle pour intensifier la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au cours des trois prochaines années. Si la France et les autres donateurs renouvellent pleinement leur soutien, nous pourrons mettre fin à ces trois épidémies d'ici 2030.

Françoise Vanni, chef des relations extérieures et de la communication, Fonds mondial

Malgré les progrès réalisés à ce jour, 627 000 personnes sont mortes du paludisme, presque toutes sur le continent africain. Cela représente une augmentation de 69 000 décès dus au paludisme par rapport à l'année précédente. Tragiquement, le paludisme tue aujourd'hui un enfant chaque minute. Le paludisme fait des ravages dans nos familles, nos communautés et nos économies. Plus de 300 millions de personnes vivant dans les pays francophones sont menacées par le paludisme. Cinq des onze pays les plus touchés par le paludisme se trouvent en Afrique francophone.

La France a toujours fait preuve d'un leadership et d'une solidarité remarquables dans le financement de la santé et en a encore donné un bel exemple lors de la reconstitution des ressources du Fonds mondial en 2019 en fournissant 14 milliards de dollars pour lutter contre ces trois maladies. Les dirigeants mondiaux doivent maintenant s'unir pour faire à nouveau ce qu'il faut en intensifiant ces engagements et en investissant au moins 18 milliards de dollars pour mettre fin aux épidémies de VIH/sida, de tuberculose et de paludisme.

Dr Corine Karema, directrice par intérim du Partenariat RBM pour l'éradication du paludisme.

96 % des décès dus au paludisme surviennent en Afrique ; les femmes sont les plus touchées par la maladie, les enfants et les femmes enceintes étant les plus exposés. Ce constat est alarmant. Nous avons besoin de politiques conçues et fondées sur l'expérience des femmes, et de davantage de fonds pour soutenir notre participation aux processus décisionnels.

Fatimata Sy, secrétaire exécutive de l'Association sénégalaise pour l'avenir des femmes et des enfants et bénéficiaire du Fonds Voix Essentielles au Sénégal.

En tant que jeunes, nous sommes préoccupés par la sécurité de notre avenir, et des maladies telles que le paludisme, le VIH/sida et la tuberculose continuent de faire des ravages dans nos communautés. Comme 70 % des Africains n'ont pas encore 30 ans, nous avons la capacité et le pouvoir de pousser les dirigeants mondiaux à atteindre leurs objectifs et à éliminer ces maladies.

Farida Tiemtore, présidente des Héroines du Faso et bénéficiaire du Fonds Voix Essentielles au Burkina Faso

Les effets du paludisme, du VIH/sida et de la tuberculose touchent particulièrement les populations vulnérables de nos communautés africaines, et la pandémie de COVID-19 a considérablement ralenti nos progrès collectifs vers l'élimination de ces maladies. Les enjeux sont extrêmement importants, c'est pourquoi nous devons tous travailler à la mobilisation de ressources supplémentaires au niveau national et mondial pour mettre fin à ces maladies évitables et traitables d'ici 2030. L'heure est venue de prendre des engagements concrets à plus grande échelle.

Aké Natondé, député à l'Assemblée nationale du Bénin et président de la Commission éducation, culture, emploi et affaires sociales

Les élus et nos gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre le paludisme, le VIH/SIDA et la tuberculose. Nous pouvons les éradiquer si nous avons la volonté politique de le faire.

Jean-Luc Romero-Michel, Adjoint au Maire de Paris chargé des droits de l'homme, de l'intégration et de la lutte contre les discriminations
ROME - Les enfants en âge d'aller à l'école subissent de plein fouet la crise alimentaire mondiale actuelle, avec des conséquences dévastatrices pour leur éducation et leur capacité à rattraper les connaissances perdues pendant les fermetures d'écoles du COVID, avertissent le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, l'Agence de développement de l'Union africaine (NEPAD) et les organisations travaillant dans le domaine de l'éducation, notamment la Commission de l'éducation présidée par Gordon Brown, ancien Premier ministre britannique et envoyé spécial des Nations Unies pour l'éducation mondiale. 

Le PAM estime que la crise alimentaire mondiale a plongé 23 millions de jeunes de moins de 18 ans supplémentaires dans une insécurité alimentaire aiguë depuis le début de l'année, ce qui porte à 153 millions le nombre total d'enfants concernés. Cela représente près de la moitié des 345 millions de personnes confrontées à la faim aiguë, selon les données du PAM provenant de 82 pays.

La crise alimentaire mondiale menace l'avenir de millions d'enfants en âge d'être scolarisés qui viennent à peine de retourner en classe après la pandémie de Covid-19. De nouveaux éléments indiquent des pertes d'apprentissage sans précédent pendant la pandémie, qui risquent d'être aggravées par la crise alimentaire actuelle. La Banque mondiale estime que la proportion d'enfants de 10 ans ne sachant ni lire ni écrire dans les pays en développement les plus pauvres est passée de 53 % à 75 %.

" Comme chaque parent et chaque enseignant le comprend, la faim est l'un des plus grands obstacles à un apprentissage efficace - et la flambée de la faim chez les enfants d'âge scolaire représente désormais un danger réel et présent pour une reprise de l'apprentissage. Pour les enfants qui souffrent de la faim dans leur classe, nous disposons d'un antidote prêt à l'emploi et rentable : les programmes de repas scolaires. Utilisons-le, "

...
" Le Sommet de la transformation de l'éducation est une occasion cruciale de s'attaquer à la crise de la faim. "

Gordon Brown

En prévision de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) et du Sommet "Transformer l'éducation" à New York, le PAM et ses partenaires appellent à un plan d'action ambitieux pour rétablir les programmes de repas scolaires perturbés par la pandémie et étendre leur portée à 73 millions d'enfants supplémentaires. Les estimations détaillées des coûts de ce plan suggèrent qu'environ 5,8 milliards de dollars par an seraient nécessaires.

Ce plan viendrait compléter des mesures plus larges de lutte contre la faim des enfants, notamment l'expansion des programmes de santé infantile et maternelle, le soutien aux enfants non scolarisés et l'augmentation des investissements dans les filets de sécurité. Selon le PAM, le niveau de la faim chez les 250 millions d'enfants non scolarisés est presque certainement plus élevé que chez les enfants scolarisés.

" Des millions d'enfants vivent avec les conséquences des crises alimentaire et d'apprentissage qui se renforcent mutuellement. Pourtant, le lien entre la faim et les opportunités d'apprentissage perdues doit être plus important dans l'agenda international - et les programmes de repas scolaires peuvent aider à briser ce lien. Ne pas investir dans les programmes de repas scolaires est peut-être l'une des pires décisions économiques que les gouvernements et les donateurs puissent prendre, surtout maintenant. "

Carmen Burbano, directrice de la Division des programmes scolaires du PAM

Les programmes de repas scolaires font partie des filets de sécurité sociale les plus importants et les plus efficaces pour les enfants d'âge scolaire. Non seulement ils maintiennent les enfants, en particulier les filles, à l'école, mais ils contribuent à améliorer les résultats de l'apprentissage en fournissant des régimes alimentaires meilleurs et plus nutritifs. Ils soutiennent également les économies locales, créent des emplois et des moyens de subsistance dans les communautés et, en fin de compte, contribuent à rompre les liens entre la faim, un système alimentaire non durable et la crise de l'apprentissage.

Le sommet "Transformer l'éducation" doit produire des résultats, a déclaré Wawira Njiru, qui dirige la Food for Education Foundation, une ONG qui met en œuvre des programmes de repas scolaires au Kenya, et qui est l'un des responsables du "groupe de communication et de sensibilisation des partenaires" de la coalition.

" Les effets à long terme de la faim et de la malnutrition sont dévastateurs pour le Kenya, et pour les enfants en particulier. Les enfants n'ont pas le droit de vote, et on ne leur demande pas quelles sont leurs principales priorités. Nous avons le devoir moral de veiller à ce que chacun soit mieux protégé contre les flambées des prix alimentaires et les chocs économiques. Ne pas le faire, c'est littéralement handicaper l'avenir de notre pays. "

Njiru

Une coalition croissante de gouvernements s'est réunie pour créer la Coalition pour les repas scolaires, qui vise à garantir que chaque enfant puisse recevoir un repas sain et nutritif, complété par d'autres interventions sanitaires, d'ici 2030. Sous l'impulsion de la France et de la Finlande, 70 pays, soutenus par plus de 70 organisations, ont travaillé sans relâche pour développer les programmes de repas scolaires, en augmentant les investissements nationaux en réponse à la crise.

Par exemple, au Rwanda, sous la direction du président Kagame, le programme national de repas scolaires a augmenté sa couverture de 660 000 à 3,8 millions d'enfants en deux ans, tandis qu'au Bénin, le président Patrice Talon s'est engagé à augmenter le budget du programme national de repas scolaires de 79 millions de dollars à 240 millions de dollars au cours des cinq prochaines années. Les États-Unis se sont engagés à fournir 943 millions de dollars US pour l'année prochaine afin de soutenir l'achat d'aliments cultivés localement pour leur effort national de repas scolaires en réponse aux impacts continus de la hausse des coûts alimentaires.

" Les pays africains reconnaissent depuis longtemps les avantages de l'alimentation scolaire pour protéger la santé, la nutrition et l'éducation des enfants, tout en renforçant les systèmes alimentaires locaux. L'appropriation et l'engagement des pays sont la clé. Les efforts visant à protéger et à développer ces programmes sont aujourd'hui plus importants que jamais, afin de protéger les jeunes d'Afrique des crises alimentaire et éducative qui s'entrechoquent. "

Fati N'zi-Hassane, responsable du capital humain et du développement institutionnel à l'Agence de développement de l'Union africaine, membre du groupe de travail de la Coalition pour la distribution de repas scolaires.

Malgré certains progrès, les sombres perspectives économiques mondiales et le surendettement des pays à faible revenu restent le principal obstacle à l'expansion des programmes de repas scolaires. Le PAM, la Commission de l'éducation et les partenaires de l'éducation appellent donc à trois choses : la priorité accordée aux programmes de santé et de nutrition scolaires lors du Sommet sur la transformation de l'éducation ; l'extension des filets de sécurité tels que les repas scolaires dans le cadre de la réponse à la crise alimentaire ; et une réponse robuste des donateurs pour correspondre aux engagements nationaux déjà pris par les pays à revenu faible et intermédiaire. Ces actions doivent également faire l'objet d'un suivi afin d'encourager une plus grande ambition et de fournir une responsabilité critique. Ces actions doivent être menées parallèlement à des investissements fondamentaux dans les services de santé et de nutrition maternels et infantiles afin de maximiser l'impact sur les 8000 premiers jours de la vie et de préparer les enfants à une vie plus saine et plus prospère.

" Donner la priorité à la santé scolaire est un investissement économique et social judicieux. Un financement durable et adéquat de la santé scolaire, y compris l'alimentation scolaire, l'eau et l'assainissement, le déparasitage et la vaccination, permettra de libérer tout le potentiel du capital humain et de la résilience de nos pays, tout en favorisant l'équité et l'inclusion dans l'ensemble du programme de développement durable. "

Yacine Diop Djibo, Fondateur et Directeur exécutif SpeakUpAfrica

La septième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui aura lieu la semaine prochaine à New York, est cruciale pour les communautés africaines du continent et les diasporas qui appellent la France à renforcer son soutien au Fonds mondial pour sauver 20 millions de vies supplémentaires d'ici 2026 et faire avancer la lutte contre les trois épidémies.

Après des événements de mobilisation à Berlin et Londres, c'est à l'Hôtel de Ville de Paris que des voix multiples ont résonné le 13 septembre pour demander la reconstitution complète des ressources du Fonds mondial. Les diasporas africaines de France ont uni leur voix aux communautés africaines et aux organisations de la société civile pour sensibiliser les dirigeants français à l'urgence d'intensifier la lutte contre le paludisme.

Cette rencontre a réuni des élu.e.s, responsables communautaires africains et des personnalités du monde artistique, culturel et sportif africain, aux côtés des co-organisateurs de l'événement, le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme , Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, Esprit d'Ebène, Speak Up Africa, et la Mairie de Paris, ainsi que des partenaires de l'événement : Action Santé Mondiale, ONE, Elus Locaux contre le SIDA, Impact Santé Afrique et les Amis du Fonds Mondial Europe. Un même objectif les a rassemblés : lancer un message fort au gouvernement français - la France étant le premier donateur européen du Fonds mondial et deuxième donateur mondial- et aux dirigeants mondiaux pour reconstituer le Fonds mondial à hauteur d'un minimum de 18 milliards de dollars, afin de sauver 20 millions de vies supplémentaires du paludisme, du VIH/SIDA, et de la tuberculose.

La Conférence de reconstitution : un enjeu crucial pour aider au financement de la lutte contre le paludisme

Les maladies infectieuses ont un impact disproportionné sur les communautés les plus vulnérables, et requièrent un engagement constant et ambitieux. Bien que l'attention ait été concentrée récemment sur la pandémie de COVID-19, d'autres maladies comme le paludisme, le VIH/Sida et la tuberculose continuent de faire des ravages. Elles dévastent, accablent et empêchent des millions de personnes - dont la majorité vit dans la pauvreté - d'accéder à l'emploi, aux soins de santé et à l'éducation.

La pandémie de COVID-19 a eu un impact dévastateur sur la lutte contre ces maladies. Le paludisme se trouve à un tournant précaire : pour la première fois depuis des décennies, le nombre de morts du paludisme est reparti à la hausse avec 69,000 décès additionnels, portant le nombre total de décès à 627,000 en 2020. L'impact de la stagnation des financements, des urgences humanitaires, ainsi que la menace croissante de la résistance aux médicaments et aux insecticides, ont eu un impact sur notre capacité à progresser.

" Malgré les progrès réalisés à ce jour, 627 000 personnes sont mortes de paludisme - presque toutes sur le continent africain. Cela représente une augmentation de 69 000 décès dus au paludisme par rapport à l'année précédente. Tragiquement, aujourd'hui le paludisme tue un enfant chaque minute. Le paludisme pèse sur nos familles, nos communautés et nos économies. Plus de 300 millions de personnes vivant dans les pays francophones sont à risque de paludisme, avec 5 des onze pays les plus touchés par le paludisme situés en Afrique francophone. La France a toujours fait preuve d'un leadership et d'une solidarité remarquable dans le financement de la santé et a démontré encore un bel exemple lors de la reconstitution des ressources du Fonds mondial en 2019 pour fournir 14 milliards de dollars pour lutter contre ces trois maladies. Les dirigeants mondiaux doivent maintenant s'unir pour faire à nouveau ce qui est juste en intensifiant ces engagements et en investissant au moins 18 milliards de dollars pour mettre fin aux épidémies de VIH/Sida, de tuberculose et de paludisme " s'est ainsi exprimée le Dr Corine Karema, directrice par intérim du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme.

Pour autant, ces maladies ne sont pas une fatalité, il est possible de se mobiliser pour y mettre fin et atteindre les Objectifs de Développement Durable fixés par les Nations Unies. Un Fonds mondial doté de toutes les ressources est essentiel pour mettre fin au paludisme, faire progresser l'équité en matière de santé et mettre en place des systèmes de santé résiliants.

" La reconstitution complète des ressources du Fonds mondial est essentielle pour intensifier la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au cours des trois prochaines années. Si la France et les autres donateurs nous renouvellent pleinement leur soutien, nous pouvons en finir avec ces trois épidémies d'ici 2030 " a déclaré Françoise Vanni, Directrice des relations extérieures et de la communication du Fonds mondial.

Depuis 2002, le Fonds mondial a sauvé plus de 50 millions de vies, réduit le fardeau du VIH/Sida, du paludisme et de la tuberculose de plus de moitié et renforcé les systèmes de santé dans les communautés les plus vulnérables du monde. Cela comprend 10,6 millions de vies sauvées du paludisme et 1,7 milliard de cas de paludisme évités, soit l'un des plus grands succès de ce siècle en matière de santé.

" Les effets du paludisme, du VIH/Sida et de la tuberculose affectent tout particulièrement les populations vulnérables dans nos communautés africaines et la pandémie de la COVID-19 a considérablement ralenti nos progrès collectifs vers l'élimination de ces maladies. Les enjeux sont extrêmement élevés, c'est pourquoi nous devons toutes et tous œuvrer pour mobiliser des ressources additionnelles au niveau national et mondial, pour mettre un terme à ces maladies évitables et traitables d'ici 2030. C'est maintenant qu'il nous faut des engagements concrets et à plus grande échelle ! " a affirmé l'Honorable Aké Natondé, Député à l'Assemblée nationale du Bénin et Président de la commission de l'éducation, de la culture, de l'emploi et des affaires sociales.

Ont également participé à l'événement, en personne et en ligne, deux récipiendaires du Fonds Voix Essentielles, une initiatives co-financée par le Fonds mondial et la Fondation CHANEL et mise en oeuvre depuis juillet 2021 au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Sénégal.

" Parmi les décès dus au paludisme, 96 % se produisent en Afrique ; les femmes sont les plus touchées par cette maladie, les enfants et les femmes enceintes étant les plus exposés. C'est un signal d'alarme. Nous avons besoin de politiques conçues et fondées sur l'expérience des femmes, et d'un financement plus important pour soutenir notre participation aux processus décisionnels " a noté Fatimata Sy, Secrétaire exécutive de l'Association sénégalaise pour l'avenir de la femme et de l'enfant et récipiendaire du Fonds Voix Essentielles au Sénégal.

Voix Essentielles vise à soutenir et stimuler l'impact des politiques et des programmes de santé en Afrique de l'Ouest et du Centre en assurant, de manière significative dans tous les espaces de prise de décision, l'engagement et l'inclusion des femmes et des filles dans toute leur diversité.

" En tant que jeunes, nous sommes préoccupés par la sécurité de notre avenir, et des maladies comme le paludisme, le VIH/Sida et la tuberculose continuent de faire des ravages dans nos communautés. Alors que 70 % des Africains n'ont pas encore 30 ans, nous avons la capacité et le pouvoir de faire pression pour que les dirigeants mondiaux atteignent les objectifs d'élimination de ces maladies " a ajouté Farida Tiemtore, Présidente des Héroines du Faso et récipiendaire du Fonds Voix Essentielles au Burkina Faso.

L'événement, ayant rassemblé une centaine de personne, s'est clôturé par un discourrs de Mr. Jean-Luc Romero Michel.

" Les élus et nos gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre le paludisme, le VIH/Sida et la tuberculose. Nous pouvons les éradiquer si nous avons la volonté politique nécessaire " a ainsi conclu Jean-Luc Romero-Michel, Adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l'intégration et de la lutte contre les discriminations.

La pandémie de la Covid-19 a fragilisé les systèmes de santé, et notamment les plus précaires. Les interventions liées aux Maladies Tropicales Négligées ont été les plus fréquemment et sévèrement touchées au niveau mondial. En effet, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, 44 % de tous les programmes de lutte contre les MTN dans le monde ont été perturbés par la pandémie.

Au Niger, 72 districts sont endémiques à au moins une MTN. Le pays s'est engagé à éliminer, avant 2030, le trachome et la filariose lymphatique, après être parvenu à contrôler l'onchocercose en 2021.

Du 5 au 9 septembre, le Programme National de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (PNLMTN) du Niger, avec l'appui de Speak Up Africa, organise un atelier d'élaboration du plan national de plaidoyer pour la lutte contre les MTN 2022-2025 à Dosso en présence du secteur public, d'organisations, de la société civile et de partenaires techniques et financiers.

Cet atelier a pour objectif de doter le PNLMTN d'un nouveau plan national de plaidoyer afin d'harmoniser la programmation et la mise en œuvre des stratégies et activités de plaidoyer et de garantir l'alignement de toutes les activités de plaidoyer avec le plan stratégique national 2017-2021.

Ce nouveau plan, établi à la suite du plan stratégique national de lutte contre les MTN 2017-2021, prenant en compte le contexte de la pandémie, permettra de garantir une lutte contre les MTN durable et résiliente.

Nous nous sommes engagés à éliminer les MTN d'ici à 2030 en tant que problème de santé publique, nous sommes convaincus que pour y arriver il est important d'aborder une approche intégrée, visant l'engagement de tous les acteurs au niveau national. Cette stratégie nationale de plaidoyer va engendrer un regain d'activités pour une lutte plus efficace contre les MTN et renforcer la collaboration multisectorielle, déjà en cours.

Aichatou Djibo, Coordonnatrice du Programme National de Contrôle et d'Élimination des MTN

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