A l’occasion de la deuxième édition du Forum des LeadHERs d’Afrique, Speak Up Africa a organisé une série de webinaires dénommée « Les webinaires de l’égalité ». Organisées en marge de la journée internationale de la femme sur le thème « Le digital au services de l’égalité des genres », ces webinaires de l’égalité visent amplifier les voix des femmes de divers secteurs – des organisations à bases communautaires aux organisations sportives panafricaines et de la diaspora francophone - et souligner l’urgence de réduire les inégalités de genre partout dans le monde.

114 participantes et participants issus notamment du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la France et du Sénégal, ont pris part à ces rencontres virtuelles qui ont eu lieu les 14 et 28 mars. Elles ont réuni une dizaine d’intervenantes et intervenants issus de divers secteurs notamment la santé, la société civile et le sport. La première rencontre organisée avec les récipiendaires du Fonds Voix EssentiELLES s‘est tenue sur le thème " Les Voix EssentiELLES, toutes engagées pour un monde plus inclusif " tandis que la seconde a eu pour thème " Leadership, Mentorship et Diasporas : le pouvoir du sport pour atteindre l’égalité des genres ". 

Au cours de ces conversations en ligne, les intervenants et intervenantes ont mis en évidence la nécessité de combattre les inégalités qui empêchent les femmes d’accéder aux services numériques ainsi que les stéréotypes de genres qui persistent dans le milieu sportif. Parmi les panélistes du premier webinaire figurent la présidente de Femmes en Action (Côte d’Ivoire) Gbazalé Irad, la présidente de Femin-IN (Burkina Faso) Bénédicte Bailou, la chargée de Projets de JGEN (Sénégal) Oussama Sagna, la vice-présiente de l’instance de coordination du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au Sénégal Aissatou Lopy Mbaye Ndiaye. Ces intervenantes ont rappelé que les inégalités d’accès aux services numériques accentuent les inégalités de genres. Elles ont insisté sur la nécessité de combler le fossé numérique existant afin de garantir un accès équitable des femmes aux opportunités qu’offrent le digital.

" Le numérique est un des facteurs principaux de la libération de la femme. Il est un instrument de lutte qui permet de porter la voix de toutes les femmes sur les questions qui les concernent, dans l’espace publique. "

Aissatou Lopy Mbaye Ndiaye, Vice-Présidente de l’Instance de Coordination Nationale du Fonds Mondial au Sénégal.

Le second webinaire a été animé par plusieurs personnalités sportives parmi lesquelles l’ancienne basketteuse internationale Diandra Tchatchouang Djadjo, le basketteur international Axel Toupane, la présidente de l’association Ladies and Basketball Syra Sylla et la Responsable RSE à la Ligue Africaine de Basket-ball Marie-Laurence Archambault.

Dans de nombreuses communautés, les normes de genre, les représentations sociales et le manque d'équipements adéquats empêchent encore les filles d'accéder à certains types de sports dits " de garçons ". D'autre part, au niveau professionnel, les inégalités salariales, la sexualisation des femmes et l'invisibilisation de leurs performances sportives dans les médias accentuent les inégalités entre les hommes et les femmes. On estime, par exemple, que seulement 4% de la couverture médiatique du sport dans le monde est consacrée au sport féminin. 

" Il y a des injustices dans le sport, surtout au niveau de la pratique sportive féminin, qu’il faut endiguer en créant des initiatives portées non seulement par des femmes mais également par des hommes afin améliorer la représentativité des femmes dans ce domaine sur et hors du terrain. "

Axel Toupane, joueur professionnel de basket-ball

Des initiatives comme “Les Prochains Leaders” lancé par Axel Toupane permettent de faire face à ces défis. A travers l’entrepreneuriat et le sport, ce programme de leadership accompagne les jeunes filles issues de la diaspora africaine à développer et concrétiser leurs projets en France. 

Dans le même ordre d'idées, l'initiative " Take Your Shot", fondée par l'ancienne basketteuse Diandra Tchatchouang Djadjo, contribue à sensibiliser les jeunes filles des quartiers populaires de Paris à la pratique du sport et au dépassement de soi. 

" Il y a une carte à jouer au niveau du digital avec cette nouvelle génération qui est très connectée. Il est important que les sportives de haut niveau soient des porteuses d’initiatives afin d'impulser le changement de mentalité et d’inspirer les jeunes filles à travers le digital, que ce soit au niveau de la pratique sportive ou des métiers du sport. "

Diandra Tchatchouang Djadjo, ancienne internationale de basketball et fondatrice de l’initiative Take Your Shot.

Pour un monde plus juste et plus équitable, il est également urgent d’agir sur le narratif autour du sport féminin ainsi que la représentation des femmes dans le milieu sportif. 

" La représentation dans le sport est extrêmement importante, car les jeunes filles ne s’imaginent pas dans des carrières sportives qu’elles ne voient pas ou qui ne sont pas mises en avant. En ce sens, le digital permet de faciliter la connexion entre les modèles de femmes sportives et les jeunes filles mais aussi de créer nos propres médias et plateformes afin de changer le narratif sur les femmes dans le sport. "

Syra Sylla, Présidente de l’Association Ladies and BasketBall et Responsable de la communication chez Sport Impact

En définitive, le sport rassemble et le sport promeut des valeurs universelles qui concourent à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD). En ce sens, le sport se doit d’être un outil spécifique pour l’atteinte de l’ODD 5 qui vise à réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et jeunes filles.

Dans plusieurs pays, les inégalités de genre font encore peser sur les femmes et les filles des discriminations et violences liées aux normes sociales, culturelles, juridiques et économiques. Ces inégalités persistantes empêchent les femmes de disposer de leurs droits et de participer activement aux prises de décisions sur des aspects qui touchent leur vie. L’ONU Femmes estime même qu’il faudrait 300 ans pour combler les inégalités en matière de protection juridique ou de représentativité des femmes dans les sphères de pouvoir et de leadership.  

Heureusement, des organisations communautaires de femmes œuvrent à réduire cet écart en assurant que les femmes et les filles soient impliquées dans les processus de prise de décision qui les concernent. Grâce à l’initiative Voix Essentielles, ces organisations basées au Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d’Ivoire contribuent à amplifier les Voix des femmes et à améliorer l’accès aux services de santé pour toutes. 

Quelques-unes de leurs mobilisations valorisées par Moussonews...

Sope Sa Njabot : des héroïnes de la riposte communautaire contre la tuberculose

Au Sénégal, depuis 2006, l’association Sope Sa Njabot informe, sensibilise et conseille les populations sur tous les aspects de la lutte contre la tuberculose. Une approche communautaire qui porte ses fruits à Mbour grâce à l’appui de Speak up Africa à travers le programme Voix Essentielles.

Mbour, situé sur la Petite-Côte, à environ 80 km au sud de Dakar et limitrophe de la station balnéaire de Saly, Alimatou Sadiya Samb, relais communautaire de l’association Sope Sa Njabot, rend régulièrement visite aux habitants de son quartier afin de leur montrer comment se protéger contre la tuberculose. Cette volontaire communautaire intervient dans le cadre d’une campagne de prévention et de traitement de la tuberculose, même dans les zones les plus reculées de sa commune en cette période de pluie. (...) Alimatou Sadiya Samb prend à bras le corps sa mission.

" Il nous arrive de tomber sur des personnes affectées par un trouble mental ou sur des personnes vivant avec un handicap qui vivent avec la maladie sans assistance. C’est nous relais qui devenons leurs papas et leurs mamans. C’est nous qui assurons tout pour qu’ils guérissent puisqu’ils n’ont personne pour les aider. "

Alimatou Sadiya Samb, relais communautaire de l’association Sope Sa Njabot

Les Bajenu Gox de Thiès ont réussi à améliorer la santé de la mère et de l’enfant

De bons résultats en termes de mortalité infantile, néonatale et maternelle sont enregistrés par le Sénégal au cours de ces dernières années. Derrière ce succès se cache de grands efforts fournis par les Bajenu Gox. Nous sommes allées voir la recette des performances enregistrées par ces « marraines de quartier » de Thiès, récipiendaire du fonds Voix Essentielles.

C’est une matinée avec un vent frisquet après une petite pluie qui s’est abattue la veille sur la ville Thiès que les Bajenu Gox de Thiès, toutes de blanches vêtue, ont organisé une séance de causerie, l’une de leurs activités phares. Pendant ces moments, elles partagent, entre elles, leur savoir. Adja Fatou Badiane, une Bajenu Gox qui veut dire une « marraine de quartier » en wolof dirige l’association des Bajenu Gox de Thiès qui regroupe plus de 250 membres actifs. Adja Fatou Badiane revient sur les principaux axes d’intervention :

" on fait des plaidoyers pour intervenir sur trois axes pour réduire la mortalité maternelle. Il s’agit de la prise de décision tardive pour aller à l’hôpital. On sensibilise les femmes pour qu’elles n’attendent pas au dernier moment avant de se rendre dans une structure sanitaire. Le fait de se rendre tard à l’hôpital présente d’énormes risques. Dans un deuxième temps, on intervient également dans la prise en charge tardive à l’hôpital. Enfin, l’accès difficile de certaines structures de santé est notre 3e axe de plaidoyer. "

Adja Fatou Badiane, Bajenu Gox

Tuberculose : 200 lesbiennes sous les soins de ‘’ Cœur Valide’’ en Côte d’Ivoire

Des personnes souffrant de la tuberculose sont prises en charge et suivies gratuitement par l’association – Cœur Valide- dans la ville de San Pedro en Côte d’Ivoire,. Parmi elles, plus de 200 lesbiennes. Leur accompagnement est davantage facilité grâce au programme Voix Essentielle.

Être lesbienne et porter une maladie comme la tuberculose relève d’un parcours de combattant en Côte d’Ivoire. A San Pedro, l'association Cœur Valide- ne cesse de voler à leur secours. Christiane, 30 ans, doit sa survie à cette association. Commerçante et appartenant à cette minorité sexuelle, la jeune dame a souffert de la tuberculose pendant longtemps. Elle est aujourd’hui guérie grâce au programme de suivi de l’association. La gorge nouée et les yeux remplis de larmes, la jeune dame témoigne survivre grâce aux soins offerts par Cœur Valide.

" La maladie me rongeait à petit feu. J’en souffrais au quotidien. Mais lorsque j’ai découvert le projet de Cœur Valide, j’ai pu bénéficier des soins et ce,gratuitement. Je me sens beaucoup mieux. "

Christiane, Commerçante

Côte d’Ivoire : Fenac plaide pour la distribution de serviettes hygiéniques en milieu scolaire

La problématique de la gestion hygiénique des menstrues est une préoccupation dans plusieurs pays de l’Afrique. Les menstrues sont parfois une cause d’abandon scolaire des filles. En Côte d’Ivoire, l’association Femme en Action (Fenac) plaide pour la distribution de kits hygiéniques dans les établissements scolaires. Elle a mené plusieurs activités et campagnes de sensibilisation dans le cadre du programme Voix Essentielles.

L’adoption d’une politique de distribution de serviettes hygiéniques au profit des adolescentes dans les établissements scolaires en Côte d’Ivoire est désormais le combat de l’association – Femme en action-. Au quotidien et ce depuis l’accompagnement de Speak Up Africa avec le programme – Voix Essentielles - pour le projet - Top fille-, Nadège Epi Kouadou, coordinatrice dudit projet n’a pas de répit. Avec son équipe, elle sillonne des établissements de la ville d’Abgoville situé à 71 kilomètres d’Abidjan pour sensibiliser sur la gestion de l’hygiène des menstrues.


Bittou : l’association des veuves et des orphelins stoppe l’ampleur du paludisme et de la tuberculose

Le paludisme est la première cause de mortalité au Burkina Faso. Parmi ces milliers de morts évitables, plusieurs femmes et enfants. A Bittou, ville frontalière avec le Ghana et le Togo, l’Association des veuves et orphelins, est à l’avant-garde de la lutte contre cette endémie meurtrière grâce à l’appui du fonds Voix Essentielles.

Bien que la mère soit le garant du bien-être de l’enfant, du ménage, de la communauté, la décision de recourir aux soins de santé ne revient pas au chef de ménage. Cette inégalité de genre ralentit les multiples efforts en cours pour le contrôle et l’élimination du paludisme dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. L’Association des veuves et des orphelins résidents à Bittou (AVORB) à briser cette barrière sociale à travers son projet de plaidoyer sur la prévention du paludisme et de la tuberculose.

Durant six mois, la présidente de l’association Maïmouna Savadogo et ses animatrices ont conduit des sessions d’information à l’endroit des femmes sur les modes de prévention du paludisme et sur l’importance de leur prise de décision à recourir aux soins de santé. Les chefs de ménages sont également sensibilisés lors de ces causeries communautaires.


Santé sexuelle et reproductive : des vies sauvées par Gnintawoma

Aborder les questions de santé sexuelle dans la commune de Garango, ville située dans la région du Centre-Est du Burkina Faso pouvait être considéré comme une atteinte aux mœurs. Stratégiquement et avec une approche communautaire, dans le cadre du programme Voix Essentielles, l’association Gnintowama a su instaurer des échanges autour de la problématique de la santé sexuelle et reproductive. Des milliers de femmes et de jeunes filles de la localité sont aujourd’hui éclairées sur le sujet et prennent des décisions en toute indépendance.

Sabine (nom d’emprunt), 17 ans, doit sa vie à l’association Gnintawoma. La jeune fille a tenté d’avorter de façon clandestine. Les saignements n’avaient cessé au point que quelques unes de ses camarades s’inquiétaient de son état de santé. La causerie éducative initiée par l’association Gnintawoma dans leur établissement a sonné comme un ouf de soulagement. En effet, fin mai 2022, le lycée de Sabine dans la commune de Garango avait été choisi pour une sensibilisation sur les dangers de l’avortement, les drogues, mais aussi sur les méthodes contraceptives pour éviter les grossesses non désirées.

Du 6 au 10 décembre 2022, experts scientifiques et jeunes africains se réuniront à Dakar au Sénégal pour la5e édition du Forum Galien Afrique. A cette occasion, Speak Up Africa organise un panel ce mercredi 7 décembre sur le thème : " Les jeunes face aux défis de la couverture sanitaire universelle : de l'investissement à un accès équitable aux soins de santé ". Cette session permettra de souligner la contribution dans l'amélioration de l'accès équitable aux services de santé de qualité ainsi que dans les prises de décisions concernant leur santé et leur bien-être.

Un accès encore inéquitable aux soins

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), près de onze millions d'Africains sombrent dans la pauvreté chaque année à cause des dépenses de santé laissées à leur charge. Des millions d'autres n'ont pas accès aux services de santé dont ils ont besoin en raison de la faible couverture des services de santé. Les femmes, les enfants, les personnes en situation d'handicap ou autres groupes vulnérables sont les premières victimes des faiblesses des systèmes de santé. En dehors de la forte morbidité que ces difficultés d'accès aux soins entraînent, elles font perdre plus de 2400 milliards de dollars à l'Afrique chaque année [1].

Les jeunes, des acteurs incontournables

Pour inverser la tendance, les jeunes africains se mobilisent sur le continent à travers des innovations dans la santé digitale ou encore leurs engagements associatifs pour assurer un accès équitable aux services de santé dans leurs pays.

" Les jeunes ont leur mot à dire au sein des processus décisionnels en matière de santé. Si nous voulons construire un avenir durable et assurer des systèmes de santé inclusifs, leur participation est indispensable car ce sont eux les leaders de demain "

Aminata Badiane Thioye, responsable de communication et plaidoyer à l'Alliance Nationale des Jeunes pour la Santé de la Reproduction et la PF (ANJSRPF)

Miser sur le leadership féminin

Un paradoxe : les femmes sont en première ligne des soins de santé (70% des agents), mais elles n'occupent que 25% des postes de décision dans les systèmes de santé. Dans le domaine de la recherche et de l'innovation, les femmes ne représentent que 30% des chercheurs et innovateurs.

" Pour des soins de santé inclusifs, de qualité et adéquats, il est nécessaire de changer de paradigme en matière de politiques de recherche et d'innovation. Ce n'est qu'en misant sur le potentiel des femmes en matière de recherche et d'innovation que nous pourrons mieux cerner les besoins de santé spécifiques des femmes et y apporter des solutions innovantes ".

Marie Chantal Umunyana, PDG Umubyeyi Elevate, récipiendaire du programme Women Innovators Incubator

" Pour résoudre les problèmes de santé publique sur le continent africain, la participation de tout un chacun est essentielle. Notre objectif est d'offrir une plateforme aux leaders scientifiques africains et d'impliquer la jeunesse et les femmes, à travers nos programmes et initiatives afin d'améliorer la sécurité sanitaire et la couverture sanitaire universelle ".

Yacine Djibo, Fondatrice et directrice exécutive de Speak Up Africa.

[1] Stratégie pour des infrastructures sanitaires de qualité en Afrique 2021-2030, Banque Africaine de Développement (BAD) 

Dans le cadre de la campagne mondiale « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre », les organisations à base communautaire du Burkina Faso, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire se retrouvent à Abidjan pour partager leurs expériences et mettre en commun leurs voix pour en finir avec les violences basées sur le genre. La rencontre, impulsée par Speak Up Africa a lieu du 30 novembre au 1er décembre 2022, dans la capitale ivoirienne.

Des bénéficiaires du Fonds Voix EssentiELLESdu Burkina Faso, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire participent à la rencontre qui a pour thème « Les Voix EssentiELLES s’élèvent contre les violences basée sur le genre ». Au programme : une table ronde sur les défis régionaux de la lutte contre les violences basées sur le genre ainsi que des rencontres institutionnelles afin de sensibiliser les communautés et les décideurs politiques sur leur rôle dans l'élimination des violences à l’égard des femmes et des filles.

Nécessité d'une action urgente

 Selon un rapport d'ONU Femmes publié en septembre 2022, près de 65% des femmes dans le monde ont déclaré avoir subi des violences verbales, physiques ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. Au moins 6 femmes sur 10 estiment que le harcèlement sexuel en public s'est aggravé depuis Covid-19. Cette violence constitue non seulement un obstacle majeur à l'élimination du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose, mais a également un impact significatif sur l'économie mondiale. Sans action urgente, prévient le rapport d'ONU Femmes, il faudrait 300 ans pour combler le fossé en matière de protection juridique ou de représentation des femmes au pouvoir et aux postes de direction. 

" Des actions urgentes doivent être prises si nous voulons atteindre l’ODD 5 - réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles- qui est indispensable pour un développement durable. Car, il est impossible de créer une société juste et prospère lorsque les femmes et jeunes filles, maillons indispensables de nos communautés, continuent d’être victimes de violences et d’inégalités de tout genre. "

Abouma Sévérine Nebie, présidente de l’association pour l’Intégration Économique et Sociale des Femmes dans le développement (IES-Femmes) engagée dans l’initiative Voix EssentiELLES au Burkina Faso.

Des voix indispensables

" Aujourd’hui, il est crucial de renforcer la sensibilisation et l’engagement de toutes les parties prenantes pour l’élimination des inégalités et violences basées sur le genre. En cela, la rencontre des organisations de l’initiative Voix EssentiELLES à Abidjan est un véritable tremplin. "

Khady Cissé fondatrice de l’Organisation pour la Santé de l’Enfant de la Femme et de la Famille OSEFF engagée dans l’initiative Voix EssentiELLES en Côte d’Ivoire

Lancée par Speak Up Africa en 2021 en partenariat avec la fondation CHANEL et le Fonds mondial, l’initiative Voix EssentiELLES favorise la participation des organisations communautaires de femmes et de filles aux prises de décision et renforce leur capacité à influencer les politiques et programmes qui affectent leur santé.

" Que ce soit sur le plan sanitaire, économique ou social, des avancées énormes ont été réalisées chaque fois que les femmes et les jeunes filles ont la capacité d’exprimer leurs pleins potentiels. Il est donc primordial d’accompagner financièrement et techniquement les organisations de femmes qui œuvrent à renforcer le leadership féminin et à inverser la tendance actuelle des inégalités entre les genres. "

Fatimata Mamadou Lamine SY, Secrétaire exécutive de l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant (ASAFE) engaggée dans l’initiative Voix EssentiELLES au Sénégal
Par Fatimata SY, activiste et Secrétaire Générale de l’Association Sénégalaise pour l’Avenir de la Femme et de l’Enfant (ASAFE). Fatimata est bénéficiaire du fonds Voix Essentielles au Sénégal.

Sali n'avait que 9 ans lorsque je l'ai rencontrée lors d'une de mes tournées de sensibilisation dans le nord du Sénégal. Pourtant, son jeune corps avait déjà été marqué à vie par les mutilations génitales féminines. La colère et la tristesse que j'ai vues dans les yeux de la jeune fille m'ont rappelé l'essence de mon engagement, il y a 25 ans, contre les mutilations génitales féminines au Sénégal. 

Issue d’une famille d’exciseuses, mon combat pour préserver le corps et la dignité des femmes m’a toujours paru comme une évidence en dépit du rejet et des invectives qui en résultent. « Un combat d’une autre époque ! », me lance-t-on parfois, tant le développement rapide de notre continent ces dernières années peut laisser croire que ces pratiques n’existent plus. 

Pourtant, on estime que 50 millions de filles risquent d'être soumises à des mutilations génitales en Afrique d'ici 2030, selon l'UNICEF. Au Sénégal, près de 2 millions de filles et de jeunes femmes ont subi des mutilations génitales en 2019. La prévalence des mutilations génitales féminines chez les filles de moins de 15 ans est de 16%. 

Frein à la riposte au VIH

Si ces violences persistent encore, c’est surtout en raison des inégalités entre hommes et femmes dans nos communautés ainsi que des superstitions et valeurs patriarcales qui cristallisent les fantasmes autour du corps de la femme. En plus d’être une violation extrême de leur dignité et liberté, les mutilations génitales entravent la santé mentale et sexuelle des femmes. Selon l’ONUSIDA, ces violences augmentent la vulnérabilité des femmes vis-à-vis des infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH, qui touche deux à six fois plus les femmes que les hommes en Afrique subsaharienne.

L'utilisation du même instrument chirurgical sans stérilisation, ainsi que le risque accru de saignement lors des rapports sexuels, augmentent fortement le risque de VIH chez les victimes. Même la pratique médicalisée des mutilations génitales n'est pas sans risque.

Dans de nombreux cas, le traumatisme et autres conséquences psychologiques résultant de ces violences annihilent la confiance des jeunes filles et leur capacité à imposer l’utilisation du préservatif à leur partenaire. Le souvenir des douleurs intenses et la honte de leur corps désormais marqué à jamais les empêchent de recourir aux services de dépistage ou de soins pour les affections ou infections génitales les plus bénignes.

Autonomie corporelle

Pour une riposte efficace au VIH, il est urgent de redonner aux femmes et aux jeunes filles le contrôle de leur corps, de leur vie et de leur avenir. Comment accepter qu’aujourd’hui encore, 93% de femmes au Sénégal n’ont pas la liberté de prendre leurs propres décisions en matière de santé, de contraception ou simplement de choisir quand et comment avoir des rapports sexuels avec leur partenaire ? Tant que ces inégalités persisteront, que les mutilations génitales perdureront et que les femmes seront réduites au silence en ce qui concerne leur corps et leur sexualité, l’élimination du VIH restera hélas un vœu pieux… 

Des organisations telles que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme aident les femmes et les filles à faire valoir leurs droits en matière de santé sexuelle et procréative via des programmes d’autonomisation et d’accès à l'éducation, ainsi que des actions visant à éliminer les obstacles liés au genre qui freinent l’accès aux services de santé. Au Sénégal, des centaines de jeunes filles de 13 à 18 ans ont pu bénéficier d’un accompagnement en matière de santé sexuelle grâce à l’initiative « Voix Essentielles » lancée en juillet 2021 par Speak Up Africa et soutenue par le Fonds mondial. 

Ces adolescentes exposées à une sexualité précoce le plus souvent avec des personnes adultes, sont désormais plus fortes et mieux à même d’éviter les pratiques sexuelles à risque et de prendre en main leur santé. Ces programmes en faveur des femmes et des filles doivent être soutenus, étendus et renforcés par les gouvernements, les agences internationales, les entreprises et la société civile. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons lutter efficacement contre les violences basées sur le genre et espérer, enfin, en finir avec le sida...

Cet article a été initialement publié sur Jeune Afrique

Chaque 28 mai est consacré à la célébration de la journée mondiale de l'hygiène menstruelle. Cette journée nous concerne tous sans distinction de sexe, d'âge, de race, de situation géographique et de religion. Pourtant au Burkina Faso, parler des menstrues est toujours un sujet tabou. Cette difficulté à parler des menstrues en général et en particulier des comportements à adopter pour une bonne hygiène menstruelle freine l'avancée de nombreux efforts qui sont faits au quotidien pour l'égalité des genres.

La menstruation est un processus biologique naturel et normal qui témoigne d'une bonne santé reproductive de la femme. Elle ne doit pas être perçue comme un phénomène qui dégage une aura négative, de la peur, de la honte et de la gêne. C'est ainsi que cette journée mondiale de l'hygiène menstruelle se veut être une occasion de briser les tabous sur la menstruation, de sensibiliser et engager une conversation sur la thématique. Elle a pour but également d'interpeller les différents acteurs et décideurs clés sur la précarité menstruelle. 

Parmi les Objectifs du Développement Durable (ODD), l'ODD 6 " Eau propre et assainissement " vise à assurer la disponibilité et la gestion durable de l'eau potable et de l'assainissement, et un des buts précis implique de donner accès aux femmes et aux filles à des installations sanitaires et à des mesures d'hygiène adéquates d'ici 2030. Il est donc indispensable d'aligner la thématique de l'hygiène menstruelle comme une priorité de santé publique. 

Pour dynamiser la célébration de la journée mondiale de l'hygiène menstruelle et apporter notre contribution dans la lutte, nous organisons sans cesse des évènements. En guise d'exemples, nous pouvons citer les campagnes digitales, les causeries éducatives, les formations sur la confection des serviettes hygiéniques réutilisables, des plaidoyers, des activités de mobilisation de ressource personnelles pour doter des serviettes hygiéniques réutilisables aux jeunes filles et femmes vulnérables. 

Toutes ces actions traduisent notre vision : " celle de créer un monde dans lequel toutes les jeunes filles et femmes sont épanouies ". Aussi ces actions ont pour but de :

Le 24 mai de cette année, nous avons lancé une campagne digitale sur nos réseaux de communication. Aussi, le samedi 28 mai, nous avons tenu une discussion sur les menstrues de façon générale et les mythes autours de la thématique. Cette discussion a réuni plus d'une vingtaine de nos membres et prendra fin par une séance aérobic pour dénoncer les nombreuses difficultés auxquelles les jeunes filles et femmes sont confrontées pendant leurs menstruations.

Ne restez pas en marge, nous devons toutes et tous briser les tabous autour de la santé et de la gestion de l'hygiène menstruelle, alors engagez-vous également à nos côtés !


Par Farida Tiemtore, Présidente des Héroïnes du Faso et récipiendaire du Fonds Voix Essentielles. 

À Dakar, au Sénégal, l’organisation à but non lucratif Speak Up Africa rassemble partenaires pour célébrer les multiples actrices et acteurs du développement et célébrer la journée mondiale de l’Afrique.

Presqu’un an après le lancement de la campagne des LeadHERs d’Afrique (African LeadHERs en anglais), qui vise à promouvoir et amplifier les voix et actions de femmes africaines, provenant de tous les secteurs de la société, qui œuvrent au quotidien pour l’égalité femme-homme, et l’organisation du tout premier Forum des LeadHERs d’Afrique, en mars 2022, Speak Up Africa lance son podcast des LeadHERs d’Afrique en collaboration avec Entre-Elles, une plateforme d’expression et de partage créée par Tombany Kouloufoua.  

" C’est une immense fierté pour le podcast Entre-Elles de collaborer avec Speak Up Africa dans le cadre du lancement de la série de podcasts des LeadHers d’Afrique. L’amplification de la voix des femmes du monde est au coeur de la mission d’Entre-Elles et nous nous réjouissons de pouvoir célébrer Africa Day aux côtés des LeadHers africaines d’aujourd’hui et de demain. "

Tombany Kouloufoua, fondatrice d'Entre-Elles

Les six premiers épisodes du podcast mettront en avant les profils et actions des participantes de l’initiative Voix EssentiELLES et qui vise à soutenir les femmes et les jeunes filles, dans toute leur diversité, en favorisant un engagement significatif dans les espaces et les processus de prise de décision qui influe sur les politiques et les programmes de santé. À l’occasion du lancement du podcast, la slameuse Sénégalaise Samira Fall s’est emparée du sujet et a développé un récital audio sur l’importance des voix féminines dans l’espace public. Ce texte fait écho au manifesto du Forum des LeadHERs D’Afrique auquel Ysaora Thibus, escrimeuse et médaillée olympique française, Diandra Tchouatchang, basketteuse et médaillée olympique française et Badgyalcassie, chorégraphe et influenceuse ont contribuées.

" Le Forum des LeadHERs d’Afrique est une très belle plateforme qui nous permet, à nous athlètes de haut niveau, de partager nos expériences avec un accent sur la transmission et le tout dans un esprit de sororité. J’y ai fait de très belles rencontres, à l’image des récipiendaires de l’initiative Voix essentiELLES, qui m’ont énormément inspirée. Ces discussions m’ont changé et je suis persuadée qu’en nous réappropriant le narratif, nous pourrons briser les préjugés. "

Yasora Thibus dans son interview lors du Forum

Ce 25 mai, Speak Up Africa a également remis à l’Union sportive de Ouakam un chèque d’un million de FCFA, émanent des Fonds attribués à l’organisation lors de la cérémonie des Sport Impact Award, toute première organisée par Sport Impact. En mars 2022, Speak Up Africa a reçu le Prix du Jury pour l'impact de l'activité organisée en janvier 2021 lors de la célébration de la Journée mondiale des maladies tropicales négligées (MTN). Ce jour-là, Speak Up Africa, en collaboration avec l'agence Yard, le ministère de la Santé et de l'Action sociale et les principaux partenaires de la lutte contre MTN, a organisé la réalisation d'une fresque participative sur le terrain de l'US Ouakam, au pied du monument de la Renaissance, ainsi que la réalisation des portraits de Sadio Mané, Omar Sy, Issa Rae et Tacko Fall. L'activation a généré plus de 10 millions d'impressions sur les réseaux sociaux grâce à l'engagement des influenceurs Observateur et Fatou Guinée et à la viralité du contenu. 

" Nous avons été ravies de recevoir le Prix du Jury de la part de Sport en commun, qui magnifie le travail de Speak Up Africa dans le domaine du sport et de l’influence, et nous sommes aujourd’hui enchantées de continuer notre collaboration avec l’US Ouakam pour leur permettre de solidifier leurs activités et de créer un environnement attractif pour le sport féminin dans les communautés. Le Sommet de Kigali sur les MTN et le paludisme se déroulera le mois prochain au Rwanda et c’est important pour nous de continuer notre action de plaidoyer à travers cette fresque pour que toutes et tous, continuent de dire Non aux MTN ! "

Yacine Djibo, Directrice exécutive de Speak Up Africa

Cette journée a également permis à Speak Up Africa, en amont de la Journée mondiale de la santé et de l’hygiène menstruelle marquée chaque 28 mai, de remettre à son partenaire de longue date, Special Olympics Sénégal, un lot de 1200 serviettes hygiénique, destinées aux athlètes, vivant avec une déficience intellectuelle, de se protéger au mieux chaque mois, pendant leur cycle menstruel. 

" Je tiens à remercier Speak Up Africa pour son soutien de nos athlètes féminines à travers cette remise de serviettes hygiéniques. Les menstruations sont une réalité naturelle toutefois les jeunes filles et femmes ayant une déficience intellectuelle ont souvent plus de mal à gérer leurs menstrues avec dignité, et le premier obstacle est l’accès aux outils de gestion. Ces serviettes hygiéniques permettront à nos athlètes de mieux gérer leur menstrues et seront ainsi à même de vivre leur vie plus décemment. "

Rajah Sy, Directrice de Special Olympics Sénégal
Depuis le 6 avril 2022, la ville de Marseille accueille la 11ème édition de la Conférence AFRAVIH, ou Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH et les infections virales chroniques ou émergentes. Créée en 2009, l’AFRAVIH a pour ambition de rassembler les acteurs professionnels de santé des différentes communautés engagées contre le VIH dans les pays francophones.

Depuis Ouagadougou et Abidjan, Farida Sonia Tiemtore et Pélagie Akoua Kouame ont rejoint la conférence pour mettre en avant l’initiative pilote Voix EssentiELLES, mise en œuvre par Speak Up Africa, une organisation à but non lucratif de communication stratégique et de plaidoyer basée à Dakar au Sénégal, et co-financée par le Fonds mondial et la Fondation CHANEL. 

" Nous sommes ravies de rencontrer aujourd’hui les héroïnes qui œuvrent au quotidien et dans leurs communautés respectives pour l’égalité des genres et plus spécifiquement la lutte contre le VIH/Sida et les violences basées sur le genre. Leurs témoignages et leurs voix sont essentielles pour faire avancer nos objectifs communs et renforcer les capacités des organisations dirigées par des femmes et des filles. "

Françoise Vanni, Responsable des relations extérieures et de la communication du Fonds mondial.

Voix Essentielles vise à soutenir les femmes et les filles, dans toute leur diversité, en les faisant participer de manière significative aux processus et espaces de décision qui influencent les politiques et programmes de santé au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Sénégal. Grâce à ce projet pilote, Speak Up Africa et ses partenaires visent à relever quatre défis principaux, à savoir

  1. la participation politique et représentation limitées des femmes et des filles dans les espaces décisionnels des politiques et programmes qui attraient à leur santé,
  2. les pratiques socioculturelles néfastes profondément enracinées, y compris diverses formes de violence,
  3. les ressources insuffisantes et indirectes dédiées aux organisations communautaires dirigées par des femmes et enfin
  4. la capacité limitée des petites organisations de base à s'engager dans le plaidoyer.

" Voix EssentiELLES nous permet d’exercer un véritable plaidoyer, à notre échelle et dans nos communautés, surtout à l’endroit des femmes et des jeunes, qui sont pour moi les piliers de notre développement. Nous pouvons éliminer le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme, mais pour cela nous avons besoin d’une solidarité collective dont l’écho raisonnerai au-delà des frontières. Du Burkina à Abidjan en passant par Dakar, nous luttons pour ce qui compte, et nous souhaitons vivement une mise à l’échelle de ce projet dans toute la sous-région. "

Farida Sonia Tiemtore, Fondatrice et Présidente des Héroïnes du Faso.

Parce que la voix, la prise de décision et le leadership sont considérés comme des facteurs importants de l’autonomisation des femmes, l’association des Héroïnes du Faso œuvre pour le bien être des femmes au pays des hommes (et femmes) intègres. Elle a pour but de faire la promotion du respect des droits de la santé sexuelle et reproductive des femmes, l’engagement social, l’éducation et l’autonomisation des femmes. À travers l’initiative pilote Voix EssentiELLES, à laquelle elle participe, un fonds catalytique de 170 millions CFA a ainsi été créé pour soutenir des organisations de femmes et de filles sélectionnées avec des objectifs réalisables et limités dans le temps. 

" Nous avons des objectifs de développement durable communs, objectifs pour lesquels nous œuvrons tous sans relâche en matière de santé mondiale. Pour les atteindre, il nous faut également penser et soutenir les objectifs des femmes et des filles à l’échelle communautaire. Les écouter, les soutenir et les financer, car leurs solutions et leurs actions doivent constituer notre ligne directrice pour l’élaboration de nos stratégies et plans d’actions. "

Stéphanie Seydoux, Ambassadrice pour la Santé mondiale de la France. 

En septembre prochain, le Fonds mondial organisera la 7ème Conférence de reconstitution de ses ressources où au moins 18 milliards de dollars seront nécessaires pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et également renforcer les systèmes de santé. Depuis sa création, le Fonds mondial a investi plus de 53 milliards de dollars US, sauvé 44 millions de vies et abaissé le taux de mortalité combiné des trois maladies de plus de la moitié dans les pays où il investit. En 2022, nous avons besoin d’un nouvel élan de solidarité et de leadership à l’échelle mondiale.

" Les financements alloués par le Fonds mondial sont cruciaux pour le bien-être de nos communautés. Les intrants et les médicaments qui nous permettent de lutter contre le VIH/Sida au jour le jour, sauvent des vies. En plus de ces intrants, nous avons besoin de soutien pour mener nos activités au quotidien auprès des femmes et des travailleuses du sexe. Voix EssentiELLES est une initiative qui nous finance directement et nous aide à mener à bien nos activités, les financements de l’initiative sont donc plus qu’essentiels pour nous et nos bénéficiaires. "

Pélagie Akoua Kouame, Fondatrice et Directrice de COVIE en Côte d’Ivoire.

En définitive, la santé communautaire est critique pour atteindre l’égalité des genres et mettre fin aux violences basées sur le genre. Pour se faire, des partenariats publics-privés innovants sont plus que nécessaires afin de donner la parole, la place et les outils nécessaires aux organisations qui œuvrent au quotidien auprès et en faveur des personnes les plus vulnérables dans nos sociétés, les femmes et les filles dans toute leur diversité. Nous devons changer le narratif, changer le paradigme et changer les comportements mais surtout, lutter pour ce qui compte.

Marseille, 7 avril 2022

Pour la première fois, le Forum mondial de l'eau se tient en Afrique subsaharienne, à Dakar, au Sénégal. Il s'agit d'un rappel opportun mais brutal de la façon dont le monde est en train d’accuser du retard par rapport à son engagement à atteindre l'accès universel à un assainissement sûr d'ici 2030.

La Banque mondiale estime que 2,4 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à un assainissement adéquat. Parmi elles, 760 millions vivent en Afrique subsaharienne. Plus de 200 millions de personnes sur le continent pratiquent encore la défécation à l'air libre. Alors que les chiffres augmentent dans certains pays, les prestataires de services ne parviennent pas à suivre le rythme de la croissance démographique. En conséquence, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte deux millions de décès par an, chez les enfants de moins de cinq ans. 

L'accès à un assainissement géré en toute sécurité est crucial pour les femmes et les filles, ainsi que pour les personnes vivant dans des situations vulnérables. Le manque de gestion de l'assainissement entraîne le déversement de boues fécales dans les milieux de vie, provoquant des maladies endémiques évitables et traitables telles que les maladies tropicales négligées, le paludisme, etc. Qualifié de "Forum des réponses", ce 9ème Forum mondial de l'eau est l'occasion pour l'Afrique de présenter ses solutions et ses réponses ; et pour la première fois, l'assainissement est considéré comme une priorité. Le Sénégal étant considéré comme un leader dans le secteur de l'assainissement, tant au niveau régional qu'international, des plateformes sont créées pour que la communauté propose des solutions durables.

La priorité accordée à l'assainissement a conduit à la création du Village de l'assainissement, une innovation majeure dans l’organisation des Forums mondiaux de l'eau. Pour la première fois dans l'histoire, l'assainissement dispose d'un espace dédié. Ce village de 24 stands et exposants a vu la signature d'un accord de partenariat entre le gouvernement du Sénégal et la Fondation Bill et Melinda Gates le premier jour du Forum en présence de M. Serigne Mbaye Thiam, ministre de l'eau et de l'assainissement du Sénégal.

Dans l'espace " Boues d'Or "du village, l'artiste plasticienne Caroline Gueye a peint tout au long de la journée un triptyque intitulé "Boues d'Or et Bouts d'Arbre", tandis qu'à l'entrée du village, nous exposions des photos du talentueux photographe sénégalais Laye Pro, mettant en valeur toute la chaîne de valeur du secteur.

Le Village vise à renforcer le plaidoyer et les actions pour la mise en œuvre de réponses tangibles pour accélérer l'accès universel à un assainissement géré en toute sécurité. En outre, il s'agit d'un espace permettant aux parties prenantes d'appeler à des actions plus fortes en vue de la réalisation des engagements régionaux et de l’objectif de développement durable 6.2. Partie intégrante de la grande exposition du 9ème Forum, le Village est une plateforme de plaidoyer, de sensibilisation, d'échange et d'apprentissage sur l'assainissement et l'hygiène, de promotion des innovations en cours dans le domaine de l'assainissement, et de mobilisation des acteurs pour l'appel à l'action.

Chez Speak Up Africa, nous pensons que les nations africaines doivent développer les solutions nécessaires pour relever les défis de la santé en Afrique. Il est donc naturel pour nous de nous concentrer sur la sensibilisation, la priorisation et l'engagement pour améliorer l'accès à un assainissement adéquat et équitable pour tous en Afrique. Grâce à des plateformes telles que le Forum mondial de l'eau et le Village de l'assainissement, Speak Up Africa convie ses partenaires, du secteur privé à la société civile, en passant par les décideurs et les médias, à des discussions multipartites afin de mettre en avant l'assainissement. Au total, onze sessions et événements parallèles ont été organisés dans le Village, avec plus de 700 participants.

En marge du Forum mondial de l'eau, le ministre de l'eau et de l'assainissement du Sénégal, M. Serigne Mbaye Thiam, a officiellement lancé et soutenu la campagne "Boues d'or" de Speak Up Africa. Une campagne visant à renforcer la sensibilisation, la priorisation et l'engagement politique par la mise en œuvre de politiques d'assainissement équitables et inclusives. Cette campagne permettra à Speak Up Africa de soutenir les pays africains pour relever ces défis et créer un environnement propice à un assainissement géré en toute sécurité en Afrique.

A moins de huit ans de la réalisation des Objectifs de Développement Durable, nous sommes convaincus qu'à travers des initiatives telles que le Village de l'Assainissement, il est possible d'identifier les meilleures solutions et les plus adaptées au contexte et aux réalités africaines. 

En outre, il s'agit également d'un facteur déterminant pour la production alimentaire durable, le développement industriel et l'urbanisation. Mais des questions cruciales demeurent. Comment récupérer les ressources à partir des déchets ? Quel est le rôle de chaque acteur le long de la chaîne de valeur de l'assainissement ? Comment mettre en place des dispositifs adaptés au contexte pour l'élimination et le traitement des boues et des déchets solides ? Et surtout, comment encourager davantage de femmes à prendre en charge et à contribuer aux solutions des problèmes d'assainissement en Afrique ?

Le 9ème Forum mondial de l'eau offre une plateforme pour répondre à toutes ces questions, alors que nous continuons à repenser notre approche des différents défis qui se présentent à nous, les meilleures pratiques et les initiatives dans nos différents contextes.

Par Yacine Djibo, directrice exécutive, Speak Up Africa

En prélude au 9ème Forum mondial de l'eau, des femmes du secteur ont organisé le 20 mars 2022 un dialogue sur les défis de l'assainissement et la place qu'elles occupent dans les entreprises. Une occasion pour certaines de partager leur parcours.

Le dialogue des femmes dans le secteur de l'eau et de l'assainissement tenu hier montre le leadership féminin dans cette rencontre internationale. Cet échange en prélude du 9e Forum mondial de l'eau a permis à beaucoup de femmes de partager leur vécu. C'est le cas de la Directrice Générale de la Sen Eau. Pour Mme Janny Arnal l'eau se voit au féminin. 

" Avant de commencer ma carrière, je voyais que tout le monde était géré par les hommes. Ils occupaient tous les grands postes. Mais si c'est un poste voulu par une femme, il faut prouver ", défend- t-elle. Poursuivant son témoignage elle souligne qu'à un moment donné elle est allée voir le Directeur pour un poste dans les opérations. " Il me dit une femme opératrice. Donc il fallait prouver, montrer au plombier que je suis capable de faire une prise en charge. En plus de cela je dois assurer tout le monde que je n'avais pas besoin de montrer. C'est ça les femmes il faut osez. Il ne faut pas se résigner. Il faut montrer qu'on est bien capable de le faire ", explique Mme Arnal. 

Avant de conseiller aux femmes d'aller toujours chercher le meilleur. Selon elle, les femmes se remettent toujours en question à cause de leur humilité.

" L'humilité de la femme fait qu'on se pose des questions si l'on est capable. Oui on est capable. Et vous faites la richesse des entreprises dans tous les pays du monde. On a quelque chose en force c'est le cœur. Quand on fait avec le cœur on fait les choses plus que les hommes. Alors osez chères femmes osez ". 

Mme Arnal

Ce dialogue inscrit sous le thème : " Soutenir la croissance et promouvoir la visibilité des femmes professionnelles : la clé du succès du secteur Eau, Assainissement ", vise selon Cheikh Tidjane Fall, représentant du Secrétaire exécutif dudit Forum à renforcer les capacités des femmes professionnelles et à les positionner au cœur des actions pour améliorer l'accès à l'eau et à l'assainissement. C'est aussi une illustration de plus pour les organisations de femmes.

" Les femmes sont très engagées pour la réussite du forum qui s'organise à Dakar au nom de toute l'Afrique. Il est impossible de parler de développent socio-économique de santé de paix et de sécurité sans l'implication des femmes et des filles du monde entier. Elles ont un rôle important aux côtés des autres acteurs de la société pour contribuer à la construction d'un monde ".

M. Automne

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